Weekly Update - Ukraine : un choc qui affecte davantage les ménages que les entreprises
La Guerre en Ukraine se poursuit, rendant prématurée l’évaluation complète de son impact sur les économies. Pour autant, le conflit a commencé fin février et des premiers indicateurs commencent à être disponibles pour les mois de mars et avril et permettent de se faire une première idée de l’impact du conflit sur l’activité. Ces indicateurs d’activité et de confiance révèlent une tendance très différente entre les ménages – qui paraissent très affectés - et les entreprises – qui semblent quasi immunisées.
Du côté des ménages, la confiance chute lourdement. La confiance se retrouve à des niveaux comparables à ceux atteints durant le premier confinement dû au Covid au printemps 2020 (graphique 1). La baisse est d’ampleur similaire aux Etats-Unis et en Zone euro, même si l’explication n’y est pas tout à fait la même. Aux Etats-Unis, la baisse est antérieure au conflit en Ukraine et relève surtout de la crainte liée à la forte progression de l’inflation ces derniers mois. En Zone euro, la baisse de confiance fait davantage suite au choc de la guerre. Les ménages sont affectés par la proximité du conflit. En outre, la hausse plus spécifique des prix de l’énergie en Europe pèse plus directement. Mais globalement, ces tensions dans un contexte où les salaires ne sont plus mécaniquement indexés à l’inflation et où la demande d’énergie est quasi-inélastique, il est compréhensible que les ménages redoutent une réduction de leur pouvoir d’achat. Cette baisse devra être compensée soit par des prélèvements sur l’épargne soit par la diminution d’autres composantes de consommation. A noter également qu’en Zone euro, la consommation présente déjà les premiers signes d’un ralentissement (en France, la consommation des ménages est en baisse de 1,3% d’un trimestre à l’autre au T1-2022), alors qu’à ce stade, la consommation reste plus vigoureuse aux Etats-Unis (+2,7% au T1).
Du côté des entreprises, l’activité résiste. Les enquêtes auprès des directeurs d’achats surprennent par la bonne tenue du secteur privé, tant aux Etats-Unis qu’en Zone euro (graphique 2). Cette résistance reflète la dynamique sous-jacente de l’activité, avec notamment la poursuite de la normalisation de l’activité des services, post « variant Delta » en Europe. Elle reflète aussi la capacité des entreprises d’avoir pu, jusqu’à présent, transmettre les hausses de leurs coûts de production aux prix des biens finals. Les tensions contenues des salaires (ils accélèrent aux Etats-Unis mais restent moins élevés que l’inflation) permettent en outre aux entreprises de connaître une progression limitée de leurs coûts. A ce titre, parmi les entreprises du S&P 500 qui ont déjà présenté leurs résultats du premier trimestre, 80% ont affiché des revenus au-dessus des attentes. Pour le STOXX 600, 60% des entreprises ont affiché des revenus au-dessus des attentes. Il faut tout de même noter que le détail des enquêtes plaide pour un ralentissement à venir, avec notamment un recul des carnets de commande.
Conclusion
La Guerre en Ukraine paraît à ce jour affecter en premier lieu les ménages. La résistance de l’activité des entreprises révèle des fondamentaux économiques solides (marchés du travail bien orientés, niveaux d’épargne toujours élevés…). Néanmoins, l’activité sera fatalement affectée à un moment ou à un autre par le ralentissement de la demande en provenance des ménages. La question est de savoir si cela laissera suffisamment de temps aux banques centrales, notamment la BCE, pour ajuster leur politique monétaire face aux niveaux élevés d’inflation.
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