Weekly Update - L’inflation baisse mais pas les prix !
En France, comme dans l’ensemble de la zone euro, le pic de l’inflation est clairement passé. Cependant, les ménages continuent d’avoir une perception négative de l’évolution des prix. Deux facteurs expliquent cela : les prix restent élevés, en particulier pour certaines catégories de produits de consommation courante, et si les revenus s'ajustent progressivement, cet ajustement n'est pas uniforme pour tous. En comparaison avec le reste de la zone euro, la France se distingue par une augmentation totale plus faible des prix et par une croissance positive du pouvoir d’achat des ménages depuis le Covid.
Le pic de l’inflation est passé. En juin, l'inflation s'est établie à 2,5% sur un an en zone euro et en France, marquant une nette décrue par rapport à des pics proches de 10% en zone euro et 7% en France fin 2022/début 2023. Cette détente de l'inflation découle de la fin des effets de la crise sanitaire et de la Guerre en Ukraine. Néanmoins, même si l'inflation s'atténue, les prix restent élevés (et de fait augmentent toujours, mais moins vite) et continuent de peser sur la confiance des ménages. En effet, depuis fin 2019, les indices des prix ont augmenté de 20% en zone euro et de plus de 17% en France. Certaines catégories de consommation courante ont été particulièrement touchées, ce qui exacerbe la perception négative des ménages, même si elles représentent une part relativement faible du panier de consommation moyen. Ainsi, les prix de l'alimentation ont augmenté de 30% en zone euro et de 26% en France sur la même période, tandis que les prix de l'énergie ont connu une hausse de respectivement 39% et 37%. Ces catégories représentent seulement 16% pour l'alimentation et 10% pour l'énergie du panier moyen, mais jouent un rôle significatif dans la perception des prix par les ménages.
Les revenus s’ajustent de manière inégale. Alors que l'inflation diminue de façon significative et devrait progressivement retrouver l'objectif de 2% fixé par la banque centrale, les prix devraient continuer d'augmenter, mais à un rythme plus lent. Les revenus des ménages rattrapent progressivement l'évolution des prix, mais avec des différences notables selon les pays. En France, le pouvoir d'achat, qui mesure l'évolution de l'ensemble des revenus déflatés de l'inflation, affiche une nette progression depuis la crise sanitaire – c’est aussi le cas, plus récemment, en Espagne. Il est cependant quasi stable en Allemagne et en nette baisse en Italie. En France, cette progression du pouvoir d'achat s’explique par la hausse des salaires, de l'emploi et des revenus du patrimoine dans un contexte de taux d'intérêt plus élevés. Elle bénéficie avant tout aux ménages aux revenus les plus faibles et aux revenus les plus élevés, les premiers bénéficiant de la hausse du salaire minimum et les seconds des effets patrimoniaux.
La Banque Centrale Européenne (BCE) conserverait un rythme progressif de baisse des taux. Alors que l'inflation continue de baisser en France et plus globalement en zone euro, la BCE devrait pouvoir poursuivre son cycle de baisse des taux directeurs. Cependant, même si elle est naturelle et souhaitable, l'ajustement des revenus maintient une certaine persistance des tensions sur les prix, en particulier pour les prix des services. La BCE devrait donc adopter un rythme progressif dans sa baisse des taux.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l'activité économique aux Etats-Unis ainsi que les élections générales au Royaume-Uni :
Les indices d’activité ISM aux Etats-Unis suggèrent un ralentissement de l’économie au mois de juin. L’indicateur dans les services est ressorti plus bas que les attentes en juin, à 48,8 contre 52,5 attendu. L’indice est principalement pénalisé par les nouvelles commandes. De son côté, l’activité industrielle ralenti plus qu’attendu à 48,5 contre 49,1 sur le mois. Le marché du travail poursuit sa lente normalisation après la création de 206 000 emplois en juin- contre 190 000 attendus et une forte révision des créations en mai, de 272 000 à 218 000 créations. Le taux de chômage a aussi surpris à la hausse, à 4,1% contre 4% attendu.
Les élections législatives au Royaume-Uni ont donné une large majorité au parti travailliste comme attendu. Ainsi, le parti travailliste retrouve la majorité absolue au parlement après 14 ans de pouvoir conservateur, avec 411 sièges sur 650. L’ancien barrister Keir Starmer devient le nouveau premier ministre, avec un programme économique modéré (quelques hausses d’impôts ciblées et une volonté d’améliorer les services publics de la santé et de l’éducation). Dans les faits marquants de ces élections, le parti conservateur perd plus de 200 sièges alors que le parti antisystème de Nigel Farage classé à l’extrême-droite obtient une dizaine de sièges et le parti libéral en obtient 71, son plus haut total.
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