Weekly Update - Election française : la crainte du retour du risque politique en Zone euro
Récentes incertitudes en amont du premier tour. La victoire d’Emmanuel Macron à l’élection présidentielle semblait largement acquise jusqu’à très récemment, mais les derniers sondages font état de résultats plus incertains. La possibilité d’une victoire d’un candidat alternatif a provoqué des remous sur les marchés financiers. Le marché d’actions français a ainsi connu une baisse spécifique ces derniers jours tandis que les marchés obligataires souverains ont marqué un écartement des taux d’intérêt de différents pays de la Zone euro - dont celui de la France - par rapport au taux de référence allemand. A ce stade, l’écartement reste modéré mais suffisant pour rappeler aux acteurs de marché le souvenir pas si lointain de la crise des dettes des pays périphériques de la Zone euro. L’incertitude autour de l’élection française rappelle que l’équilibre politique en Zone euro reste fragile et que la guerre en Ukraine pourrait soit le consolider, soit de nouveau le fragiliser…
La Guerre en Ukraine a provoqué une baisse marquée de la confiance des ménages en Zone euro (graphique 1). Cette baisse est d’ampleur similaire à celle connue lors du premier confinement lié au COVID. La situation économique était alors très incertaine, mais la confiance est progressivement remontée grâce à des actions politiques fortes et cohérentes dans l’ensemble de la Zone euro, à l’image de ce qui a été mis en place dans l’ensemble des économies développées. Des soutiens importants ont été déployés pour limiter les faillites des entreprises, limiter les baisses de revenus des ménages et maintenir des conditions monétaires extrêmement accommodantes. Aujourd’hui, la Guerre fait apparaître de nouvelles incertitudes économiques, avec des ménages directement affectés par les hausses des prix des matières premières. Et si les annonces politiques sont conséquentes, elles semblent à ce jour moins fortes et moins cohérentes entre pays de la Zone euro pour y faire face.
Le signal autour de l’élection française doit alerter l’ensemble des autorités de la Zone euro. Les récentes incertitudes autour de l’élection présidentielle française sont notamment le reflet de la baisse de la confiance des ménages français dans le nouveau contexte économique. Pourtant, la France se démarque par la meilleure résistance de son économie à ce jour. Elle reste en effet le premier pays européen à avoir retrouvé son niveau de production d’avant la crise COVID. Les ménages français connaissent la plus forte progression de leur revenu disponible réel grâce à un marché du travail dynamique et surtout à une inflation toujours nettement plus basse que celle des pays voisins (graphique 2). Cette spécificité sur l’inflation (5,1% en France en mars, à comparer à 7,6% en Allemagne, 7% en Italie et 9,8% en Espagne) s’explique par un mix énergétique moins vulnérable aux hausses des prix (importance du nucléaire) ainsi que par des aides d’Etat plus conséquentes (par des subventions directes ou via l’intermédiaire d’EDF). Cela ne signifie pas que les Français n’ont pas de raisons de craindre l’évolution de la situation économique, d’autant plus que ces aides se font au détriment de finances publiques déjà dégradées. Cependant, cela alerte sur le fait que si les Français sont inquiets et l’expriment dans les urnes, une réaction pourrait être à craindre au sein des pays voisins, leur situation économique apparaissant, dès à présent, bien moins favorable.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer les minutes des réunions de mars de la Fed et de la BCE.