Weekly Update - La Chine lance son quoi qu'il en coûte.
La Chine lance son « quoi qu’il en coûte ».
Compte tenu de la faiblesse persistante du marché immobilier, les autorités chinoises viennent d’annoncer un plan de mesures d’envergure pour relancer leur économie. La banque centrale chinoise (PBOC) a tout d’abord annoncé des baisses de taux et des mesures macroprudentielles. Ensuite, la réunion du Politburo s’est concrétisée par un engagement à mettre en place « les dépenses budgétaires nécessaires ». Les marchés financiers ont bien accueilli ces annonces, même si l’impact sur le temps long reste à prouver.
Un contexte économique difficile. L’économie chinoise fait face depuis plusieurs années à des difficultés conjoncturelles et structurelles. En premier lieu, le marché de l’immobilier reste très dégradé. Avec un surcroît d’offre, le volume des ventes a baissé de 50% depuis le Covid et les prix des logements continuent de baisser nettement (-10% sur un an en juillet), entrainant des difficultés financières pour les promoteurs immobiliers. Cette situation a pesé sur la reprise interne de l’économie post-Covid. Le taux de chômage a augmenté et la consommation des ménages reste en berne rendant fragile l’objectif de 5% de croissance fixée par le Politburo pour 2024
Cet affaiblissement économique, ainsi que le vieillissement marqué de la population, ont en outre amené nombreux observateurs à évoquer la possibilité pour la Chine de connaître une longue période de déflation à la japonaise. La PBOC a déjà plusieurs fois baissé ses taux directeurs, mais sans grand impact sur l’activité. Les nombreux appels pour des mesures plus radicales semblent avoir été entendus (au moins en partie) cette semaine, à la fois par la PBOC et le gouvernement central :
- Les mesures de la PBOC. La PBOC a de nouveau baissé ses taux directeurs mais aussi les taux pour les ménages ayant un prêt immobilier. Elle a, de plus, décidé de mettre en place des mesures macroprudentielles : réduction de l’apport initial sur les résidences secondaires, renforcement du mécanisme de rachats immobiliers et création d’une facilité permettant aux institutions financières de se financer pour acheter des actions.
- Les annonces du Politburo. Les autorités centrales ont affiché leur intention de mettre en place des « dépenses budgétaires nécessaires ». C’est un vrai signal fort sur la volonté du gouvernement, même si les détails officiels manquent encore. Les médias mentionnent un plan de relance à destination de la consommation des ménages de l’ordre de 2,000 milliards de yuan (soit 4% du PIB) d’ici à fin 2025.
L’impact économique et de marché. Les marchés actions chinois ont très bien accueilli ces annonces, avec près de +13% en devise locale sur la semaine. Cela a également soutenu les marchés mondiaux (+1,4%) et plus particulièrement ceux de la zone euro (+2,9%). Le secteur du luxe en Europe a notamment connu une hausse de plus de 12% sur la semaine.
Au-delà des effets d’annonce, il manque des précisions sur la mise en œuvre de ces mesures afin d’en évaluer leur impact sur le temps long. Notamment, la mise en place d’une structure de défaisance, pour « isoler » les créances douteuses pesant sur le marché immobilier, ne semble pas pour l’instant à l’ordre du jour.
Mais, si le signal envoyé cette semaine se concrétise, cela pourrait permettre un rebond plus durable des marchés actions chinois qui ont été jusqu’ici déprimés par l’atonie de la demande interne chinoise.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l'activité européenne, la décision de la Banque Centrale de Suisse ainsi que les spreads des taux français :
BCE : les marchés anticipent une détente plus marquée. Côtés indicateurs d’activité, les mauvaises surprises se sont enchainées cette semaine dans la zone euro (indices PMI bien en-dessous de 50 en France et en Allemagne). Les indices nationaux du climat des affaires (Ifo en Allemagne) confirment cette tendance, même si la confiance des consommateurs en France surprend avec un rebond positif. En parallèle, l'inflation de septembre a surpris par une baisse marquée en France et en Espagne (à respectivement 1,2% et 1,7% sur un an). Avec la confirmation d’une inflation qui pourrait rapidement baisser en dessous de 2% et une activité conjoncturelle moins favorable, la BCE pourrait accélérer son rythme de baisse des taux. Les marchés anticipent au moins une baisse de 25 points de base pour chacun des deux derniers comités de 2024.
Les difficultés politiques en France perturbent les taux. Les questions se renforcent sur la trajectoire à court terme des finances publiques françaises entre les révisions à la hausse du déficit pour 2024 et les questions sur la stabilité du nouveau gouvernement. Le taux à 10 ans auquel se finance l’Etat français s’est de nouveau écarté de l’Allemagne et est désormais plus élevé que celui de l’Espagne et du Portugal.
La Banque Nationale Suisse baisse de nouveau les taux. La banque centrale suisse (BNS) a décidé de baisser de 25 pb ses taux directeurs à 1%. La faiblesse de l’inflation, qui a atteint +1,1% sur un an en août et la vigueur du franc suisse expliquent cette troisième baisse de taux successive depuis le début d’année. La BNS a signalé qu’elle pourrait continuer, en particulier en cas de poursuite de l’appréciation du Franc.
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