Weekly Update - Lagarde et Draghi pointent du doigt la faiblesse de la productivité
Alors que la Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé récemment de baisser ses taux de 25 points de base (pb), à 3,50 %, la présidente de la BCE, Mme Lagarde, est restée évasive sur les perspectives à plus long terme, ne souhaitant pas s’engager sur une trajectoire précise. Elle a souligné la persistance de l’inflation domestique, due en partie à la faiblesse des gains de productivité. Cela fait écho au rapport publié par M. Draghi cette semaine sur « Le Futur de la compétitivité européenne ». Il y insiste en effet sur la nécessité de redresser la productivité, en proposant des réformes conséquentes nécessitant des programmes d’investissement massifs.
Draghi : agir maintenant ou dépérir. Dans son rapport, l’ancien président de la BCE et ancien Premier ministre italien fait un constat alarmant sur les perspectives de croissance de l’Union Européenne (UE), avec pour fil conducteur la faiblesse de ses gains de productivité. Il souligne trois défis majeurs pour l’UE : son retard en termes d’innovation, le changement climatique et sa dépendance externe (énergétique, militaire, etc.). Ce constat n’est pas nouveau et ces défis font partie des principaux objectifs de l’UE depuis plusieurs années. Mais M. Draghi dénonce l’absence d’actions pour y remédier ainsi que le manque de moyens. Il propose plusieurs façons d’y répondre. Tout d’abord, plus de coopération là où elle peut être utile (industrie de la défense en particulier). Ensuite, réduire les barrières à l’innovation (et donc la bureaucratie) et la fragmentation européenne en parachevant le marché unique (union des marchés des capitaux et union bancaire – deux projets amorcés il y a plus de 10 ans). Enfin, la mise en œuvre de nombreux plans d’investissement, financés à la fois par une meilleure allocation de l’épargne privée et par la création d’un actif sans risque européen.
Si le diagnostic sur l’économie européenne a été plutôt bien accueilli, les actions préconisées ont rapidement fait l’objet d’objections. Or, sans elles, selon M. Draghi, l’Europe ne pourra pas affronter les défis présentés tout en préservant son modèle social et démocratique – un défi existentiel en somme.
La BCE baisse ses taux mais reste floue sur l’avenir. Sans surprise, la BCE a baissé ses taux de 25 pb pour la deuxième fois. Cette décision a été prise à l’unanimité, mais Mme Lagarde a rappelé que de futures baisses de taux dépendraient des données, notamment en raison du niveau encore élevé de l’inflation des services (4,2 % sur un an). Or, cette persistance est due à deux facteurs peu volatils : la croissance des salaires et la faiblesse des gains de productivité. Si les salaires montrent récemment quelques signes de modération, la productivité reste déprimée. Ainsi, la persistance de l’inflation domestique pourrait perdurer et empêcher une nouvelle baisse dès la réunion du 17 octobre.
Néanmoins, d’autres éléments pourraient changer la donne. En premier lieu, la baisse récente du prix du pétrole pourrait permettre une baisse de l’inflation totale sous la cible de 2 %. Ensuite, si elle s’intensifiait, la faiblesse de l’activité, notamment en Allemagne, pourrait renforcer les craintes de récession, ne laissant plus trop de choix à la BCE. Considérant qu’elle pourrait jouer la carte de la prudence, nous continuons d’attendre jusqu’à deux baisses de taux supplémentaires de la BCE d’ici la fin 2024.