Weekly Update - Nouveau rebond des marchés avec des banques centrales qui alimentent l’anticipation du pivot
Les principales banques centrales se sont réunies cette semaine. Si elles n’ont pas modifié leurs taux directeurs, la Banque Centrale Européenne (BCE) et surtout la Réserve fédérale (Fed) ont adopté une communication plus accommodante. Les marchés ont de nouveau augmenté leurs anticipations de baisse des taux directeurs pour 2024, entraînant un net rebond des principaux marchés actions et obligataires.
Clair pivot dans la communication de la Fed. La Fed conserve, sans surprise, ses taux à 5,25-5,5%, inchangés depuis fin juillet, mais surprend les marchés par une communication clairement plus accommodante. Lors de la conférence de presse, Jérôme Powell n’a pas réfuté les baisses de taux anticipées par le marché pour l’année à venir. En outre, la Fed a révisé ses prévisions pour 2024, tablant toujours sur un scénario de croissance positive, mais avec une inflation sous-jacente revue en légère baisse et surtout selon le "dot-plot" - une représentation visuelle des attentes des membres en matière de taux pour les années à venir - une détente plus importante de ses taux directeurs, de 75 points de base en 2024. Les marchés ont corrigé leurs anticipations et vont dorénavant bien au-delà avec une première baisse de taux en mars et jusqu’à 150 points de baisse des taux au total de l’année.
La BCE adoucit son discours mais seulement de façon modérée. La BCE maintient son taux de refinancement à 4,5% stable depuis la mi-septembre. Elle a annoncé avancer de six mois une des modalités de réduction de son bilan : cette annonce pourrait apparaître comme restrictive mais représente un montant assez faible de sa politique de bilan. La tonalité de la conférence de presse s’est infléchie mais de façon clairement plus nuancée que pour la Fed. En effet, Christine Lagarde n’a pas évoqué aussi explicitement que précédemment que la BCE ne comptait pas baisser les taux au cours des deux prochains trimestres. En parallèle, les nouvelles prévisions de la Banque tablent sur la poursuite de la détente de l’inflation en 2024, alors même qu’elles n’intègrent pas à ce stade le dernier chiffre d’inflation de novembre qui avait largement surpris à la baisse. Les marchés anticipent dorénavant jusqu’à 100 points de base de baisse de taux de la BCE pour 2024.
La Banque d’Angleterre (BoE) se démarque par un discours moins accommodant. La BoE a gardé inchangé son taux à 5,25%, stable depuis début août. Elle a en revanche conservé une communication plutôt dure, avec encore plusieurs membres du comité de politique monétaire ayant voté en faveur d’une nouvelle hausse (3 contre 6 en faveur de la stabilité). Le comité continue en outre de « juger que la politique monétaire va devoir rester restrictive pour une période prolongée ». Le marché anticipe 75 points de base de détente de taux pour 2024.
Les marchés anticipent des baisses de taux directeurs plus rapides et plus marquées. Les taux à 10 ans ont ainsi baissé de près de 100 points de base depuis leur point haut de la mi-octobre, atteignant 3,9% aux Etats-Unis, 3,8% au Royaume-Uni et 2,6% en France. Les marchés ont de nouveau rebondi dans ce contexte, à la fois côté marchés actions et les différents marchés obligataires (souverains et d’entreprises). On peut clairement se réjouir de ce rebond, qui renforce les belles performances de notre allocation depuis le début d’année. Il faut cependant rester vigilants quant aux potentielles surprises sur l’inflation qui pourraient continuer de générer de la de la volatilité sur les taux d’intérêt durant les premiers mois de 2024.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les chiffres d'inflation CPI et PPI américian ainsi que les enquêtes activité HCOB en Europe:
L’indice des prix à la consommation américain a augmenté de 0,1 % sur le mois de novembre et de 0,3 % pour l’inflation sous-jacente. Cela donne 3,1% sur un an et 4% respectivement, en ligne avec les attentes des marchés. La baisse des prix de l’énergie contribue à la baisse de l’inflation de même que celles des biens durables, dont les voitures d’occasion. Le point faible est la réaccélération de la composante logement et de certains autres services. L’indice des prix à la production a progressé de juste 2% en novembre. Ces deux indicateurs suggèrent que le déflateur de la consommation du mois de novembre (mesure ciblée par la Fed) se rapproche de 2%.
L’enquête PMI reste décevante en zone euro, avec un indice composite qui s’établit à 47 pour décembre, contre 48 attendus. Pour rappel, un indice supérieur à 50 correspond à une expansion, et un indice inferieur à 50 correspond à une contraction. Il s’agit du septième mois consécutif de contraction de l’activité selon cette enquête. Cette baisse de l’activité est surtout due au secteur manufacturier, avec un indice PMI à 44,2 – faiblesse confirmée par les données de production industrielle (baisse de 0.7% sur le mois d’octobre après -1%, soit -6,6% sur un an). Le secteur des services se contracte également, mais résiste mieux, avec un indice à 48,1. Au niveau des pays, les chiffres français sont au plus bas depuis fin 2020 avec un indice à 43,7, et l’Allemagne résiste légèrement mieux, avec un PMI à 46,7.
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