Weekly Update - Y sommes-nous déjà ?
Les banques centrales ont été les premières à réagir, observant un durcissement rapide des conditions de financement sous l’effet de l’élargissement des écarts de rendement et de la baisse des marchés actions. La Réserve fédérale américaine (Fed) a abaissé la limite inférieure de sa fourchette cible pour les taux à zéro, la Banque d’Angleterre (BoE) a réduit son taux directeur à son plus bas niveau depuis sa création en 1694, tandis que la Banque populaire de Chine (PBoC) a réduit les taux de réserves obligatoires (qui limitent la capacité de prêt) pour les banques au service des petites et moyennes entreprises.
Et l’appétit des banques centrales pour les achats d’actifs a été aiguisé. La Banque centrale européenne a lancé un plan d’urgence portant le montant total de ses projets d’achat au-dessus de 1 000 Md€ cette année et a renoncé à certaines limites d’exposition ; la Fed a également supprimé les limites sur ses achats, faisant grimper le montant total de ses avoirs de 4 200 Md$ fin février à 5 800 Md$ le 1er avril, soit une hausse de 40% en seulement cinq semaines ; et la BoE a renforcé son propre programme de 45%.
Le soutien apporté par les gouvernements s’est présenté sous différentes formes, mais la plupart des programmes se focalisent sur les garanties de prêts et le soutien direct aux entreprises, certains proposant même des paiements en espèces aux particuliers. Dans la zone euro, les programmes ont atteint 2 021 Md€ jusqu’à présent (environ 17% du PIB agrégé), tandis que nous attendons un soutien coordonné de l’Union européenne pour les pays les plus affectés. Le dernier plan américain a atteint 2 200 Md$ (environ 10% du PIB) et le Président Trump a déjà appelé de ses voeux un plan d’investissement distinct dans les infrastructures de 2 000 Md$.
Ces mesures sont conçues pour parer à la situation d’urgence actuelle (les banques centrales devraient entretenir les flux de liquidités sur les marchés financiers, et les gouvernements devraient s’assurer que les entreprises et les particuliers peuvent faire face à l’inactivité forcée et à l’absence de revenus), mais le Président Trump a raison d’affirmer qu’il faudra des mesures supplémentaires pour sortir les économies de cette récession.
Déjà, les mesures d’endiguement pèsent lourdement sur les marchés du travail. Ces deux dernières semaines, les Etats-Unis ont enregistré 10 millions de nouvelles demandes de prestation d’assurance-chômage (le précédent record hebdomadaire en 1982 n’était que de 695 000), un chiffre à comparer à une masse salariale totale à fin février de 152,5 millions de travailleurs. En Espagne, le nombre total des travailleurs qui se sont inscrits au chômage en mars a atteint 302 300 (les prévisions du consensus tablaient sur 30 000), faisant grimper de près de 10% le nombre total des travailleurs sans emploi en Espagne pratiquement du jour au lendemain.
Par ailleurs, les chiffres finaux des indices de confiance des directeurs d’achat (les indices PMI) ont été publiés aujourd’hui pour le mois de mars. L’indice composite pour la zone euro (couvrant le secteur manufacturier et les services) a atteint 29,7, bien en deçà du niveau de 50,0 qui marque la frontière entre expansion et contraction économique. En Italie, l’indice PMI composite a chuté à 20,2, après 50,7 en février, sans aucun doute le plus bas niveau atteint dans un pays dans l’histoire de ces indices.
Conclusion. Les économies américaine et européenne sont entrées dans ce qui est probablement l’une des plus fortes récessions de l’histoire, incitant les gouvernements et les banques centrales à prendre des mesures d’assouplissement inédites. L’évolution récente du nombre de nouveaux cas confirmés de CoViD-19 en Italie et en Espagne a laissé espérer que le pire de l’épidémie est peut-être derrière nous, mais les économies sont encore confrontées à plusieurs semaines de confinement et de quarantaine. La reprise après la levée des restrictions sera vraisemblablement progressive (comme c’est le cas en Chine où l’activité n’est encore qu’à 80-85% environ des niveaux de l’année dernière). De nouvelles mesures d’assouplissement fiscal et budgétaire pourraient ainsi être nécessaires. Avec une nouvelle dégradation attendue des indicateurs économiques, nous continuons de suggérer une position
défensive dans les allocations de portefeuille.