Weekly Update - Année 2024, année charnière pour le Royaume-Uni ?
2024 est une année charnière pour le Royaume-Uni. Tout d’abord, comme pour la zone euro, l’économie semble rebondir après deux années de croissance quasi-nulle. Ensuite, l’inflation se replie, ce qui devrait permettre à la Banque d’Angleterre de baisser les taux pour la première fois depuis la pandémie. Les marchés d’actions britanniques pourraient ainsi continuer de bien performer, après une année 2023 en berne. Enfin, les élections législatives qui se tiendront le 4 juillet devraient mettre un terme à 14 ans de pouvoir du parti conservateur, avec un retour du parti travailliste.
Stagnation économique depuis fin 2021. L’économie britannique a nettement sous-performé par rapport à ses pairs, y compris les pays de la zone euro, depuis le début de la pandémie. Plusieurs facteurs ont pesé sur la croissance. D’une part, le Royaume-Uni a été parmi les pays les plus négativement impactés par les mesures de restrictions sanitaires (affichant -10.4% en 2020 soit la deuxième plus forte baisse de croissance du PIB des pays de l’OCDE). Le niveau de PIB pré-Covid n’a été retrouvé que fin 2021. Par la suite, en plus des problèmes de goulets d’étranglement et de l’explosion des prix du gaz liée à la guerre en Ukraine, la reprise a été perturbée par la mise en place du Brexit, avec des incertitudes sur l’environnement réglementaire et sur les barrières commerciales et contrôles aux frontières. Ainsi, entre la fin 2021 et la fin 2023, le niveau du PIB britannique n’a quasiment pas augmenté, contre près de 2% de hausse en zone euro et plus de 3,5% aux Etats-Unis.
Une récente inversion de tendance. Depuis début 2024, la situation a changé : la croissance du PIB a atteint 0,6% t/t au premier trimestre, tirée par un fort rebond de la demande interne (consommation et investissement) – en comparaison avec 0,3% en zone euro et aux Etats-Unis. Cette amélioration de l’activité devrait se poursuivre, le repli de l’inflation (et la baisse des taux attendue) soutenant le revenu disponible des ménages.
Repli modéré de l’inflation que devrait entériner la Banque d’Angleterre (BoE). Après avoir été systématiquement (et fortement) supérieure à celle de ses pairs, l’inflation britannique a nettement ralenti au cours des derniers mois, à 2,3% sur un an en avril, soit au niveau de celle de la zone euro et bien en-deçà de l’inflation américaine. Néanmoins, l’inflation sous-jacente reste élevée (3,9% sur un an), notamment en raison des prix des services. Ainsi, bien que proche de la cible, l’inflation britannique continue de montrer des signes de tensions. De ce fait, les marchés ont revu leurs anticipations de baisse de taux pour la réunion du 20 juin (probabilité de 60% avant la publication des chiffres d’inflation à seulement 5% depuis), d’autant plus que cette réunion n’aura lieu que deux semaines avant l’élection. Cependant, la BoE devrait pouvoir débuter ses baisses de taux dès le mois d’août. En effet, les tensions sur le marché du travail ont commencé à se modérer : les créations d’emplois ont baissé lors des trois derniers mois et la croissance des salaires se modère.
Campagne électorale avec peu d’enjeux ? Le Premier Ministre conservateur a annoncé la tenue des élections pour le 4 juillet. Les sondages donnent une avance de plus de 20 points au parti travailliste. Alors qu’il était au cœur de la précédente élection, le Brexit est absent de cette campagne, qui se focalise pour le moment sur l’état des services publics (hôpitaux publics en tête) et sur les moyens d’en financer leur amélioration. Dans tous les cas, le gouvernement issu des élections restera contraint par des marges de manœuvre budgétaires limitées.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l'inflation en zone euro ainsi que l'inflation aux Etats-Unis :
L’inflation en zone euro a rebondi un peu plus fortement qu’attendu par les marchés au mois de mai, à 2,6% sur un an contre 2,5% attendu après 2,4% au mois d’avril. L’accélération se retrouve dans l’inflation sous-jacente, ressortie à 2,9% sur un an contre 2,8% attendu par le consensus. Au niveau national, l’inflation harmonisée a augmenté en France à 2,7% contre 2,6% attendu et à 2,8% en Allemagne. Ce sursaut de l’inflation est causé à la fois par une hausse des prix de l’énergie et un rebond de l’inflation des services. Ces données ne devraient pas remettre en question la baisse de taux attendue de la BCE la semaine prochaine mais, en ligne avec nos anticipations, limite la possibilité de la BCE de baisser ses taux agressivement par la suite.
Le déflateur des prix à la consommation (indice PCE), la mesure de l’inflation la plus suivie par la Fed, est ressorti inférieur aux attentes pour le mois d’avril, en hausse de 0,2% sur le mois contre 0,3% attendu. La mesure montre toutefois que l’inflation reste rigide conformément aux attentes, à 2,7% sur un an en donnée totale et 2,8% en donnée sous-jacente, le même niveau que le mois précédent. Du côté des consommateurs, les dépenses personnelles ralentissent, tout comme les revenus, à 0,2% et 0,3% respectivement, reflet de l’affaiblissement des pressions inflationnistes. Ces chiffres attestent la décrue lente de l’inflation aux Etats-Unis, et vont dans le sens de notre scénario d’une baisse des taux de la Fed plus tard dans l’année.
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