Weekly Update - Coup de projecteur sur les élections européennes
2024 est clairement une année électorale, avec plus de 60 pays et près de la moitié de la population mondiale appelés à voter, dont la Russie, l’Inde, probablement le Royaume-Uni et bien entendu les Etats-Unis. Les élections européennes, elles, se dérouleront entre le 6 et 9 juin. Souvent oubliées ou minorées, ces élections seront néanmoins importantes pour l’UE, compte tenu des nombreux sujets brûlants qui attendent le nouveau Parlement et la nouvelle Commission européenne qui en découlera.
Des élections européennes plus importantes qu’il n’y paraît. Tous les 5 ans, les citoyens des 27 pays membres de l’UE (pour la première fois sans les citoyens britanniques) éliront les parlementaires européens. Le Parlement européen est la seule institution de l’UE élue démocratiquement. Il a progressivement gagné en pouvoir politique : le Parlement adopte en effet les lois et le budget européen conjointement avec le Conseil de l’UE et il élit (et révoque le cas échéant) la Commission européenne. Malgré ces pouvoirs élargis, ces élections souffrent d’un faible taux de participation (50.7% en 2019).
Un parlement fragmenté qui devrait le rester. La majorité actuelle est composée par les trois principales forces du Parlement : le centre-droit EPP, le centre-gauche S&D et les libéraux de Renaissance – avec une majorité de plus de 60 sièges sur 705. Les partis anti-establishment ID (extrême-droite) et ECR (droite anti-fédéraliste) représentent environ 18% des sièges ; les partis de gauche (The Left) et les verts respectivement 5% et 10% des sièges. Cette fragmentation du Parlement se retrouve également au sein du Conseil de l’UE : alors qu’en 2014, 24 sur 28 chefs d’états appartenaient à l’EPP ou au S&D, ces deux partis n’en représentent désormais qu’environ la moitié. Cette fragmentation devrait persister à l’issue des élections à venir. En effet, selon les sondages, les principaux perdants seraient le parti Renaissance (-3% en part de sièges) et les verts (- 4%) et les principaux gagnants les partis eurosceptiques ou anti-establishment ID et ECR (+4%) et les non-inscrits (+5% dont le parti hongrois Fidesz qui a été suspendu de l’EPP). Ces élections devraient donc marquer un léger virage à droite du Parlement.
Pas de changements majeurs dans l’équilibre des forces à attendre. D’une part, les partis EPP-S&D-RE obtiendraient toujours la majorité, mais de seulement environ 35 sièges. Cela renforcerait la nécessité de trouver des compromis et pourrait impliquer plus de paralysie ou d’impasse politique. Les partis anti-establishment de droite passeraient de 18% à 23% des sièges ou de 23% à 27% si l’on y ajoute les partis de gauche eurosceptiques. Leur pouvoir de blocage devrait ainsi être renforcé mais il ne resterait que marginal : uniquement en cas de désaccord des partis plus mainstream. De plus, la majorité de ces partis ont atténué leur position anti-européenne, en s’opposant à une plus forte intégration mais sans prôner désormais la sortie de l’UE (à quelques exceptions près).
Des sujets brûlants en perspectives. Une fois la nouvelle Commission en place (fin 2024 ou début 2025), elle devra gérer de nombreux sujets brûlants : réformer les règles budgétaires afin d’améliorer les finances publiques ; finaliser l’Union bancaire et celle des marchés des capitaux ; le renouvellement du Pacte Vert et possiblement du plan de relance européen; la réforme des institutions européennes (pour préparer l’adhésion de l’Ukraine notamment à l’UE) et enfin mettre en place l’autonomie stratégique pour rendre l’UE plus indépendante dans les secteurs de la défense, de l’énergie ou de la technologie.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les chiffres d'inflation américains ainsi que les chiffres d'inflation européens :
Le déflateur de la consommation privée (PCE) sous-jacent – l’indice d’inflation préféré de la Fed – est ressorti conforme aux attentes des marchés pour le mois de janvier, à 0.4% en mois sur mois après 0.1%. Sur l’année, l’indice sous-jacent se replie légèrement de 2,9% a/a à 2.8%. Dans l'ensemble, l'indice des prix PCE de janvier confirme que l’inflation hors services s'est accélérée de façon marquée, conduisant à une réévaluation du calendrier des réductions de taux des marchés. Une part importante de cette augmentation est due à des effets saisonniers inhabituellement importants pour le mois de janvier. Néanmoins, le processus de désinflation se poursuit, même s’il s’avère plus lent qu’initialement espéré par les marchés.
De son côté, l’inflation européenne est ressortie légèrement supérieure aux attentes en février, à 2,6% en glissement annuel contre 2,5% attendu par le marché. L’inflation sous-jacente surprend aussi les marchés, à 3,1% a/a contre des anticipations à 2,9%. Cette surprise à la hausse s’explique par une inflation des services qui reste élevée (en léger repli de 4% à 3,9% en glissement annuel). Ainsi, comme aux Etats-Unis, la tendance à la baisse de l’inflation est confirmée, bien qu’elle soit plus lente qu’espéré initialement.
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