Weekly Update - Tendance négative des indicateurs de « surprises » : ne pas surinterpréter trop vite
Les « surprises » comptabilisent, pour un grand nombre d’indicateurs économiques, les publications au-dessus ou en-dessous des anticipations. Depuis quelques semaines, les « surprises » côté activité apparaissent clairement négatives à la fois aux Etats-Unis et en zone euro. Ces surprises illustrent avant tout le maintien d’une certaine déconnexion entre les données d’enquêtes et les données « en dur », et ne remettent pas en cause notre scénario d’un environnement économique qui reste porteur, avec une activité modérée mais positive et une inflation qui continue de diminuer, ouvrant la voie aux baisses des taux des banques centrales.
Maintien d’une déconnexion entre les données d’enquêtes et les données en « dur ». Depuis le Covid, les indicateurs d’enquêtes sous-estiment la reprise de l’activité économique. La première explication était liée aux tensions très spécifiques liée à la crise du Covid, notamment celles liés aux difficultés d’approvisionnement et aux goulets d’étranglement. Plus récemment, cette déconnexion s’expliquerait par une sensibilité accrue des ménages et des entreprises à certaines variables – inflation et taux d’intérêt notamment, compte tenu que les économies développées n’avaient pas connu d’épisode inflationniste marqué depuis près de 40 ans et de taux élevés depuis 10 ans. Tout d’abord, les ménages continuent d’avoir une perception très négative de l’inflation alors que celle-ci a déjà bien diminué. En effet, les ménages restent davantage marqués par la hausse significative des prix, que par le ralentissement du rythme de hausse. La progression des revenus n’est en outre pas perçue comme suffisante et maintient une confiance dégradée des ménages. De façon équivalente, les enquêtes auprès des entreprises resteraient affectées par le niveau toujours élevé des taux d’intérêt.
Aux Etats-Unis, les enquêtes surestiment le ralentissement de l’économie. Partant de niveaux de croissance très élevés pendant plusieurs trimestres, l’activité économique ralenti outre-Atlantique et cette détente était à la fois attendue et souhaitable. Si ce ralentissement est bien réel, il apparaît surestimé par les données d’enquête. Les données en « dur » d’activité montrent un ralentissement beaucoup plus contenu. Si la consommation en biens des ménages ou encore le marché du travail ralentissent, la consommation en services, la production industrielle ou encore l’investissement des entreprises restent bien orientés. Au total, les données en « dur » nous confortent sur notre scénario d’une croissance qui pourrait se stabiliser autour de 2% aux Etats-Unis, soit son niveau pré-covid. Avec la confirmation de la baisse de l’inflation, ce scénario permettra à la Réserve fédérale de baisser ses taux d’intérêt dans les mois à venir.
En zone euro, la croissance resterait positive mais plus contenue et plus incertaine. En zone euro, le contexte reste différent des Etats-Unis, avec un niveau d’activité toujours plus modéré. En plus des enquêtes qui apparaissent en retrait, les données en « dur » donnent des signaux mitigés, avec notamment une activité industrielle qui continue de décevoir. Les données « en dur » et les indices de confiance continuent de signaler une divergence entre la robustesse des secteurs liés à l’investissement des entreprises (un moteur puissant de la croissance en 2022-23) et la faiblesse de la consommation des ménages (notamment en biens durables tels automobiles). Néanmoins, le repli de l’inflation dans un contexte de marché du travail toujours tendu et de croissance des salaires vigoureuses devraient permettre une amélioration du revenu disponible réel des ménages et à terme de la consommation. Nous continuons ainsi de tabler sur le maintien d’une croissance modérée mais positive, soutenue par la détente de l’inflation puis celle des taux d’intérêt au deuxième semestre.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l'inflation aux Etats-Unis ainsi que la situation économique et politique en France :
L’inflation aux Etats-Unis a poursuivi sa décrue au mois de juin, avec des chiffres nettement en dessous des attentes du marché. Les surprises baissières sont venues du côté de l’inflation des services, avec notamment la composante habitation (35% de l’indice CPI) qui montre enfin des signes de normalisation. Pour la première fois depuis quatre ans, les prix baissent sur le mois, à -0,1% alors que le consensus attendait une stagnation. En donnée sous-jacente, l’inflation s’élève à 3,3% sur un an contre 3,4% attendu. La Fed obtient ainsi des preuves concluantes sur le repli de l’inflation, ce qui devrait permettre à la Banque centrale de commencer à cycle de baisse de taux en septembre.
Les élections législatives en France n’ont pas produit un clair vainqueur, aucun des blocs n’ayant obtenu la majorité absolue, qui lui permettrait de soutenir un gouvernement composé depuis ses rangs. Ainsi, l’incertitude politique créée par la dissolution de l’Assemblée nationale n’est pas retombée. Dans sa dernière note de conjoncture, l’INSEE prévoyait avant les élections une croissance du PIB de 1,1% en France en 2024, soit autant qu’en 2023, notamment grâce à un effet Jeux Olympiques au T3 qui rehausserait la croissance de +0,3 point de%. Plusieurs éléments à la suite des élections peuvent désormais interférer avec cette prévision, notamment la durée du climat actuel d’incertitudes politiques, un éventuel changement de politique budgétaire ou bien encore des taux d’intérêt plus élevés.
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