Weekly Update - Knowns et unknowns de Trump 2.0
KNOWNS ET UNKNOWNS DE TRUMP 2.0
En 2002, Donald Rumsfeld, alors ministre de la Défense américain, articulait les concepts de known knowns, known unknowns et unknown unknowns, soit 1) ce que l’on sait, 2) ce que l’on sait ne pas savoir et 3) ce que l’on ne sait pas ne pas savoir. Nous faisons ici l’état des lieux du début de la seconde présidence Trump en termes de knowns knowns (immigration, budget, énergie) et de knowns unknowns(droits de douane notamment).
Les known knowns
Trump a signé plusieurs décrets dès son investiture, offrant ainsi les premières knownknowns :
• Sur l’immigration : fermeture des frontières, remise en cause du droit du sol, droit d’asile et reconduites aux frontières plus strictes.
• Sur la politique énergétique : sortie de l’accord de Paris sur le climat, abandon de mesures pro-environnement et exhortation à augmenter la production d’hydrocarbures (« drill, baby drill »).
• Sur la politique budgétaire : création d’un ministère chargé de réduire les dépenses (confié à Elon Musk), gel des recrutements et licenciements. Le Congrès discutera d’une baisse de l’impôts sur les sociétés et de l’extension de celles de 2017.
Les premières mesures (et la sortie de l’Organisation Mondiale de la Santé) confirment la stratégie America First de l’administration Trump. Celles sur l’énergie devraient renforcer la part prépondérante des Etats-Unis dans la production de pétrole mondiale (et limiter la hausse de son prix). Elles contribueront aussi au ralentissement de l’effort mondial de lutte contre le réchauffement climatique. Enfin, en réduisant les flux migratoires, les mesures sur l’immigration seraient sources de tensions sur le marché du travail et donc d’inflation.
Les Known unknowns
L’ampleur de l’impact des mesures sur l’immigration constitue la première knownunknown, lié aux incertitudes quant à leur mise en place et à une possible intensification. Ce que l’on sait, néanmoins, c’est que depuis 2017 (1e mandat de Trump), plus de 5 millions d’immigrés ont intégré la population active (emploi ou chômage), expliquant 55% de la hausse de la population active (graphique 1). Ces mesures pourraient ainsi remettre en cause à la fois la forte croissance de l’économie américaine et le processus de désinflation. La deuxième grande knownunknowntient dans la politique commerciale : Trump a annoncé son intention d’imposer des droits de douane sur le Canada, le Mexique et de nouveaux sur la Chine et l’Union Européenne. Mais, difficile de savoir si cela relève d’une stratégie de négociation ou la première étape d’une longue liste de mesures protectionnistes.
Or, l’intervalle entre le niveau de taux de taxe sur les importations induit par ses promesses de campagne et le niveau actuel est colossal (graphique 2). En parallèle, ces mesures apparaissent, par certains aspects, paradoxales, avec un risque d’appréciation du dollar qui irait in fine à rebours de la volonté de réduction du déficit commercial. De ce fait, l’incertitude sur les intentions de la politique commerciale de Trump demeure.
Les politiques migratoire et commerciale ont, de fait, la capacité de modifier fortement le profil d’inflation aux Etats-Unis et donc de la politique de la Réserve fédérale. Or, l’on constate, depuis le début d'année, la poursuite de la progression des marchés actions, notamment aux Etats-Unis (+3,1) et en Europe (+4,6%) mais une certaine fébrilité sur les marchés obligataires. Les knownsunknowns ont la capacité d’ébranler cet équilibre instable et de maintenir un niveau de volatilité sur les marchés financiers dans les semaines à venir.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les indicateurs d'activité en zone euro ainsi que la décision de politique monétaire de la BoJ :
En zone euro : des indicateurs d'activité globalement faibles mais sur une tendance haussière
Le PMI Composite, indice de climat des affaires (moyenne pondérée des secteurs manufacturiers et de services) fait son retour en territoire d'expansion (première fois depuis août 2024) à 50,2 après 49,6 le mois dernier, porté par le secteur des services. En Allemagne le secteur manufacturier (environ 30% du PIB total) ressort encore en dessous du seuil des 50 mais en progrès à 44,1 alors qu'en France le PMI des services déçoit légèrement à 48,9. A noter que l'enquête de l'INSEE sur le climat des affaires signale également une faible croissance, étant inférieur à la moyenne de long-terme à la fois pour les services et le secteur manufacturier.
Japon : à contre-courant des autres banques centrales, la BoJ relève ses taux de 25bp
Comme largement attendu, la Banque du Japon (BoJ) a remonté ses taux directeurs pour les porter à 0,50% - un plus haut depuis octobre 2008, justifiée par l'amélioration économique et une inflation qui a surpris à la hausse. En effet, l'inflation a rebondi à 3,6% sur un an après 2,9% en novembre, en grande partie sous l’effet de la hausse des prix des produits frais. L’inflation sous-jacente est quant à elle restée stable à 3% sur un an (contre une cible de 2%). En outre, les projections de la BoJ d’un maintien de la croissance au-dessus de son potentiel ont incité ses membres à prévenir une potentielle surchauffe de l'économie.
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