
Weekly Update - La Fed gardera sa prudence face aux incertitudes
La Fed gardera sa prudence face aux incertitudes.
Les données d’inflation de février montrent la poursuite du ralentissement vers la cible de 2% de la Réserve Fédérale (Fed). Cependant, la hausse de certains droits de douanes, les fortes incertitudes quant aux surenchères éventuelles et la politique migratoire très restrictive se traduisent déjà par une hausse significative des anticipations d’inflation des ménages et des entreprises. Alors que l’activité devrait rester bien orientée dans les mois à venir, soutenue par un marché du travail toujours solide, la Fed gardera la fourchette de son taux directeur à 4,25%-4,50% et maintiendra une tonalité prudente lors de sa communication post-réunion de politique monétaire de mars.
Inflation : poursuite du ralentissement. L’inflation mesurée par l’indice CPI a continué son ralentissement progressif en février. L’inflation totale a atteint 2,8% sur un an, en légère baisse par rapport au mois de janvier, alors que l’inflation sous-jacente (hors alimentation et énergie) a atteint 3,1%. Par ailleurs, les principales sous-composantes de l’inflation sont bien orientées et compatibles avec un retour progressif vers l’objectif de 2% de la banque centrale. Tout d’abord, l’inflation des loyers, qui pèse pour 34% de l’indice, a continué de ralentir à 4,3% au mois de février, contre un pic à 8% en 2023, et les données avancées des loyers suggèrent que ce ralentissement se poursuivra. Ensuite, l’inflation des services hors loyers, une mesure très suivie par les membres de la Fed pour estimer les pressions inflationnistes sous-jacentes, a aussi ralentit à 3,2%, son plus bas niveau depuis 2021. Enfin, l’indice des prix à la production a continué de ralentir à 3,2% sur un an au mois de février, mais avec des prix des services de santé en hausse, confirmant le scénario d'une désinflation lente.
Mais des anticipations d’inflation en forte hausse du fait des incertitudes de politiques économiques. Cependant, il est probable que les chiffres d’inflation des prochains mois montrent une réaccélération. En effet, les chiffres de février ne prennent pas en compte la hausse des droits de douane sur les importations chinoises ou celles de fer et aluminium, entrée en vigueur en mars. Par ailleurs, les indices de confiance auprès des entreprises et ménages montrent une nette remontée des anticipations d’inflation. La sous-composante inflation de l’enquête auprès des directeurs d’achat ISM PMI a augmenté à un niveau de 62, un plus haut niveau depuis 2022, à la fois dans le secteur manufacturier et celui des services. En outre, d’après l’enquête de la Fed de New York, les anticipations d’inflation à un an des ménages ont augmenté à 4,3%. Dans un contexte où les fortes incertitudes sur la politique commerciale américaine devraient perdurer et où elles se rajoutent à une politique migratoire très restrictive, les anticipations d’inflation resteraient élevées.
Une Fed qui restera prudente. Les incertitudes de politique économique se ressentent aussi dans les enquêtes d’activité, ce qui fait craindre aux investisseurs un ralentissement marquée de l’économie. Ainsi, les taux d’intérêt de long terme (Treasuries) ont nettement diminué, de 4,8% en janvier à 4,2%. Nous continuons cependant de considérer que si l’activité pourrait ralentir par rapport au rythme soutenu de 2024, celle-ci restera dynamique. En effet, le marché du travail reste résilient, avec un taux de chômage bas, à 4,1% au mois de février. Dans ce contexte, nous estimons que la Fed gardera son taux d’intérêt de référence dans la fourchette de 4,25%-4,50% lors de sa réunion du 19 mars. Par ailleurs, elle devrait maintenir son biais prudent quant aux prochaines décisions, privilégiant le risque sur l’inflation plutôt que le risque d’un ralentissement de l’activité.
Autres faits marquants de la semaine
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les poursuites des tensions commerciales ainsi que le processus du vote du plan de relance allemand :
Etats-Unis : les droits de douane sur l’acier rentrent en vigueur.
Le gouvernement américain a procédé à la mise en place d’un taux de droit de douane de 25% sur toutes les importations d’acier et d’aluminium. Cette nouvelle hausse s’ajoute à i) la hausse de 20 points de droits de douane sur toutes les importations chinoises, et à ii)l’implémentation de droits de douane de 25% sur les importations canadiennes et mexicaines qui ne seraient pas en accord avec les règles du traité USMCA.
Par ailleurs, Donald Trump annonce aussi la mise en place de droits de douane de 25% sur les importations de l’Union Européenne pour le 2 avril. Dans ce contexte le Canada et l’Union Européenne ont déjà annoncé des mesures de rétorsion sur une série de biens américains. Les tensions commerciales devraient rester fortes et perdureraient au cours des prochains mois.
Plans Allemands : en attente de validation du Bundestag et Bundesrat.
Friedrich Merz, futur Chancelier allemand, a annoncé la semaine passée sa volonté d’assouplir le « frein à la dette » et de créer un fonds spécial de 500 milliards sur dix ans pour moderniser les infrastructures.
Ces mesures doivent encore être validées la semaine prochaine au Parlement allemand, le Bundestag mardi, et au Bundesrat (Sénat) vendredi. Merz compte en effet sur un vote avant l’arrivée du nouveau parlement avec lequel il pourrait avoir plus de difficultés à obtenir les deux tiers des voix nécessaires. Des discussions avec les Verts (dont les voix sont nécessaires au Bundestag) et le Parti des Electeurs Libres de Bavière (au Bundesrat) sont en cours et devraient conduire à des modifications du plan par rapport à la proposition initiale.
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