Weekly Update - Inflation des prix de l’énergie : le coût pour la zone euro
La flambée des prix de l’énergie est globalement subie par les économies de la zone euro
Les prix du pétrole et du gaz ont progressé de +80% et de +280%, en euros, depuis le début d’année 2021. Les hausses s’expliquent par des tensions à la fois sur la demande et sur l’offre mondiale d’énergie. Ces tensions, exogènes à l’économie de la zone euro, s’avèrent pénalisantes pour son activité économique. La demande mondiale de pétrole, en grande partie tirée par les Etats-Unis, a été particulièrement dynamique dans ce contexte de reprise post-Covid. La demande de gaz a été d’autant plus soutenue du fait de conditions climatiques défavorables : les divers aléas climatiques ont réduit la production d’énergie renouvelable dans plusieurs pays impliquant une substitution vers le gaz. Du côté de l’offre, celle-ci était contenue par les pays de l’OPEP+. Aux Etats-Unis, la production de pétrole de schiste, en nette baisse, a aussi fait augmenter les prix. Sur les marchés européens du gaz, on note que l’offre de la Norvège et de la Russie ont également été faibles, et ce, pour des raisons techniques ou géopolitiques.
Les prix de l’énergie dégradent la balance commerciale et apparaissent comme la cause principale de l’inflation
Reflet de leur nature exogène, les hausses de prix du pétrole et du gaz ont fortement pesé sur le coût des importations de la zone euro. Si bien que la balance commerciale de la région s’est rapidement dégradée, jusqu’au point de devenir déficitaire – une première depuis 2014. Au-delà de l’impact sur la balance commerciale, les prix de l’énergie sont également la principale cause de la montée de l’inflation en zone euro. En effet, la composante énergie de l’indice des prix à la consommation a progressé de +27% sur l’année 2021. En décembre, ces prix de l’énergie expliquent plus de la moitié de l’inflation de la zone euro, contre un quart aux Etats-Unis. S’agissant d’un choc exogène, ces hausses de prix s’assimilent à une taxe et affectent lourdement le pouvoir d’achat des ménages, notamment celui des moins aisés.
A ce stade, la réponse n’est clairement pas du côté politique monétaire
L’importance du rôle des prix de l’énergie dans la montée de l’inflation fait apparaître une situation bien différente entre la zone euro et les Etats-Unis. En effet, de l’autre côté de l’Atlantique, la progression de l’inflation s’explique aussi par des facteurs endogènes, notamment sur la composante des biens. En zone euro, la reprise a été vigoureuse mais l’activité économique reste toujours inférieure à sa tendance pré-Covid et subi des perturbations liées à Omicron. A ce jour, les entreprises sont limitées dans leur capacité à transférer la hausse du coût des intrants dans leurs prix de ventes. De plus, les tensions salariales sont aujourd’hui quasi-inexistantes. Dans ce contexte, il serait inopportun pour la Banque centrale européenne de resserrer les conditions monétaires, cette inflation étant surtout de nature exogène.
Conclusion
La hausse des prix de l’énergie explique largement la progression de l’inflation de la zone euro et agit comme un frein sur la reprise économique. Un durcissement de la politique monétaire de la BCE agirait comme un frein complémentaire sans pour autant réduire les tensions de natures exogènes qui pèsent sur les marchés de l’énergie aujourd’hui. Il semble donc prématuré d’anticiper des hausses de taux de la BCE. On pourrait alors voir un écart avec la politique monétaire de la Fed.