L’enjeu du plafond de la dette aux Etats-Unis. L’Etat fédéral américain fait face à une limite légale - le plafond de la dette ou debt ceiling - fixée par le Congrès, qui borne le montant des emprunts que le Trésor peut contracter. Ce plafond, instauré en 1917 pour permettre des dépenses publiques exceptionnelles liées à la guerre, est une singularité des Etats-Unis. Par le passé, ce plafond a été relevé de nombreuses fois, 78 fois depuis 1960, sans difficultés. Mais, depuis le début des années 2000, avec la progression importante de la dette publique, le sujet est devenu une question politique d’ampleur, notamment dans les cas où le président en fonction ne dispose pas d’une majorité confortable au Congrès. Si le plafond venait à ne pas être relevé, le gouvernement pourrait ne plus faire face à ses dépenses, dont le remboursement des créances arrivant à échéance. Cela impliquerait un défaut de l’Etat américain sur sa dette.
Un air de déjà-vu. Le 2 août 2011, le plafond de la dette a été relevé dans les derniers instants avant d’arriver au défaut, à la suite d’un bras de fer entre l’administration d’Obama et les Républicains. Cette confrontation a conduit à une dégradation de la note de la dette publique américaine des Etats-Unis par S&P le 5 août (de AAA à AA+). En parallèle de ces tensions politiques, entre juillet et mi-août, l’indice actions S&P500 a chuté de près de 17%. Si cette baisse s’explique aussi en partie par des tensions bancaires en Zone euro au cours de cet été, elle illustre tout de même les turbulences fortes que pourraient provoquer les échanges autour du plafond de la dette.
Depuis 2011, la dette publique américaine a quasiment doublé. Le dernier relèvement du plafond de la dette a eu lieu en décembre 2021 et ce plafond a été atteint le 19 janvier dernier. Le gouvernement devrait continuer de faire face à ses dépenses jusqu’à une date estimée entre le 1er juin et le 1er août, ce qui laisse de moins en moins de temps pour trouver un accord pour relever le plafond. Les Républicains, qui détiennent une légère majorité à la Chambre, conditionnent leur accord à une coupe des dépenses publiques, ce que refusent jusqu’à présent les Démocrates. Ces discussions politiques compliquées commencent à générer certaines tensions sur les marchés, les CDS à 1 an (coût de protection contre le risque de défaut) ont atteint leur plus haut point historique et le taux des créances arrivant à échéance après le 1er juin se tendent.
Des risques à très court terme et à moyen terme. Le défaut de l’Etat américain, dont les obligations représentent pour beaucoup les actifs sans risque de référence, pourrait générer une très forte instabilité sur les marchés financiers. Si un tel scénario ne peut être exclu, il nous semble pour autant peu probable. Il nous paraît en effet plus vraisemblable qu’un accord soit trouvé en dernière minute et permette de relever le plafond de la dette. Mais d’ici à ce que cet accord soit annoncé, les tensions déjà visibles sur les marchés pourraient s’accentuer. Au-delà de ces échéances de court terme, les discussions politiques en cours, suggèrent qu’un accord pourrait intégrer une diminution significative des dépenses publiques à l’avenir, ce qui pourrait entraîner un ralentissement plus marqué de l’économie américaine à partir de 2024.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer l'activité économique en Chine, ainsi qu'un focus sur l'exécent commercial en Zone euro.
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