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Weekly Update - Virage dans la normalisation monétaire
Une Fed un peu plus « hawkish » que le consensus, une BCE qui suit le script
La semaine a été marquée par les décisions de politique monétaire des principales banques centrales. Côté américain, la Réserve fédérale a décidé d’accélérer le rythme de baisse de son programme d’achats d’actifs, de 15 milliards par mois à 30 milliards par mois, ce qui amène à un arrêt des achats au mois de mars. Par ailleurs, l’autorité monétaire américaine a revu à la hausse ses projections de croissance pour 2022 de 3,8% à 4%, sa projection d’inflation sous-jacente de 2,3% à 2,7% et prévoit désormais 3 hausses de taux de court terme pour atteindre à moyen terme un niveau de 2%.Côté européen, comme attendu, la BCE a annoncé une diminution des achats nets dans le cadre de son Programme lié à la Pandémie (PEPP) jusqu’à un arrêt en mars 2022. Pour accompagner la réduction de ce programme, elle a annoncé (i) que le réinvestissement (des actifs arrivant à maturité) du PEPP irait jusqu’à 2024 et surtout que (ii) son autre programme antérieur à la crise COVID (l’APP) serait relevé de 40 mds EUR par mois au T2-22 et de 30 mds EUR au T3-22 pour éviter une baisse abrupte des achats nets en avril. Enfin, la Banque d’Angleterre a surpris les marchés en augmentant cette fois-ci son taux directeur de 0,15% à 0,25%.
Une BCE qui se donne le luxe de rester un peu plus patiente
Lors de sa conférence de presse, Jerome Powell a justifié l’accélération du resserrement monétaire par le fait que les objectifs de moyens termes seraient remplis, à savoir le plein emploi et une inflation vers 2%. En effet, malgré un taux de participation qui reste en dessous de son niveau d’avant crise, M. Powell a affirmé que l’économie est proche de son niveau d’emploi maximum en raison des départs à la retraite anticipés d’une partie significative de la population et de la reprise dynamique de l’emploi parmi les 25-54 ans. Sur l’inflation, M. Powell a cité le risque qu’une inflation élevée persistante déstabiliserait les anticipations d’inflation. De son côté, Christine Lagarde a insisté sur l’aspect très graduel de la normalisation de la politique monétaire. Dans les projections d’inflation de la BCE, les prix de l’énergie continuent à être le principal contributeur à l’inflation. Mme Lagarde souligne en outre que l’on ne constate pas de tensions salariales jusqu’à présent. Enfin, la hausse de l’enveloppe du programme APP a été couplée avec une extension sine die du programme.
Des marchés financiers qui questionnent l’aspect transitoire de l’inflation
Les marchés d’actions en Europe et aux Etats-Unis ont bien réagi à ces annonces. En effet, même si la Fed a eu un ton plus ferme, les perspectives restent celles d’un taux cible inférieur au taux d’équilibre. Les marchés obligataires par contre continuent à prévoir une inflation modérée ainsi qu’un resserrement monétaire limité, avec un taux à 10 ans qui reste autour de 1,5% et une courbe de taux qui continue à s’aplatir. En Zone euro les marchés obligataires ont eu une réaction mitigée, avec une légère hausse des taux souverains italiens et grecs. Il peut en effet être rappelé que contrairement au PEPP, l’univers éligible d’achat de l’APP reste limité à des notations Investment grade, excluant donc les titres souverains grecs.