Weekly Update - Suisse : la gestion du Franc reste clé pour contenir l’inflation
La Suisse se démarque de ses voisins Européens par la résistance de son activité économique ainsi que par une progression particulièrement contenue de son inflation. La Banque de Suisse continuera d’agir afin que la force du Franc limite les tensions sur les prix.
Une économie particulièrement résiliente face aux chocs, qui devrait ralentir d’ici la fin d’année. L’activité économique suisse a particulièrement bien résisté à la suite des chocs du Covid et de la Guerre en Ukraine. En ce début d’année, la croissance s’est d’ailleurs montrée robuste, avec un secteur industriel qui résiste et un secteur des services favorablement orienté. Le marché du travail s’avère particulièrement robuste : le taux de chômage a continué de baisser pour s’établir à 2%, son plus bas niveau depuis 2002. En perspective, l’activité devrait se modérer. Les indicateurs avancés (enquêtes KOF ou PMI) pointent vers un affaiblissement sensible de la dynamique depuis le deuxième trimestre et cette tendance se poursuivrait au second semestre. Plusieurs raisons expliquent ce tassement attendu : (i) le ralentissement de l’activité de ses partenaires commerciaux attendu au second semestre, (ii) la montée des prix qui pèse sur le pouvoir d’achat et (iii) le resserrement des conditions monétaires qui freine la demande.
Une inflation qui a augmenté nettement moins qu’ailleurs et qui diminuerait. L’inflation a progressé plus tardivement et beaucoup plus modérément que dans les autres économies développées. Elle semble avoir atteint un pic à 3,4% en février pour redescendre ensuite à 2,2% en mai. L’inflation sous-jacente – qui a seulement temporairement dépassé les 2% - est revenue à 1,9% en mai. La Suisse se distingue ainsi par une inflation qui est restée beaucoup plus contenue. En perspective, la bonne tenue du marché du travail ainsi que les tensions sur les loyers pourraient continuer de tendre les prix, mais l’inflation devrait quand même diminuer grâce à la détente des prix des matières premières au niveau mondial.
La Banque Nationale de Suisse (BNS) restera vigilante sur l’inflation et continuera d’utiliser le canal de sa devise. Le Franc suisse s’apprécie depuis plusieurs années contre les principales devises, à la fois du fait d’excédent commerciaux importants de la Suisse ainsi que du fait de l’attrait de cette devise considérée comme une protection face aux risques. Cette appréciation tendancielle a impliqué une forte pression à la baisse sur les prix en Suisse, contribuant à une situation de quasi-déflation durant de nombreuses années précédant le Covid. Face à cela, la BNS intervenait régulièrement afin de tenter de limiter l’appréciation de sa devise. Post-Covid, en revanche, la poursuite de l’appréciation du Franc a été un vrai atout pour la Suisse, en permettant de limiter l’importation des tensions inflationnistes visibles partout ailleurs. Face à ce changement de contexte, la BNS a eu tendance à laisser sa devise s’apprécier (en vendant des devises) et a même augmenté ses taux directeurs pour accompagner le mouvement (de -0,75 à +1,75 en un an). A l’avenir, étant donné la détente visible de l’inflation, l’institution monétaire devrait augmenter encore au moins une fois son taux avant de conserver un statu quo. Elle restera en outre vigilante à ce que la force du Franc continue de freiner l’inflation importée.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l'inflation en Zone euro ainsi qu'un focus sur les comptes mensuels des ménages américains.
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