Weekly Update - Brexit – et maintenant ?
La synthèse
Après pratiquement 42 mois d’incertitude, avec des spéculations répétées sur un deuxième référendum sur le Brexit, la victoire retentissante du Parti conservateur le 12 décembre a finalement clos le débat, ouvrant la voie à un départ officiel de l’Union Européenne ce soir. Le résultat a été accueilli avec soulagement par les entreprises britanniques, avec un rebond des indices de confiance des directeurs d’achat (PMI) dans le secteur manufacturier et dans les services au mois de janvier. Quelle est l’étape suivante ? Quels sont les possibles effets sur l’activité et les marchés ?
Mercredi 29 janvier, le Parlement européen a voté massivement en faveur de l’accord de retrait négocié en fin d’année dernière, levant le dernier obstacle à un départ ce soir. L’accord de retrait comporte trois axes principaux : (i) il confirme que le Royaume-Uni paiera une facture de divorce de 39 Md€, dont une partie a déjà été réglée ; (ii) il protège les droits des expatriés britanniques
dans l’UE et des travailleurs européens au Royaume-Uni ; (iii) il supprime la nécessité de procéder à des contrôles au niveau d’une frontière physique entre l’Irlande du Nord et la République d’Irlande.
Durant la période de transition (qui débute demain, le 1er février, et devrait courir jusqu’à la fin de l’année), le Royaume-Uni conservera un grand nombre des avantages liés à l’adhésion à l’UE mais beaucoup de choses vont commencer à changer. Dans la section « Le saut vers l’inconnu » de cette étude, nous couvrons plusieurs points comme les déplacements et la résidence, le
statut légal et la représentation, les échanges commerciaux, le contexte réglementaire et les futures négociations.
La confiance des chefs d’entreprise s’est améliorée après les élections de décembre, et les octrois de prêts hypothécaires se sont envolés en janvier, poussant la Banque d’Angleterre (BoE) à maintenir les taux inchangés hier. Cependant, le marché évalue encore à 48% la probabilité d’une baisse des taux de 25 points de base en mai. Cela reflète le ralentissement de l’économie
britannique observé en 2019, avec un recul de la croissance du PIB sous 1%, en lien avec un repli des investissements des entreprises et une croissance atone de la productivité.
Le marché du travail a toutefois été robuste (le taux de chômage est actuellement à son niveau le plus bas depuis les années 1970) et la croissance des salaires a été solide. Par ailleurs, les élections ont été remportées grâce à la mise en oeuvre de mesures de relance fiscale, en plus de la promesse de mener à bien le Brexit. Ces dépenses supplémentaires devraient se combiner à une amélioration de la confiance des chefs d’entreprise pour encourager une reprise de l’activité cette année, laissant entendre que la BoE pourrait ne pas avoir besoin de réduire les taux finalement. Dans l’ensemble, le consensus table sur une croissance du PIB 2020 de 1,1%.
Conclusion. En l’absence de changement des taux directeurs cette année, nous estimons que les rendements des obligations d’État britanniques à 10 ans devraient augmenter. Il est donc justifié de privilégier les obligations de courte maturité, moins sensibles aux variations de taux. Les obligations d’entreprise devraient continuer de surperformer les obligations d’État britanniques. La livre sterling reste fortement sous-évaluée face au dollar, comme illustré dans le graphique ci-après. À mesure que les négociations progresseront cette année, la livre sterling devrait légèrement se renforcer, atteignant 1,35 $ à 1,40 $. La vigueur de la devise a tendance à freiner les bénéfices des grandes entreprises britanniques, qui sont réalisés pour l’essentiel à l’étranger, ce qui signifie que les actions de taille moyenne davantage tournées vers le marché domestique, devraient surperformer.