Weekly Update - Toujours dans le tunnel
Cette annonce constitue de toute évidence une nouvelle très encourageante. Le vaccin mis au point par les deux partenaires a été testé sur une cohorte de plus de 43 500 participants dans des essais de phase 3 (la dernière phase avant l’approbation des autorités sanitaires) dont 94 ont été testés positifs à la COVID-19. Plus de 90% des cas confirmés avaient reçu le placebo plutôt que le vaccin, suggérant un degré d’efficacité extrêmement élevé. Les vaccins contre la grippe saisonnière sont généralement beaucoup moins efficaces (voir graphique de gauche).
Moderna, une autre société de biotechnologie, a également annoncé qu’elle entamera très prochainement l’analyse intermédiaire des données des essais de phase 3 couvrant 30 000 personnes avec plus de 53 cas confirmés. Les marchés espèrent vivement que cet essai sera également concluant dans la mesure où le vaccin utilise la même technologie de l’acide ribonucléique messager (mRNA) que celui de BioNTech. D’autres vaccins expérimentaux mRNA sont également attendus de CureVac (Allemagne) et de l’Imperial College (Londres). Parmi leurs avantages, les vaccins mRNA sont potentiellement plus rapides à développer et plus faciles à produire que les vaccins traditionnels.
Bien évidemment, cela ne signifie pas qu’un vaccin sera disponible prochainement. Les essais doivent être menés à bien, et les demandes d’approbation doivent être déposées auprès des autorités sanitaires. De plus, la production devra être accélérée. Pfizer et BioNTech estiment qu’ils peuvent disposer de 50 millions de doses d’ici à la fin de l’année et de 1,3 milliard supplémentaire l’année prochaine (deux doses sont nécessaires pour garantir l’efficacité du vaccin). On estime toutefois que la demande mondiale de vaccins pourrait atteindre les 10 à 15 milliards de doses. Par ailleurs, le vaccin de BioNTech doit être conservé et expédié à des températures ultra-basses (environ -75 degrés Celsius), ce qui ne fait qu’accroître la complexité logistique pour les chaînes de distribution.
Les gouvernements pourraient donc bien être contraints de maintenir les restrictions et les mesures de confinement en place pendant quelque temps encore. Les systèmes de santé sont déjà sous pression, avec des taux d’hospitalisation supérieurs ou proches des plus-hauts d’avril en Europe et aux Etats-Unis. La confiance des chefs d’entreprise a plongé en territoire de contraction dans toute l’Europe continentale, fragilisée par l’effondrement des services, les plus directement touchés par les mesures de confinement. Une grande partie de l’Europe retombera donc en récession au T4, une reprise significative n’étant vraisemblable qu’à la fin de l’hiver dans l’hémisphère nord.
La Commission européenne a récemment actualisé ses prévisions économiques pour l’Union européenne. L’année 2020 sera marquée par la récession la plus grave de son histoire, avec une contraction économique de -7,4% par rapport à 2019, un niveau stable en comparaison des prévisions précédentes de la Commission. Il convient de souligner que la reprise l’année prochaine sera vraisemblablement plus lente qu’initialement prévu (avec une hausse de +4,1% au lieu de l’expansion de +6,1% attendue en mai). Fait important, cela dépend d’une accélération de la croissance début 2021, loin d’être acquise compte tenu de la crise sanitaire.
L’annonce faite cette semaine a toutefois égayé les perspectives à plus long terme. Les vaccins seront vraisemblablement réservés dans un premier temps aux professionnels de santé et aux personnes les plus vulnérables (personnes âgées, obèses, etc.), ce qui devraient alléger les pressions sur les systèmes de santé alors que la vaccination débutera pour l’ensemble de la population. Bien évidemment, de nombreuses personnes pourraient refuser la vaccination, au moins dans un premier temps, mais si les taux de conformité sont suffisants (disons supérieurs à 50%), nous devrions pouvoir envisager une normalisation de l’activité économique à partir de l’été 2021.
Conclusion. Les prochains mois pourraient s’avérer difficiles pour les entreprises, avec une dégradation de la rentabilité et une fragilisation des entreprises lourdement endettées, en particulier dans les services. Nous devrions donc nous attendre à de nouveaux épisodes d’instabilité. Cependant, l’amélioration des perspectives à partir du printemps prochain permettra aux dirigeants d’entreprise de commencer à planifier sur le long terme. Les marchés financiers ont tendance à se montrer impatients, et ce changement bienvenu dans les perspectives contribuera à limiter le potentiel de baisse pour les actifs risqués dans les prochains mois.