Weekly Update - Quelle sera la sévérité de la crise économique ?
Le FMI estime que la récession actuelle laissera les économies développées en proie à un déficit colossal de la production d’ici à fin 2021, d’environ 5% en comparaison de ses prévisions d’octobre dernier. Pour 2020, l’institution prévoit que l’économie mondiale se contractera de 3,0%, sous l’impulsion d’une baisse de 6,1% dans les économies avancées, les marchés émergents ne cédant que 1,0%. Il s’agirait de la récession la plus grave depuis les années 1930, faisant paraître ridiculement petite la baisse de 0,1% du PIB mondial observée lors de la grande récession de 2009. Pour 2021, le FMI table sur un rebond de l’activité de 5,8%, tiré par une reprise de 6,6% dans le monde émergent, avec une remontée des économies avancées de 4,5%.
Ces chiffres sont conformes aux toutes dernières estimations nationales. La France prévoit désormais une baisse de 8% du PIB cette année, tandis que le dernier scénario de l’organisme indépendant de contrôle du budget au Royaume-Uni met en scène une baisse trimestrielle potentielle de 35% du PIB au T2, suivie d’une reprise dans les 18 mois suivants. Le vendredi 17 avril, la Chine a publié ses chiffres du PIB du T1 indiquant un repli de la production en glissement annuel de 6,8%, marquant la première baisse depuis 1976. Les indicateurs associés du mois de mars ont montré des tendances divergentes. La production industrielle a reculé de seulement 1,1% en glissement annuel, tandis que les ventes au détail ont plongé de 16,1% en comparaison de mars 2019. Ces données corroborent les enquêtes de confiance des chefs d’entreprise du mois de mars, réalisées à travers le monde, qui se sont révélées plus résistantes
dans le secteur manufacturier que dans les services.
Ces dernières semaines, la pandémie a commencé à être contenue. Cette semaine, le nombre total mondial de cas confirmés a atteint les 2 millions. Il n’a fallu que cinq jours au nombre de cas pour doubler de 250 000 à 500 000, huit autres pour doubler de nouveau à 1 million, mais 13 jours pour le dernier doublement. Cette progression a encouragé des gouvernements, comme l’Autriche, le Danemark, l’Allemagne et la Suisse, à commencer à annoncer le prochain assouplissement des restrictions.
Mais ce relâchement se fera en plusieurs petites étapes, comme cela a été le cas en Chine. L’Université d’Oxford a calculé un indice de rigueur des mesures mises en place par les gouvernements pour différents pays. Comme l’indique le graphique de gauche, la Chine n’a pas encore supprimé la mesure rigoureuse qu’elle a commencé à mettre en place en janvier. Confronté à une résurgence du
nombre de nouveaux cas confirmés, Singapour a récemment imposé un confinement d’un mois et le Japon a institué un état
d’urgence national. Les gouvernements en Europe et en Amérique du Nord devront faire preuve d’une extrême prudence s’ils
souhaitent éviter d’en faire de même.
Compte tenu de l’ampleur de la baisse d’activité jusqu’à présent, les banques centrales et les gouvernements ont puisé dans leurs « boîtes à outils » pour assouplir leur politique, dans un souci d’assurer le bon fonctionnement des marchés financiers et d’atténuer les conséquences économiques pour les entreprises et les particuliers. Cependant, certains pays (comme l’Italie et l’Espagne dans la zone euro) ont souffert plus que d’autres et sont confrontés à des restrictions dans leur capacité à soutenir leurs économies, ce qui a exercé une pression baissière sur leurs obligations d’Etat (voir graphique de droite).
Conclusion. L’expérience de la Chine laisse entendre que des restrictions resteront en place pendant quelque temps en Europe et aux Etats-Unis après le pic du nombre de nouveaux cas confirmés de coronavirus. Cela signifie également que les gouvernements pourraient devoir en faire plus pour encourager la reprise anticipée par les marchés financiers. Dans ce contexte, les enjeux du sommet du Conseil européen qui se tiendra jeudi prochain et où sera vivement débattu le fonds commun de relance sont énormes