Weekly Update - Des mesures extraordinaires
Le jeudi 9 avril, la Réserve fédérale américaine (Fed), la Banque d’Angleterre (BoE) et les ministres des Finances de la zone euro (l’Eurogroupe) ont fait des annonces importantes. La Fed a proposé un soutien supplémentaire de 2 300 Md$ aux entreprises et aux marchés du crédit. Les plus gros programmes se présentent comme suit : 1) La Fed achètera jusqu’à 750 Md$ d’obligations d’entreprise sur les marchés primaire et secondaire, notamment les obligations des « anges déchus », à savoir les émetteurs dont la notation de crédit a été abaissée en catégorie du Haut Rendement (HY) ou catégorie spéculative. Par ailleurs, elle achètera également des ETF (fonds cotés en Bourse) HY. C’est la première fois qu’elle s’aventure sur le segment le plus risqué du marché obligataire. 2) La Fed a affecté jusqu’à 600 Md$ pour soutenir les prêts aux petites et moyennes entreprises (la « Main Street », par opposition à Wall Street). Il s’agira d’un partenariat « public/privé » avec des banques commerciales, qui accorderont les prêts. 3) La Fed achètera également des billets à court terme émis par des Etats, les principaux comtés et les villes de plus de 1 million d’habitants, pour un montant maximum de 500 Md$ au total. Cette mesure est destinée à relancer le marché des obligations municipales qui s’est tari ces dernières semaines. Ces mesures équivalent globalement à 11% du PIB américain et devraient contribuer au retour des marchés du crédit américains à une plus grande stabilité. La BoE a surpris les observateurs en annonçant le financement monétaire à court terme des dépenses publiques, une décision que le gouverneur de la BoE avait pourtant exclue il y a quelques jours seulement. Le Trésor pourra ainsi continuer de consacrer des capitaux à ses différents programmes de soutien sans avoir à solliciter d’abord le marché des obligations d’Etat (gilt). Déjà, le Chancelier avait augmenté le volume des émissions de gilts prévues en avril de 15 Md£ à 45 Md£, mais il en faudra plus. Il est urgent de respecter les engagements pris, comme la promesse de payer 80% des salaires mensuels des travailleurs en chômage technique (cela pourrait coûter 30 à 40 Md£ dans les trois prochains mois d’après la Resolution Foundation). L’Eurogroupe a également conclu un accord hier sur un certain nombre de mesures de soutien pour la zone euro : 1) Le Mécanisme européen de stabilité sera autorisé à octroyer jusqu’à 240 Md€ de prêts non-conditionnels à des pays membres pour financer leurs coûts de santé directs et indirects. 2) La Banque d’investissement européenne accordera 200 Md€ de garanties de prêts aux petites et moyennes entreprises dans la région. 3) Le programme SURE de 100 Md€ de la Commission européenne pour financer le travail à court terme a également été approuvé. Outre ces mesures, l’Eurogroupe s’est également engagé à créer un fonds temporaire de 500 Md€ pour financer la reconstruction après la récession causée par le coronavirus. Aussi encourageantes soient-elles, ces annonces ont encore besoin d’être approuvées par les chefs d’Etat lors d’une prochaine réunion. La charge du soutien restera ainsi supportée par les gouvernements nationaux pour le moment.
Conclusion. La bataille pour minimiser les répercussions économiques des mesures d’endiguement et de confinement du coronavirus entraînera une énorme hausse de la dette au cours des prochains trimestres. Les gouvernements espéreront que leurs mesures atténueront le coup porté au PIB et favoriseront une reprise rapide après la récession, leur permettant de revenir à des politiques budgétaires et fiscales plus orthodoxes en temps utile. De nombreux investisseurs, toutefois, pourraient craindre que les finances publiques ne continuent de suivre une trajectoire instable. Les achats d’actifs réalisés par les banques centrales pour maintenir des rendements obligataires (et par là même des coûts d’emprunt) bas pourraient demeurer en place pour l’avenir prévisible.