Weekly Update - Changement de saison
Les hospitalisations et le taux d’occupation des unités de soins intensifs pour les patients de la COVID-19 ont commencé à augmenter à travers l’Europe, tout comme la proportion des tests positifs, indiquant que la hausse du nombre de cas n’est pas seulement due à une augmentation du nombre de tests réalisés. La France se classe désormais troisième principale zone sensible en nombre de cas pour 10 000 habitants et a annoncé la mise en place de couvre-feux dans neuf grandes villes, dont Paris. Le Royaume-Uni se classe quatrième et a également durci les mesures dans des villes comme Liverpool et Londres, où il est interdit aux ménages de se réunir. Les Etats-Unis arrivent en septième position, mais n’ont pas encore été confrontés à une nouvelle vague au niveau national. Cependant, les grands Etats du Midwest comme le Michigan, l’Ohio et le Wisconsin sont maintenant revenus aux plus-hauts de la première vague.
Dans la zone euro, les mesures annoncées ont été soigneusement élaborées en vue de minimiser les effets négatifs sur l’économie. Dans l’ensemble, les gouvernements ont ciblé l’hôtellerie (environ 3,1% du PIB avant la crise), et le secteur du divertissement et des loisirs (environ 1,3%). Néanmoins, le frein à la croissance sera vraisemblablement modéré. L’activité dans les deux secteurs est déjà fragilisée par une réduction des capacités et un changement de comportement des consommateurs. De plus, la portée nationale des nouvelles restrictions est limitée (seul un quart de la population française sera directement concernée par les couvre-feux). L’aide apportée par les gouvernements devrait également amortir le coup porté aux entreprises et aux ménages. Par exemple, la France a suspendu certains paiements de charges sociales et fiscales jusqu’à la fin de l’année, a prolongé les dispositifs d’aide à l’emploi à court terme, a promis des paiements supplémentaires pour les personnes vulnérables (une subvention de 150 € pour les familles bénéficiaires des minimas sociaux et 100 € supplémentaires par enfant) et s’est engagée à apporter une aide ciblée aux secteurs les plus affectés par le couvre-feu. Il est toutefois de plus en plus vraisemblable que le quatrième trimestre connaîtra une légère baisse du PIB après le fort rebond de l’activité observé au T3.
Bien que les anticipations aient été largement dépassées durant l’été, il semblerait que l’hiver arrive également plus tôt pour l’économie britannique. Les chiffres du PIB du mois d’août ont été sensiblement inférieurs aux attentes, laissant entendre que la dynamique avait déjà commencé à ralentir au T3, et nous pourrions assister à une montée du chômage alors que le dispositif temporaire de chômage partiel mis en place par le gouvernement est réduit. Par ailleurs, les incertitudes persistantes sur l’aboutissement du nouveau régime commercial avec l’UE signifient que de nombreux plans d’investissement d’entreprises ont été suspendus et que les carnets de commandes à l’exportation pourraient en pâtir. Le Royaume-Uni pourrait rester à la peine au S1 2021, même si un accord est arraché à la dernière minute.
Aux Etats-Unis, les signaux restent mitigés concernant le programme de relance annoncé. Après avoir mis fin aux discussions avec les Démocrates, le Président Trump préconise aujourd’hui un programme beaucoup plus vaste que les sénateurs républicains ne sont disposés à accepter. Le chef de la majorité au Sénat, Mitch McConnell, déclare que 500 Md$ seraient appropriés, tandis que les Démocrates de la Chambre des représentants ont voté un projet de loi pour 2 200 Md$ et que le Président affirme qu’il est prêt à dépasser les 1 800 Md$. Les discussions se poursuivent, mais il reste peu de temps avant les élections.
Conclusion. Cette conjonction de facteurs de risque (restrictions liées à la COVID-19, négociations commerciales entre le Royaume-Uni et l’UE, retard des mesures de relance fiscale américaines) a pesé sur le sentiment du marché ces derniers jours. Nous estimons toutefois que les gouvernements renforceront les mesures d’aide fiscale pour atténuer les difficultés rencontrées par les entreprises et les ménages, et qu’ils éviteront d’imposer de nouveaux confinements nationaux. Par ailleurs, nous sommes convaincus que les banques centrales réagiront rapidement à un ralentissement marqué de l’activité en renforçant et en étendant leurs programmes d’achats d’actifs. L’hiver pourrait arriver en avance, mais ces mesures devraient contribuer à limiter une baisse des marchés actions mondiaux