Weekly Update - La BCE prend (enfin) la pause
La Banque Centrale Européenne a annoncé une première pause après un long cycle de dix hausses de taux directeurs, de 450 points de base en 14 mois. Le repli de l’inflation ainsi que le ralentissement marqué de l’activité de crédit expliquent cette décision. Le contexte d’incertitudes sur les marchés conforte certainement l’institution dans ce choix déjà largement pré-anticipé. Néanmoins, la présidente l’institution monétaire, Christine Lagarde, a souligné qu’une discussion sur une éventuelle baisse de taux était prématurée.
Un contexte de marchés financiers agités. La BCE s’est en effet réunie cette semaine alors que les marchés financiers continuent d’être nerveux. Les tensions sur les taux d’intérêt américains se poursuivent, expliquées à la fois par une activité économique toujours forte aux Etats-Unis mais aussi par des craintes de tensions sur le financement du déficit public américain. Les taux à 10 ans américains ont ainsi progressé d’environ 100 points de base depuis début juillet. Par contagion, et malgré une économie beaucoup moins résistante, les taux d’intérêt de long terme de la zone euro ont aussi subi un mouvement haussier, progressant de près de 50 points de base depuis juillet. En parallèle, le contexte géopolitique ajoute de la tension aux marchés, même si à ce stade aucun mouvement de défiance marquée ne peut être spécifiquement identifié.
Le canal de transmission de la politique monétaire par le crédit fonctionne très bien. Des données portant sur l’activité de crédit en zone euro ont été publiées dans les jours précédant la réunion de la banque centrale. Elles montrent que le crédit aux entreprises ainsi qu’aux ménages continue de nettement ralentir en septembre. Par ailleurs, l’enquête auprès des banques commerciales de la zone euro indique que les conditions de crédit continuent de se resserrer au troisième trimestre, tandis que la demande ne cesse de se détériorer. Ces informations confortent la BCE que le resserrement récent des taux apparaît suffisant pour freiner l’activité de crédit, qui reste le canal principal de transmission de la politique monétaire sur l’activité économique et donc sur l’inflation.
Une BCE qui fait le choix du statu quo. La Banque Centrale Européenne a fait le choix de conserver stables ses taux d’intérêt directeurs, mettant ainsi fin à une succession de dix hausses de ses taux depuis juillet 2022. Ainsi, le taux de dépôt reste à 4% et le taux de refinancement à 4,50%, après un mouvement d’ampleur de 450 points de base depuis juillet 2022. Cependant, la présidente de la BCE a signalé que pause ne voulait pas forcément dire qu’une nouvelle hausse de taux était exclue – les données à venir seront à ce titre déterminantes. Ceci dit, Mme Lagarde a aussi souligné que non seulement une baisse de taux mais même une discussion sur une baisse était prématurée. Les taux devraient donc rester élevés pour longtemps, l’inflation apparaissant toujours trop élevée.
Des outils pour lutter contre la fragmentation. En parallèle, la BCE continue de réduire son bilan à la vitesse annoncée : aucune nouvelle annonce ni même discussion n’a eu lieu sur les réinvestissements des titres achetés dans le cadre de son programme PEPP lancé pendant la pandémie. La présidente de la BCE a rappelé que la BCE disposait d’outils pour lutter contre la fragmentation (c’est-à-dire un élargissement des écarts des taux souverains trop important) dont en premier ressort la flexibilité qui existe dans le programme PEPP.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les chiffres de la croissance américaine du T3 2023 ainsi que les résultats des entreprises américaines et européennes du troisième trimestre.
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