Weekly Update - Mesures de relance et prix
Cette semaine, Joe Biden a entamé des négociations avec un groupe de sénateurs républicains modérés qui avait proposé un plan alternatif de 618 Md$. Bien que la majorité démocrate au Congrès implique qu’un soutien bipartite pour ce plan puisse ne pas être nécessaire, le Président se projette à plus long terme. En cherchant à établir des liens et à collaborer avec les Républicains, il pourrait ralentir l’approbation du plan actuel, mais il pourrait aussi obtenir un appui pour son plan de relance distinct de 2 000 Md$, attendu plus tard cette année.
Les deux plans sont de nature très différente. La proposition actuelle cherche à soutenir les ménages (au moyen de chèques de 1 400 $), les enfants scolarisés (130 Md$ pour accélérer les réouvertures d’école), les chômeurs (400 $ d’allocations supplémentaires par semaine) et les gouvernements d’Etat et locaux (350 Md$ de liquidités injectées pour empêcher les licenciements d’employés du secteur public). Le deuxième plan a vocation à se concentrer sur les investissements dans les infrastructures et les technologies énergétiques vertes, par exemple dans les transports, l’électricité et la construction. Là où le premier plan intervient pour faire face à la crise, le deuxième vise à renforcer le potentiel de croissance à long terme.
L’indice sous-jacent des dépenses des ménages aux Etats-Unis (c’est-à-dire hors composantes volatiles comme les denrées alimentaires et l’énergie) a augmenté de 0,3% en glissement mensuel en décembre, portant le taux en glissement annuel de 1,4% à 1,5%. Tandis que la mesure préférée de la Réserve fédérale (Fed) reste inférieure à l’objectif, les anticipations du marché en matière d’inflation ont considérablement augmenté. Le point mort d’inflation à 10 ans (calculé en soustrayant les rendements des obligations indexées sur l’inflation de ceux des obligations nominales) a atteint 2,17% cette semaine, après 0,55% en mars 2020, son plus haut niveau depuis octobre 2018.
L’inflation dans la zone euro s’inscrit également en hausse. Cette semaine a été marquée par la publication des estimations de l’indice des prix à la consommation pour le mois de janvier qui ont largement dépassé les attentes. L’inflation globale a progressé de 0,9% en glissement annuel, s’étant établi en moyenne à -0,3% sur les cinq mois précédents, tandis que l’inflation sous-jacente a bondi de 0,2% en décembre à 1,4%. Cependant, ces chiffres supérieurs aux prévisions ont été tirés par des facteurs exceptionnels. En Allemagne, par exemple, la baisse de la TVA de 19% à 16% a pris fin, tirant les prix vers le haut, tandis que dans certains pays comme la France, les ventes traditionnelles de fin d’année ont été repoussées en raison des mesures de confinement, faisant grimper les comparaisons de prix en glissement annuel pour de nombreux produits ménagers et personnels.
Par ailleurs, certains signes avant-coureurs pourraient indiquer que la hausse des anticipations d’inflation s’est prolongée. Comme illustré dans le graphique de droite, la différence entre les points morts d’inflation américains à 10 ans et 2 ans s’est inversée récemment (c’est-à-dire que les anticipations à court terme sont désormais plus élevées), une configuration qui a souvent précédé une baisse des anticipations à plus long terme.
Conclusion. La montée en puissance des vaccinations permettra aux pays d’assouplir les restrictions plus tard cette année, tout d’abord au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, suivis quelques semaines plus tard par l’UE où seulement 3,3% de la population a été vaccinée jusqu’à présent. C’est pourquoi nous anticipons une reprise cyclique de l’activité au S2 2021, la croissance la plus rapide étant attendue dans les pays où les mesures de confinement ont été les plus strictes. Cependant, les écarts de production demeurent élevés et le rebond actuel de l’inflation ne devrait pas s’installer durablement, selon nous. Au final, nous estimons que le contexte économique cette année favorisera les marchés actions au détriment des marchés obligataires, compte tenu des rendements historiquement bas et des spreads de crédit serrés.