Weekly Update - La fin du jeu a sonné ? Pas encore...
Fin avril, la Banque du Canada (BoC) a été la première à intervenir lorsqu’elle a annoncé la réduction progressive de ses achats d’actifs de 4 MdC$ par semaine à 3 MdC$. Elle a justifié cette décision en mettant l’accent sur une révision à la hausse spectaculaire de ses prévisions. En janvier, elle avait prévu une baisse du PIB au premier trimestre (T1) de -0,6% en glissement trimestriel (en g.t.), tandis que la croissance est désormais attendue à 1,6%, grâce à des mesures vigoureuses de soutien fiscal face à la dernière vague des infections. Les estimations de croissance pour 2021 augmentent ainsi de seulement 4% en janvier à 6,5% actuellement et la BoC anticipe désormais que d’ici au S2 2022 le ralentissement économique aura été intégralement absorbé et que l’inflation se maintiendra durablement autour de son objectif de 2%. Lors de sa réunion qui s’est tenue début mai, la Banque d’Angleterre (BoE) n’a apporté aucun changement à sa politique, maintenant son taux directeur à 0,1% et stabilisant la taille globale de son programme d’achat d’actifs à £895Mds. A l’instar de la BoC, la BoE a revu à la hausse ses prévisions de croissance pour 2021 à +7,25%, contre une estimation précédente de +5%. Le PIB reviendra donc aux niveaux antérieurs à la crise d’ici au T4 2021, un trimestre plus tôt qu’initialement prévu, grâce à une accélération de la consommation sous l’effet de la libération de la demande contenue. Et à l’instar de la BoC, la BoE a annoncé son intention de réduire le rythme hebdomadaire de ses achats d’actifs de 4,44 Md£ à 3,44 Md£.
Dans son communiqué adressé aux marchés, le gouverneur de la BoE Andrew Bailey s’est employé à démontrer qu’il s’agit d’un changement mécanique, et non d’un signe de durcissement de la politique. La BoE avait établi une enveloppe de 190 Md£ pour les achats d’actifs cette année, impliquant un rythme hebdomadaire de 3,7 Md£ (en réduisant le rythme hebdomadaire, A. Bailey répartit simplement les achats restants équitablement sur le reste de l’année). Cette explication est confirmée par les prévisions à plus long terme de la banque en matière de croissance du PIB (le PIB 2022 a été ramené de 7,25% à 5,75%, tandis que celui de 2023 a été maintenu à un niveau modeste de 1,25%). Cependant, la Banque centrale européenne (BCE) et la Réserve fédérale américaine (Fed) ne devraient manifestement pas lui emboîter le pas. La BCE a annoncé qu’elle accélérerait le rythme des achats d’actifs au T2 compte tenu du resserrement perçu des conditions monétaires et, en effet, le rythme hebdomadaire des achats réalisés dans le cadre du programme d’achat d’urgence pandémique (Pandemic Emergency Purchase Programme, PEEP) a accéléré de 33% depuis Pâques, atteignant 25,3 Md€.
La Fed s’en est tenue à son objectif mensuel de 120 Md$ d’achats malgré des indicateurs de confiance plus robustes récemment. Par exemple, l’enquête ISM (Institute of Supply Management) menée en mars auprès des industriels a touché un plus-haut de 37 ans, avant de s’inscrire de nouveau en baisse en avril. Les récentes déclarations de responsables de la Fed ont été cohérentes. Malgré l’embellie des perspectives économiques, la route est encore longue avant que la Fed ne resserre sa politique (un cinquième de la main-d’œuvre dans les catégories de population à faible revenu est encore au chômage, et la Fed reste convaincue que la montée de l’inflation cette année s’avérera transitoire). Les chiffres des créations d’emploi pour le mois d’avril ont donné du poids à ces points de vue. Les observateurs ont été déçus de ne voir que 266 000 nouvelles créations d’emploi et de constater une hausse du taux de chômage à 6,1%.
Conclusion. Nous continuons d’anticiper une reprise cyclique solide de l’activité au second semestre, en particulier en Europe. Nous ne prévoyons pas toutefois de remontée durable de l’inflation. Les écarts de production restent très importants, le marché du travail mondial reste atone, et les forces désinflationnistes structurelles (comme le vieillissement de la population et les technologies innovantes) n’ont pas disparu. Dans ce contexte, les banques centrales sont susceptibles de poursuivre des politiques particulièrement accommodantes, ce qui devrait continuer de soutenir l’appétit pour le risque.