
Weekly Update - Conjoncture : les premiers effets des tensions commerciales
Conjoncture : les premiers effets des tensions commerciales
Les premières enquêtes réalisées post-Liberation Day commencent à être publiées. Elles font état d’une baisse de la confiance des ménages et des entreprises en avril, ce qui est cohérent avec la nouvelle prévision du Fonds Monétaire International (FMI) d’un net fléchissement de l’activité. Elles montrent en outre une accentuation des craintes d’une remontée de l’inflation aux Etats-Unis. Ces indicateurs confortent aussi notre propre positionnement stratégique d’une prise de risque réduite notamment sur les actifs financiers Etatsuniens.
En zone euro, des signes de modération de l’activité et des prix. L’enquête S&P PMI auprès des directeurs d’achats fait état d’un ralentissement en avril, à 50,1, donc très proche du seuil de 50 signalant une contraction. Si la baisse est visible sur l’ensemble des secteurs et pays, elle est particulièrement notable du côté des services. L’activité manufacturière affiche une certaine résistance, de façon surprenante étant donné sa plus forte sensibilité aux tensions commerciales en cours. Par pays, l’Allemagne a nettement baissé, basculant en territoire de contraction, tandis qu’en France la contraction s’est accélérée. Si la composante emploi reste stable, les tensions inflationnistes continuent de se modérer, aux vues du tassement des composantes de prix.
Aux Etats-Unis, un ralentissement de l’activité avec des tensions sur les prix. L’enquête S&P PMI a nettement baissé en avril, à 51,2, partant d’un niveau plus élevé qu’en zone euro. Si le secteur manufacturier affiche aussi une certaine stabilité autour du seuil de 50, ce sont surtout les services qui montrent une nette baisse. Les ménages aussi affichent pour avril une baisse de leur appréciation de la situation économique présente et à venir. Du côté de l’inflation, les enquêtes font état de craintes d’un retour de tensions sur les prix, tant du côté des ménages que du côté des entreprises.
Des signaux cohérents avec le net fléchissement de l’activité prévu par le FMI. L’institution vient de mettre à jour ses prévisions et affiche dorénavant une nette baisse de la croissance mondiale en 2025, à 2,8% après 3,3% en 2024. Cette baisse provient avant tout d’une révision marquée de la prévision des Etats-Unis (à 1,8% contre 2,7% anticipé en début d’année), mais l’ensemble des régions est concerné. Selon le FMI, l’économie mondiale éviterait une récession, mais la probabilité d’une récession aux Etats-Unis a augmenté à 40% contre 25% précédemment, du fait du risque d’une nouvelle escalade dans les tensions commerciales ou des turbulences financières. Ces prévisions ont été réalisées sur la base des annonces de hausse de droits de douane du 2 avril (date du Libération Day), mais restent robustes au scénario alternatif d’une certaine modération. En parallèle, l’institution prévoit une inflation plus élevée en 2025 – principalement révisée à la hausse aux Etats-Unis où elle serait 1 point plus élevée à 3% en moyenne - sans remise en cause de la tendance baissière sur du plus long terme
Une actualité qui conforte notre positionnement stratégique. Les premières enquêtes d’avril ainsi que les analyses du FMI sont en ligne avec notre scénario d’un « coup de frein » sur la croissance économique, expliqué par les tensions commerciales ainsi que par les incertitudes générées par les orientations de la politique américaine. Nous tablons en effet sur un ralentissement de l’activité aux États-Unis avec une remontée de l’inflation dans les prochains mois, qui inciterait la Réserve fédérale à temporiser la poursuite de son desserrement monétaire. En zone euro, la croissance serait aussi freinée mais de façon plus modérée, car moins directement affectée. La détente de l’inflation permettrait à la Banque Centrale Européenne d’accentuer sa détente. Un ralentissement plus marqué de l’activité combiné à un moindre desserrement monétaire conforte notre choix de « réduction de la voilure » notamment à l’encontre des marchés américains.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les finances publiques de la France ainsi que l'état des marchés financiers.
Finances publiques : La France en mauvaise posture selon le FMI
Le Fonds monétaire international a publié, le 23 avril, ses projections concernant la politique budgétaire des États. Pour 2025, l’institution estime que la France respectera son calendrier de réduction du déficit, avec un déficit public à 5,5% du PIB (contre un objectif gouvernemental de 5,4%). Mais dès 2026, le FMI anticipe un déficit de 5,9%, bien au-dessus de l’objectif fixé par le gouvernement à 4,6%, et prévoit une dégradation continue dans les années suivantes. Dans la même lignée, le FMI anticipe une aggravation de la dette publique, qui atteindrait 128% du PIB en 2030, contre 113% en 2024. Le Premier ministre François Bayrou a annoncé qu’il présenterait son plan de réduction des dépenses publiques d’ici au 14 juillet, avec pour objectif une économie de 50 milliards d’euros.
Marchés financiers
Aux États-Unis, le S&P 500 a connu une légère reprise après la forte baisse observée à la suite du « Liberation day », mais reste en net recul par rapport à son niveau de janvier (-8%). En Europe, le STOXX 600 a retrouvé un niveau supérieur à celui du début d’année (+1,5%), rattrapant ainsi ses pertes. Par pays, le CAC 40 n’a pas encore retrouvé son niveau de janvier, tandis que le DAX allemand continue d’afficher de bonnes performances, et que l’IBEX espagnol a regagné son niveau d’avant le « Liberation day ». Au Japon, le Nikkei reste en retrait par rapport à son niveau de début d’année (-12%)
Le taux des Treasuries a connu une légère baisse, s’établissant autour de 4,3%. En zone euro, les rendements du BUND et des OAT ont également reculé légèrement, pour atteindre respectivement 2,4% et 3,1%. Enfin le taux des obligations UK à 10 ans s’établissait à 4,5%.
Lire l'intégralité de l'article