Weekly Update - En verdissant sa politique monétaire, la BCE donne un cap aux investisseurs
La BCE a clairement pris un virage vert dans sa politique monétaire. Si l’impact direct pour les marchés devrait rester limité, le partage de critères et d’indicateurs climat pourrait donner un cadre structurant pour l’ensemble des investisseurs.
La BCE se démarque par l’intégration des enjeux climatiques dans sa politique monétaire. Les principales banques centrales étudient de près le sujet climat depuis plusieurs années. Elles analysent notamment les risques qu’il peut représenter pour la stabilité financière. La Banque d’Angleterre a d’ailleurs été précurseur en alertant sur les différentes typologies de risques pour les acteurs financiers (risque physique, risque de transition et risque juridique, (1)). Elles analysent aussi les impacts potentiels du réchauffement climatique ou de la transition énergétique sur l’inflation. Depuis quelques mois, la BCE est allée un cran plus loin en intégrant des critères climat dans son cadre de politique monétaire. Elle va ainsi progressivement décarboner ses avoirs en obligations d’entreprises acquis par sa politique de Quantitative Easing. Et à partir de 2024, la BCE pourrait aussi intégrer des critères climat pour les titres qu’elle accepte en collatéral dans le cadre des opérations de refinancement qu’elle mène pour les banques.
Un trade-off pas simple à résoudre entre lutte contre l’inflation et politique climat. La volonté de la BCE d’agir positivement sur la transition climat n’est pas simple à mettre en application dans le contexte actuel d’inflation toujours élevée. En effet, pour répondre aux tensions sur les prix, la BCE remonte significativement ses taux directeurs, ce qui rend mécaniquement plus coûteux les besoins de financements importants nécessaires pour la transition énergétique. Pour éviter d’avoir à mener des objectifs à première vue difficilement réconciliables, la Réserve fédérale a d’ailleurs récemment affirmé ne pas vouloir intégrer de critères climat dans son cadre de politique monétaire, ce sujet devant rester prioritairement du ressort des Etats et non des Banques Centrales. De son côté, la BCE confirme bien que sa mission première reste la lutte contre l’inflation et que ses engagements sur le climat sont pertinents aussi pour limiter les risques d’instabilité des prix dans le cas d’une transition énergétique désordonnée.
La BCE pourra servir de repère pour l’ensemble des acteurs de marchés. Dorénavant, dans sa politique de rachats mensuels, la BCE intégrera progressivement des critères de trois ordres dans sa sélection d’obligations d’entreprises : le niveau d’émissions de carbone, les objectifs de réduction des émissions et un critère transparence de la société sur sa politique climat. Si la BCE détient des montants très significatifs de dette publique, ses avoirs en obligations privées restent plutôt limités (cf. graphique 1). Ils devraient en outre être progressivement réduits, en cohérence avec la décision de politique monétaire de réduire la taille de son bilan. L’impact direct de l’évolution de la politique de la BCE devrait ainsi rester limité. Pour autant, les orientations prisent par la BCE permettront d’apporter une référence dans un marché en plein essor (cf. graphique 2).
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer la prise de parole de Jerome Powell ainsi qu'un focus sur le déficit commercial français.
Lire l'intégralité de l'article