Weekly Update - Trois pas en avant et un en arrière
L’OCDE prévoit une récession plus marquée que celle anticipée par le Fonds monétaire international (FMI) en avril. L’Organisatio estime que l’économie mondiale subira une contraction de -6,0% cette année, suivie d’une hausse de 5,2% en 2021, impliquant une crise économique plus sévère et une reprise plus lente que les prévisions du FMI d’un ralentissement de -3,9% et d’une hausse de +5,8% en 2020 et en 2021, respectivement. D’après les calculs de l’OCDE, l’économie américaine se contractera de -7,3% en 2020 et se redressera de 4,1% l’année prochaine, tandis que le FMI table sur une baisse de -5,9% et une hausse de 4,7% pour les deux années.
En réalité, l’économie américaine était déjà entrée en récession avant que le coronavirus ne s’abatte sur les Etats-Unis. Lundi cette semaine, le Bureau national de la recherche économique (NBER) a déclaré que la récession s’était amorcée en février cette année, marquant la fin de 128 mois consécutifs d’expansion, la plus longue période jamais enregistrée. Cette entrée en récession a eu lieu avant que les mesures de confinement ne commencent à peser sur l’activité économique. En effet, les Etats-Unis comptaient seulement 24 cas confirmés et un décès à fin février.
Mercredi, la Fed a tenu sa réunion de politique monétaire régulière et a mis à jour ses prévisions et ses projections. Concernant le PIB, la Fed prévoit une contraction de -6,5% cette année, suivie d’une remontée de 5,0% en 2021, avec un taux de chômage à 9,3% fin 2020 et à 6,5% fin 2021. Par ailleurs, les projections individuelles des membres du Federal Open Market Committee (les « dots ») laissent entendre qu’il n’y aura aucune hausse des taux dans les trois prochaines années. Ce point a été soulevé par le président de la Fed Jerome Powell dans ses déclarations. Il a précisé que « nous ne pensons même pas à penser à relever les taux ». Il a également souligné que les achats d’actifs réalisés par la Fed se poursuivront autour des niveaux actuels (environ 120 Md$ par mois) à court terme. Il a fait savoir que la Fed se concentrait davantage sur les effets de l’assouplissement monétaire sur les « gens normaux » que sur les prix des actifs.
Si les perspectives de la Fed sont vraiment pessimistes pour l’économie, la position de la banque centrale est toutefois assez proche des prévisions de l’OCDE et du FMI. Par ailleurs, ces projections justifient amplement la confirmation que les politiques resteront particulièrement accommodantes dans les années à venir, notamment en ce qui concerne les achats d’actifs, qui ont fortement contribué à assouplir les conditions financières et à alimenter le rebond des actions ces dernières semaines. Alors, pourquoi les marchés ont-ils corrigé aussi fortement ?
L’explication peut être liée en partie à la pandémie de CoViD-19 elle-même. Contrairement à de nombreux pays européens, les Etats-Unis n’ont pas vu une baisse significative des nouveaux cas confirmés, qui sont demeurés entre 20 000 et 25 000 par jour depuis début mai. Malgré la nette amélioration observée à New York ces dernières semaines, un certain nombre d’Etats dans le sud et l’ouest du pays ont vu une accélération préoccupante des cas alors que les restrictions en matière de confinement étaient assouplies (voir graphique de gauche). La Maison blanche exhortant les Etats à reprendre le travail, il est peu vraisemblable que la nouvelle propagation du virus aboutisse de nouveau à la mise en place d’un confinement. Mais cela signifie que l’activité économique et les dépenses des ménages ne devraient pas revenir aux niveaux antérieurs à la crise de sitôt.
Conclusion. Le marché actions américain vient d’enregistrer sa meilleure performance historique sur 50 jours (voir graphique de droite). La correction survenue cette semaine n’est vraisemblablement pas due à la position de la Fed ou aux inquiétudes persistantes sur le coronavirus, qui n’ont guère évolué par rapport aux semaines précédentes. Il se peut simplement que le rebond ne puisse être justifié que par une reprise en V, ce qui, pour l’heure, semble être une perspective plutôt lointaine.