
Weekly Update - Le début d'une guerre commerciale
Les États-Unis passent à l’acte sur les droits de douane. Si Donald Trump avait été clair durant sa campagne sur sa volonté d’une politique protectionniste, il a surpris par la rapidité, l’ampleur et l’étendue des hausses de droits de douane. La Chine, le Canada et le Mexique, ainsi que l’acier et aluminium ont déjà été touchés et les menaces sont fortes d’une extension aux biens européens dès le mois d’’avril.
Protectionnisme : si les objectifs sont multiples, l’efficacité resterait limitée. Le gouvernement américain a annoncé différentes raisons pour justifier la mise en place d’une politique commerciale protectionniste : (i) réindustrialiser son économie, (ii) réduire sa dépendance vis-à-vis de la Chine, (iii) réduire le déficit budgétaire fédéral et (iv) rééquilibrer certains déséquilibres mondiaux. Cependant, une hausse des droits de douane, même significative, ne devrait avoir qu’un effet limité sur ses objectifs. En effet, en ce qui concerne l’objectifs de réindustrialisation, une des premières conséquences de la hausse des droits de douane sera la hausse des coût de production pour les industries américaines intégrées dans les chaînes de valeurs (automobile ou aviation par exemple). Par ailleurs, les exemples de politiques de réindustrialisation par la substitution aux importations sans stimuler les exportations (économies latino-américaines entre les années 1970 et 1990) n’ont pas été couronnées de succès. En ce qui concerne l’amélioration des comptes publics, la substitution de la fiscalité sur les revenus et les sociétés semble irréaliste compte tenu des montants respectifs de ces deux catégories de recettes.
Une cartographie des échanges commerciaux des Etats-Unis et de l’Europe. Le déficit commercial américain s’est nettement dégradé depuis le Covid. Il est élevé notamment vis-à-vis de la Chine, l’Union Européenne, l’ASEAN, les économies développées d’Asie et le Mexique. Il porte principalement sur les biens de consommation, les biens de capitaux et les automobiles. Les États-Unis affichent en revanche un excédent commercial sur les services.
La zone euro, dans son ensemble, affiche un excédent commercial. Elle apparaît déficitaire seulement vis-à-vis de la Chine. La France affiche un déficit modéré, essentiellement dû à l’énergie. L’exposition de la France aux hausses de droits de douane américains est limitée au niveau agrégé mais pourrait fragiliser des secteurs comme l’aviation, la pharmaceutique ou l’alimentation.
Un risque haussier sur l’inflation et baissier sur la croissance. La hausse des droits de douane déjà mise en place ainsi que les menaces d’extension à l’ensemble des biens européens font peser un risque sur les grandes économies mondiales. L’OCDE évalue dans sa dernière note l’impact d’une hausse des droits de douane des Etats-Unis sur l’ensemble de leurs importations avec des mesures de rétorsions équivalente de la part des pays partenaires commerciaux (cf. graphiques qui montrent l’impact d’une hausse de 10 points des droits de douane). Concernant l’économie américaine, la hausse des droits des douanes se traduirait par plus d’inflation et moins de croissance, en jouant un rôle équivalent à une hausse des taxes sur la consommation. Pour le reste du monde, le Canada et le Mexique subiraient un choc important sur leur activité, compte tenu de l’importance pour leur économie du commerce avec États-Unis, avec un vrai risque de récession en 2025. Pour la zone euro, ces mesures devraient aussi avoir un effet négatif sur l’activité mais nettement plus limité étant donné le moindre poids du commerce américain pour l’Europe.
Pour plus d’information sur le sujet, vous pouvez vous référer au Focus Stratégie.
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