Weekly Update - Une fin d’année qui détonne sur les marchés obligataires !
Si les trois premiers trimestres de l’année s’étaient inscrits dans la continuité de 2022, avec la poursuite de tensions à la hausse sur les taux, le mouvement s’est inversé de façon marquée depuis octobre – en grande partie en raison d’un repli marqué de l’inflation. Les marchés obligataires affichent des performances très (trop ?) positives ces dernières semaines, notamment en zone euro.
Forte baisse des taux longs depuis un mois, notamment en zone euro. Alors qu’ils avaient connu une hausse moindre que leurs pairs jusqu’ici, les taux à 10 ans de la zone euro ont baissé plus fortement depuis un mois et demi que ceux des Etats-Unis ou du Royaume-Uni. En conséquence, le prix des obligations (qui évolue à l’inverse des taux) s’est nettement renchéri depuis début novembre. Au Royaume-Uni, cela permet à l’indice obligataire souverain de flirter avec une performance nulle au total de l’année, contre une performance de près de 5% pour l’Allemagne et de 2% pour les Etats-Unis (graphique 1). Les marchés obligataires souverains des pays européens avec un ratio de dette publique élevé ont bénéficié de ce mouvement, avec une surperformance de l’Italie, de l ‘Espagne et de la France notamment (entre 5% et 7% depuis le début de l’année). Le marché des obligations d’entreprises a aussi bénéficié de ce rebond, avec une performance qui dépasse 7% en zone euro (graphique 2). Ces mouvements nous confortent sur notre surexposition aux marchés obligataires et en particulier à l’Investment Grade (entreprises bien notées), dans un contexte de bilans solides des entreprises, que ce soit aux Etats-Unis ou en zone euro.
Anticipations de baisses de taux directeurs. La principale raison de ce mouvement réside dans les anticipations par les marchés de la politique monétaire à venir. En effet, grâce à un repli marqué de l’inflation, les marchés sont rapidement passés d’un scénario où les banques centrales (Fed et BoE surtout) resserreraient trop leurs politiques monétaires à un scenario de baisses rapides dans les mois à venir. Les anticipations de détente monétaire se sont accélérées récemment pour la BCE et la Fed notamment, avec des baisses qui interviendraient selon les marchés dès mars ou avril et atteindraient 150pb d’ici à la fin de l’année. Ces anticipations sont moins le fait de déceptions en termes de croissance économique (les données récentes ayant été plutôt mitigées) que résultants du repli marqué de l’inflation (à 2,4% sur un an en novembre en zone euro). Les chiffres d’inflation pour novembre des Etats-Unis et du Royaume-Uni ne seront publiés que dans les semaines à venir et pourraient converger vers ceux de la zone euro, ce qui pourrait renforcer ces anticipations.
Nous restons confiants sur notre positionnement stratégique équilibré entre actions et obligations. En effet l’ensemble des marchés, actions et obligataires, bénéficie de cette correction sur les taux. Néanmoins, ces anticipations de marchés pourraient s’avérer trop optimistes. Les principales banques centrales se réunissent la semaine prochaine. Elles devraient confirmer la fin du cycle de hausse de taux et se féliciter du repli de l’inflation, néanmoins, elles pourraient également signaler aux marchés que discuter de baisses de taux reste prématuré. En outre, compte tenu d’effet de base moins favorables, les chiffres d’inflation du mois de décembre (publiés début et mi-janvier) pourraient rebondir.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les chiffres de l'activité européenne, l'actualité du cours du pétrole ainsi que le rapport emploi américain :
Le rapport sur l’emploi américain du mois de novembre signale une bonne santé persistante du marché du travail, avec 199 000 emplois crées – un chiffre inférieur à la moyenne de 2023 mais toujours très solide. De plus, malgré un taux de participation en légère hausse, le taux de chômage diminue à 3,7%, contre 3,9% attendus. Enfin, la croissance mensuelle des salaires horaires moyens a accéléré en novembre, en hausse de 0,4% après 0,2% en octobre.
Le prix du pétrole a atteint son niveau le plus bas depuis début juillet, à 77,24 USD/brl. En cause, La production américaine de pétrole brut a atteint un nouveau record historique de 13,2 millions de barils par jour en septembre, plus que tout autre pays et représentant environ un baril sur huit de la production mondiale. En réponse, l’OPEP+ a annoncé une nouvelle réduction de production pour 2024 afin de garder des prix élevés, même si certaines tensions au sein de l’OPEP pourraient altérer sa capacité à contrôler les prix.
Les chiffres européens sont dans le rouge cette semaine : la production industrielle française et allemande recule de 0,3% et 0,4% sur un mois, contre 0,2% attendu pour les deux pays. En Allemagne, les commandes d’usine ont chuté de 3,7% sur le mois, alors qu’une légère augmentation était attendue. En zone Euro, les ventes au détail ont légèrement déçue (+ 0,1% sur un mois, contre 0,2% attendu).
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