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Weekly Update - Zone euro : une balance commerciale bien excédentaire

La balance commerciale de la zone euro avait fortement basculé en zone déficitaire au moment de la crise énergétique. Si elle est bien revenue en territoire positif depuis plusieurs mois, l’offensive commerciale chinoise en cours pourrait continuer de peser.
 
Une balance commerciale qui confirme son retour en territoire positif. La zone euro affiche un excédent de 57 milliards d’euros dans ses échanges de biens avec le reste du monde au premier trimestre 2024. Ce chiffre confirme le retour en territoire positif de la balance commerciale observé depuis mi-2023, après deux ans de déficit provoqué par la crise énergétique (cf. graphique 1). L’amélioration reflète ainsi en grande partie les effets de la baisse des prix de l’énergie ; mais au-delà de cet effet prix, elle s’explique aussi par un recul plus important des volumes des importations que des exportations dans un contexte de demande intérieure au ralenti. Au sein des principaux pays de la zone, et en intégrant cette fois les échanges intra-zone euro, l’Allemagne a retrouvé un niveau élevé d’excédent commercial, et même plus élevé qu’avant le Covid, sa demande intérieure étant particulièrement atone. L’Italie a quant à elle retrouvé une balance commerciale nettement excédentaire, tandis que la France et l’Espagne ont retrouvé leur niveau de déficits modérés, après des déficits records en 2022.
 
Les crises Covid et énergie ont modifié les équilibres avec les principales régions du monde. L’excédent commercial s’est renforcé vis-à-vis des Etats-Unis et du Royaume-Uni par rapport à avant le Covid. La crise de l’énergie a tout d’abord réduit ces excédents, du fait d’un transfert des importations en énergie de la Russie, à l’avantage de ces pays. Mais plus récemment, l’excédent s’est de nouveau accentué, notamment pour les Etats-Unis, du fait d’une demande plus dynamique outr-atlantique. Les exportations européennes pourraient en outre avoir bénéficié de l’augmentation des restrictions douanières par les Etats-Unis vis-à-vis des importations chinoises. L'excédent commercial de la zone euro avec les États-Unis a ainsi atteint un record de 44 milliards d'euros au premier trimestre, en hausse de 30% par rapport à l'année précédente. En parallèle, le déficit bilatéral avec la Chine semble s’être modéré ces derniers mois, mais après une dégradation marquée post Covid. La Chine reste le pays avec lequel la zone euro affiche le déficit commercial le plus important et ce déficit reste aujourd’hui nettement plus marqué qu’avant le Covid, à 47 milliards de dollars, et pourrait s’accentuer encore aux vues de l’offensive commerciale chinoise en cours.
 
Pas d’arrêt de la mondialisation, au contraire, les exportations chinoises étant très dynamiques. La pandémie, avec les difficultés rencontrées sur les chaînes de production mondialisées, et le climat géopolitique, avec le renforcement des mesures protectionnistes, ont fait craindre un coup d’arrêt brutal à la mondialisation. Pour autant, à ce jour, les données montrent une autre image, avec un niveau d’échanges commerciaux toujours très élevés (cf.
Focus Stratégie : Mondialisation : tendances et conséquences). La Chine apparaît notamment toujours très dynamique. Les exportations nettes chinoises, qui avaient déjà connu une croissance très élevée après l’intégration du pays dans l’organisation mondiale du commerce (OMC) en 2001, connaissent de nouveau une forte dynamique depuis le Covid (cf. graphique 2). Ce dynamisme s’explique au départ par la forte demande en biens dans les économies développées, et notamment aux Etats-Unis, au moment et après les confinements, puis par une demande interne atone et enfin par un soutien politique très volontariste (notamment dans l’industrie automobile et les énergies renouvelables). 
 
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l'inflation et les élections britanniques ainsi que l'activité et les salaires en zone euro : 

  • L’inflation au Royaume-Uni a fortement ralenti au mois d’avril mais ressort supérieure aux attentes, à 2,3% sur un an contre 2,1% attendu et 3,2% le mois précédent. En donnée sous-jacente, l’inflation reste élevée sur un an, à 3,9% contre 3,6% attendu. Alors que les prix des biens ont fortement ralenti, l’inflation des services est restée quasi-stable. Ces données montrent que l’inflation se rapproche de l’objectif de la banque centrale, qui pourrait être en mesure de baisser ses taux au cours de l’été, si la trajectoire se confirme. Néanmoins, les marchés ont considérablement baissé leurs anticipations de baisse de taux pour la réunion de juin. Dans le même temps, le premier ministre Sunak a annoncé des élections législatives le 4 juillet, où le parti d’opposition travailliste est largement favori.

  • Les indices de climat des affaires PMI pour le mois de mai ont confirmé que l’activité en zone euro se redressait mais restait modérée et fragile. L’indice PMI du secteur manufacturier pour la zone euro a rebondi en mai mais reste en-dessous du seuil des 50 séparant contraction du secteur et expansion. L’indice des services est quant à lui resté stable, permettant à l’indice composite de retrouver un plus haut niveau depuis un an. La statistique phare en zone euro était toutefois l’indice des salaires négociés, qui augmentent au mois de mai de 4,7% sur un an contre 4,5% précédemment. La BCE considère toutefois que les indicateurs avancés plaident pour une modération de la croissance des salaires à venir. Ainsi, cela ne devrait pas empêcher la BCE de baisser ses taux en juin mais est en ligne avec notre scénario de baisses de taux modérées cette année.

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