Weekly Update - Des raisons de se montrer prudents ? Partie 3
Aux Etats-Unis, le fossé entre les Démocrates qui exigent de nouvelles mesures de relance de plus de 2 000 Md$ et les Républicains qui se montrent réticents à aller au-delà de 1 000 Md$, combiné à des chiffres de l’emploi robustes pour le mois d’août, semble avoir anéanti l’espoir d’un accord avant l’élection présidentielle. Néanmoins, ce mercredi, Donald Trump a demandé instamment aux Républicains d’accepter un plan de 1 500 Md$, et son équipe a repris les négociations avec les Démocrates en vue d’un accord.
Selon nous, ce plan est nécessaire. L’aide apportée par la loi CARES (Coronavirus Aid, Relief and Economic Security) votée en mars est censée prendre fin. Par exemple, les 600 $ supplémentaires par semaine d’allocations chômage ont expiré à fin juillet, et l’aide aux travailleurs sans emploi de 400 $ par semaine établie par décret par le Président Trump en août sera bientôt à court de liquidités. Les 12,6 millions d’Américains s’inscrivant actuellement au chômage risquent de subir une baisse des allocations de plus de 50% si le Congrès échoue à trouver un accord.
Mercredi, le président de la Réserve fédérale (Fed) Jerome Powell a demandé un nouveau plan d’aide pour l’économie américaine, soulignant que l’absence de nouvelles mesures de soutien fiscal risquait de peser sur les perspectives. Le chômage est encore beaucoup trop élevé et l’inflation (telle que mesurée par les prix de l’indice sous-jacent des dépenses des ménages) reste sensiblement inférieure à l’objectif de la Fed d’un niveau moyen de 2% à terme. Les relations entre Londres et Bruxelles se sont détériorées au cours de la semaine passée, en réaction à la présentation d’un nouveau projet de loi sur le marché intérieur par le gouvernement britannique. En cas de succès, cette initiative législative supplanterait l’Accord de retrait d’octobre dernier en ce qui concerne le protocole en place en Irlande du Nord sur l’aide d’Etat et les déclarations douanières. Sans surprise, cette initiative est considérée par l’UE comme une violation du droit international et la Commission européenne a demandé à Westminster d’abandonner ses plans, tout en soulignant que les négociations entre l’UE et le Royaume-Uni sur les futures relations doivent se poursuivre malgré tout.
Le nouveau projet de loi a été mal accueilli aux Etats-Unis. La cheffe de la majorité à la Chambre des Représentants Nancy Pelosi et le candidat démocrate à l’élection présidentielle Joe Biden ont fait savoir qu’il était peu probable que le Congrès approuve un accord commercial avec le Royaume-Uni si le projet de loi est adopté. La raison en est qu’il mettrait en péril le « Good Friday Agreement » qui a ramené la paix en Irlande du Nord et qui repose sur une frontière ouverte, « sans friction » avec la République d’Irlande. Bien évidemment, le dépôt du projet de loi pourrait s’avérer être une tentative d’arracher de nouvelles concessions dans les négociations commerciales avec Bruxelles. La volte-face de l’année dernière pour signer l’Accord de retrait pourrait être encore de mise cette année. Mais indéniablement, le risque d’une issue sans accord lorsque le Royaume-Uni quittera finalement le marché unique et l’union douanière en fin d’année a considérablement augmenté cette semaine. Les économistes de la Banque d’Angleterre estiment que le PIB s’en trouverait réduit de 2,5% à 5,5% à fin 2024. Jusqu’à présent, toutefois, il ne s’agit pas du scénario central de la BoE. De fait, lors de la réunion qui s’est tenue hier, les taux et les achats d’actifs ont été maintenus en l’état.
Conclusion. Aux Etats-Unis, l’intervention du Président Trump pourrait suffire à accommoder les exigences des Démocrates avec la résistance des Républicains. Nancy Pelosi a fait savoir qu’elle donnait son approbation, et les Sénateurs républicains hésiteront à se laisser accuser d’avoir mis en péril les chances de réélection de Donald Trump. Toutefois, l’issue de cette confrontation reste hautement incertaine. Au Royaume-Uni, le risque d’un Brexit « dur » s’est accru, mais nous restons convaincus que le pragmatisme l’emportera et qu’un accord sera conclu. Mais quelles que soient les issues aux Etats-Unis et en Europe, les banques centrales se tiennent prêtes à assouplir encore leurs politiques le cas échéant, ce qui constituerait un facteur de soutien supplémentaire pour les actifs risqués.