Weekly Update - COP26 : vers moins de multilatéralisme et plus d’attentes de la part du secteur privé
Un accord avec des avancées modestes
L’accord de Glasgow, ratifié par 190 pays, s’est soldé par des avancées relativement modestes par rapport à l’accord de Paris. En effet, les pays signataires se sont engagés à i) la réduction progressive de l’utilisation du charbon non traité et à supprimer les subventions inefficaces aux combustibles, ii) la création d’un nouveau marché carbone, iii) un engagement des pays à soumettre dès 2022 de nouveaux objectifs (nouvelles contributions déterminées nationales, les NDC) en 2022 au lieu d’attendre 2025 et iv) un (ré)engagement des économies développées de contribuer au financement de la transition énergétique des économies émergentes à hauteur de 100 milliards par an. Parallèlement à cette réunion, les Etats-Unis et la Chine se sont engagés à prendre plus de mesures pour accélérer leurs réductions d’émissions carbone dès 2022 et à mettre fin à la déforestation illégale. Du côté des entreprises, les principales annonces viennent du secteur financier, avec la formation du Glasgow Financial Alliance for Net Zero, dont 145 institutions financières font partie. Cette alliance a annoncé l’engagements du secteur financier en faveur du principe de zéro émission nette et l’alignement avec l’objectif de 1,5°C, ce qui nécessitera la mobilisation de 130 000 milliards de dollars.
Des engagements publics qui sont jugés insuffisants pour atteindre l’objectif de 1,5 degrés
Les mesures prises dans l’accord de Glasgow sont insuffisantes pour atteindre l’objectif de 1,5°C. En effet, l’ONG Climate Action Tracker estime que nous serions sur une trajectoire d’un réchauffement de 2,4°C à l’horizon de 2100 avec le respect complet des objectifs nationaux actuels et de 2,1°C si les engagements de Glasgow sont respectés. Ces estimations intègrent les nouveaux engagements à l’horizon de 2060 de pays tels que l’Inde, la Chine, l’Australie ou l’Arabie Saoudite, pays avec une intensité carbone importante. Par ailleurs, les sommes mobilisées à ce jour par les autorités publiques restent insuffisantes pour arriver à l’objectif de neutralité carbone en 2050. A titre d’exemple, l’université de Princeton estime que les Etats-Unis ont besoin de 2500 milliards USD d’investissement dans les 8 prochaines années alors que le plan d’infrastructure voté par le Congrès ne comporte que 80 milliards d’investissement pour la transition énergétique.
Vers des accords bilatéraux et un poids réglementaire plus important
Les engagements de la COP26 restent des engagements volontaires et n’intègrent pas de sanctions en cas de nonrespect des engagements. Il est donc à craindre, qu’en cas de non-respect par certains pays, d’autres s’entendent et
établissent des accords bilatéraux pour y faire face. Un premier signe dans ce sens est l’accord sur l’acier entre l’Union Européenne et les Etats-Unis qui établit des taxes carbones sur l’acier « carboné » pour les importations en dehors de ces deux régions. Par ailleurs, compte tenu des mobilisations des fonds publics modestes par rapport au besoin, il est probable que la pression sur le secteur privé augmente aussi via des financements dirigés et/ou un durcissement de la régulation industrielle et financière.