
Weekly Update - La BCE se rapproche de la fin de son cycle de baisses de taux
La Banque Centrale Européenne (BCE) devrait de nouveau baisser ses taux la semaine prochaine, pour la 6ème fois à 2,5 %. Néanmoins, le ton pourrait s’avérer plus dur, pour ancrer que le cycle approche de sa fin, compte tenu des signaux d’amélioration de l’économie, de la hausse à venir des dépenses militaires et d’un taux de chômage faible. De plus, la politique monétaire pourrait bientôt ne plus être considérée comme restrictive. Ainsi, nous anticipons 3 baisses de taux d’ici l’automne contre 5 déjà effectuées. La communication de la BCE pourrait aussi se montrer vigilante en raison des nouvelles menaces de hausse de droits de douane américains qui poseraient un risque à la fois sur la croissance et sur l’inflation.
Anticipations des marchés en recul.
Le cycle de baisses de taux de la BCE a été plus rapide que celui de la Réserve Fédérale américaine ou de la Banque d’Angleterre. Il fut néanmoins bien moins rapide que le précédent cycle de baisse (2008-09) et que celui de hausses préalable (2022- 23). Malgré cela, les anticipations de marchés (et les nôtres) restent modérées, avec 3 baisses de taux supplémentaires d’ici septembre. De ce fait, le taux auquel la BCE terminerait son cycle serait de 2% - bien supérieur à celui des années qui ont suivi la crise financière.
Croissance : sortie du tunnel ?
Après trois années difficiles, l’économie de la zone euro donne des signes d’amélioration. Les indices de confiance des ménages et des entreprises ont cessé de se dégrader, se stabilisant sur de faibles niveaux. De plus, le crédit au secteur privé a continué de se redresser - preuve que la baisse des taux de la BCE commence à faire effet. En outre, selon l’enquête de la BCE sur les conditions de crédits, les banques ne considèrent plus le coût du crédit comme un frein majeur au crédit. Enfin, la situation politique s’est stabilisée et la politique budgétaire devrait s’avérer plus accommodante : budget moins draconien en France, possible fond dédié aux dépenses militaires en Allemagne et relance des dépenses militaires partout en Europe. Néanmoins, la politique commerciale des Etats-Unis reste un risque majeur pour l’économie européenne.
Inflation : proche de la cible, pas en dessous.
L’inflation de la zone euro est proche de la cible de 2% de la BCE depuis un an. Mais, un repli durable sous cette cible semble peu probable. En effet, les tensions sur le marché du travail se sont apaisées, mais le taux de chômage devrait rester faible, en grande partie compte tenu du vieillissement de la population – limitant le degré de modération salariale. Par ailleurs, la volatilité des prix de l’énergie et la mise en place des politiques protectionnistes devraient aussi maintenir l’inflation plus élevée par rapport à la dernière décennie.
Niveau des taux proche du taux neutre.
Le taux neutre est celui qui n’est ni accommodant ni restrictif, compatible avec une inflation à 2% et un marché du travail à l’équilibre. Ce taux ne peut pas être calculé avec précision mais la BCE a publié une estimation (entre 1,75% et 2,25%, mais pouvant aller jusqu’à 3%). A 2,5% attendu la semaine prochaine, les taux de la BCE seraient donc proches de la zone où la politique monétaire ne pourrait plus être considérée comme restrictive. Au vu de l’amélioration (attendue) de la croissance, la BCE devrait probablement rester proche du taux neutre et, sauf récession, ne pas passer en zone accommodante.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les résultats des entreprises au T4 ainsi que la mise en place d'une coalition après les élections en Allemagne :
Saison des résultats au T4.
Si, depuis le début de l’année les marchés européens ont nettement plus progressé que les marchés américains (10% pour le STOXX 600 et 1,5% pour le S&P500), les résultats des entreprises du T4 continuent de plaider pour les États-Unis (revenus + croissance globalement au-dessus des attentes). En Europe les résultats sont plus mitigés. L’immobilier pâtit toujours des niveaux des taux longs en Europe et de la faiblesse de la demande de crédits immobiliers. A contrario, on peut noter les bons scores des industriels, portés notamment par la défense, et des financières. Dans l’ensemble, les fondamentaux continuent de plaider pour une pondération toujours positive sur les actions US, malgré la valorisation élevée, même si la baisse de la confiance des consommateurs de cette semaine nous rappelle les incertitudes notamment sur l'inflation.
Elections en Allemagne : une coalition avant Pâques souhaitée.
Comme attendu, la CDU/CSU est arrivé en tête des élections législatives anticipées en Allemagne (28,60%). À noter que le parti d'extrême droite AfD (Alternative pour l'Allemagne) obtient 21% des suffrages. Le SPD du chancelier sortant Olaf Scholz n'obtient que 16,5%. Friedrich Merz le leader de l'alliance CDU/CSU devraient mener les débats en vue d’une formation d’un gouvernement de grande coalition avec le SPD (328 élus à eux deux, soit 52% des sièges au Bundestag). L’objectif affiché est d’avoir un gouvernement d’ici Pâques. De plus, des négociations ont été engagées pour mettre en œuvre rapidement un fonds spécial dédié aux dépenses militaires. En ce qui concerne une réforme du frein à l'endettement qui permettrait une relance de l’investissement public, la coalition CDU/CSU-SPD et les Verts ne suffiraient pas numériquement (416 sièges requis contre 413 à ces 3 partis).
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