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Weekly Update - Banque Centrale Européenne : un pivot progressif, sans précipitation

Banque Centrale Européenne : un pivot progressif, sans précipitation

La Banque Centrale Européenne (BCE) a abaissé ses taux directeurs, comme largement anticipé. Cependant, la révision à la hausse des prévisions d'inflation et le discours plutôt "dur" de la conférence de presse suggèrent un cycle de baisses de taux qui restera progressif, entraînant un ajustement à la marge des anticipations des marchés.

La BCE a mis fin à neuf mois de statu quo en abaissant ses trois taux d'intérêt directeurs de 25 points de base. Ainsi, les taux d'intérêt des opérations principales de refinancement, de la facilité de prêt marginal et de la facilité de dépôt seront réduits à respectivement 4,25 %, 4,50 % et 3,75 % à compter du 12 juin 2024. Cette action confirme la volonté de la banque centrale d'assouplir le caractère restrictif de sa politique, dans un contexte où l'inflation a déjà fortement diminué par rapport à son pic de fin 2022. En parallèle, la BCE maintient inchangée sa politique de réduction progressive de la taille de son bilan.

La BCE a révisé à la hausse ses prévisions de croissance et d'inflation. L'institution prévoit désormais un rebond plus important de l'activité économique en 2024, avec une croissance prévue à 0,9 % (contre 0,6 % précédemment), puis 1,4 % en 2025 et 1,6 % en 2026. Cette révision reflète les bonnes surprises côté indicateurs d'activité, avec une croissance au premier trimestre plus favorable qu'attendue et des indicateurs avancés suggérant la poursuite de cette amélioration. La BCE prévoit également que l'inflation totale restera plus longtemps au-dessus de sa cible de 2 %, avec une inflation moyenne prévue à 2,5 % en 2024, 2,2 % en 2025 et 1,9 % en 2026. Cette révision intègre les derniers chiffres d'inflation publiés en légère progression, à 2,6 % sur un an en mai contre 2,4 % en avril, mais surtout les tensions salariales plus importantes qu'anticipées pour le début d'année. En plus de ces révisions à la hausse de ses prévisions d’inflation, Christine Lagarde a surpris avec une communication particulièrement prudente vis-à-vis de la trajectoire à venir sur l’inflation et donc sur les taux d’intérêt directeurs.

La prudence de la communication de la BCE se reflète sur les marchés. Même si le mouvement reste modéré, l'annonce de la baisse des taux de la BCE a été suivie par une légère progression des taux d'intérêt des marchés monétaires et obligataires. Les marchés excluent désormais une deuxième baisse des taux de la BCE dès juillet et prennent acte de la prudence de la BCE. Toutefois, ils continuent de tabler sur presque 50 points de base de nouvelles baisses de taux d'ici fin 2024. Dans un contexte où l'activité économique reste freinée par la modération de l'activité de crédit bancaire, nous continuons aussi de tabler sur la poursuite du cycle de baisse des taux de la BCE, avec deux baisses supplémentaires au second semestre.

Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l'activité et le marché du travail aux Etats-Unis ainsi que l'inflation et la croissance en Suisse : 

  • L’activité aux Etats-Unis est ressortie contrastée au mois de mai. L’indice ISM indique une contraction plus forte qu’attendue dans le secteur manufacturier à 48,7 contre 49,6 alors qu’il croît plus fortement qu’attendu dans les services à 53,8 contre 50,8. Les indicateurs montrent surtout une composante prix en ralentissement ce qui rassure les marchés sur la direction prise par l’inflation. L’économie américaine a créé 272 000 emplois non agricoles en mai, plus qu’attendu par le consensus (185 000). Malgré tout, le chômage augmente à 4% contre 3,9% attendu. Les salaires sont eux ressortis en accélération à 4,1% sur un an alors que le consensus s’attendait à un ralentissement à 3,9%. Finalement, la direction de l’inflation aux Etats-Unis reste incertaine et fait douter les marchés quant à la capacité de la Fed à baisser ses taux prochainement.

  • L’inflation en Suisse est restée inchangée à 1,4% sur un an en mai, le plus haut niveau depuis le début de l’année. Le coût du logement et des transports sont les seules composantes qui accélèrent sur le mois, ce qui laisse entendre que l’inflation est contrôlée. De plus, la croissance économique a surpris positivement au T1 à 0,5% t/t contre 0,3% attendu. Ainsi, bien que les marchés tablent sur une ou deux baisses de taux de la BNS au cours de l’année, ils penchent désormais vers le statu-quo à sa réunion du 20 juin dans le contexte d’une inflation qui n’accélère pas mais qui reste élevée pour le pays et une croissance plus dynamique qu’attendu.

 

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