Weekly Update - Chine la crainte d'une "japonification de l'économie"
Alors que la fin des mesures de restrictions sanitaires en début d’année s’était traduite par de fortes attentes sur la reprise économique chinoise, les données des derniers mois montrent au contraire une reprise très modérée. Une des raisons de cette faiblesse est la poursuite des difficultés du secteur immobilier, principal secteur économique et financier du pays, qui contraint la dynamique de la consommation et l’investissement. Le risque de cette situation est que, sans restructuration importante du secteur ou plan de soutien d'ampleur de la part du gouvernement, l’économie chinoise suive la trajectoire déflationniste du Japon post éclatement de la bulle immobilière.
Une faible reprise économique malgré la fin des restrictions sanitaires. Après presque 3 ans de fortes restrictions sanitaires, le gouvernement Chinois a levé l’essentiel des restrictions en fin d'année dernière, conduisant ainsi à une révision à la hausse significative des perspectives économiques et financières. En effet, l’épargne accumulée pendant les années de confinement devait permettre un rattrapage rapide de la consommation. Cependant, les données d’activité et d’inflation des derniers mois montrent que la croissance économique reste sur une trajectoire modérée. En effet, la consommation des ménages est bien plus faible qu’attendue, avec des ventes de détail qui n’affichent qu’une croissance de 2% pour cette première partie d'année, soit bien inférieures à la tendance pré-Covid. La production industrielle et les exportations affichent aussi une croissance faible. Dans ce contexte, et au contraire des autres grandes économies, la Chine connaît une très faible inflation.
Des tensions immobilières qui pèsent sur l’activité. Une des raisons de la sous-performance économique est la poursuite des tensions du secteur immobilier et les craintes quant à sa solvabilité. Depuis la crise financière de Lehman, les autorités chinoises ont relancé l'économie par des plans largement basés sur le développement des infrastructures et de l’immobilier résidentiel. Ces relances ont été financées essentiellement par les banques chinoises et les collectivités locales, au prix d'une forte progression de l'endettement. Ainsi, la dette du secteur privé en Chine est passée de 111% du PIB en 2008 à 220% fin 2022 avec le secteur immobilier devenant le principal secteur économique et le principal actif financier du pays. Les craintes sur la solvabilité des promoteurs immobiliers et la baisse des prix de l’immobilier se sont traduites par un ralentissement de l’investissement mais aussi un par une consommation des ménages toujours morose. L'explication est qu'une une part significative de l’épargne des ménages est investie dans l’immobilier : la baisse des prix de ces derniers joue comme un frein à la dépense de l’épargne Covid. En raison de ces éléments, nous avons diminué notre exposition au marché actions chinois au T2-23.
Un risque de japonification de l’économie. Les autorités chinoises disposent d’importantes marges de manœuvre pour stabiliser le secteur immobilier mais semble tarder à les activer. Dans ce contexte, la principale crainte est que l’économie chinoise suive une dynamique similaire à celle de l’économie japonaise suite à l’éclatement de la bulle immobilière des années 90. En effet, la situation économique actuelle partage beaucoup d’éléments avec le Japon des années 80 et notamment la forte croissance de l’endettement privé en monnaie locale pour financer l’immobilier. L’éclatement de la bulle immobilière japonaise s’est traduite ainsi par une période prolongé de désendettement du secteur privé, de faible consommation et investissement privé et d’une contraction des prix.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer la publication des enquêtes PMI en Europe ainsi qu'un focus sur le symposium de la Réserve fédérale à Jackson Hole.
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