Weekly Update - 20 ans de l'euro : un bilan mitigé mais des perspectives plus favorables
Un bilan rapide de l’usage de la monnaie unique
Il y a vingt ans, le 1er janvier 2002, douze pays européens ont commencé à utiliser les pièces et billets en euro. Si cette transition s’est déroulée sans difficulté, en intégrant au fil des années d’autres pays (19 au total à ce jour), la monnaie unique n’a pas, à ce stade, complétement répondu aux attentes de ses créateurs, en termes d’intégration économique, financière et politique. Sur le plan économique, l’impact de l’euro est resté modéré : une étude récente de la BCE montre notamment que l’usage de la monnaie unique aurait permis une progression seulement de 5% des échanges sur la période. Sur le plan financier, le bilan est clairement défavorable, avec la crise de la zone euro qui a révélé des fondations encore trop fragiles de l’intégration financière et qui reste une source de vulnérabilité. Sur le plan politique, l’euro s’est révélé source de divergences importantes, notamment en terme de discipline de politique budgétaire. Le bilan peut donc paraître mitigé à ce stade mais la crise COVID pourrait marquer le tournant vers une dynamique plus favorable.
Une moindre fragmentation des marchés obligataires
La fragmentation des marchés financiers de la zone euro s’est modérée, notamment depuis 2019, avec un retour des investissements privés intra-zone sur les marchés obligataires (cf. graphique). Ce mouvement a été notamment permis par un poids grandissant que joue la BCE sur ces marchés, rassurant sur sa volonté de contrôler le risque de dislocation des marchés au sein de l’Union monétaire. Pour autant, il a aussi contribué à la réduction des écarts de taux d’intérêt visible sur les marchés obligataires des dettes d’Etats. Les pays de la Zone euro, devront poursuivre les chantiers de renforcement d’union financière, nécessaires pour confirmer la bonne circulation des capitaux au sein de l’Union. Les premières annonces du gouvernement allemand sont prometteuses quant aux travaux à mener pour finaliser l’Union Bancaire, avec la proposition d’un système de réassurance au lieu du polémique projet de système européen de garantie des dépôts. Il faudra en parallèle poursuivre le chantier de l’Union des Marchés de Capitaux afin de mieux affecter l’épargne abondante en Europe vers de l’investissement productif.
Un tournant politique potentiellement propice en 2022
La zone euro a été particulièrement efficace dans sa gestion de la crise du COVID grâce à une action politique forte et concertée des pays, se démarquant ainsi des années de crises successives récentes. Aujourd’hui, les enjeux pour pérenniser la reprise économique en cours restent majeurs et l’équilibre politique à venir sera clé pour y répondre. Un nouvel équilibre politique favorable au renforcement de l’intégration européenne pourrait se mettre en place d’ici le printemps. Il pourrait prolonger l’unité renforcée en 2020 au plus dur de la crise du COVID, et permettre d’avancer sur les chantiers d’union budgétaires et financières. Cela pourrait s’avérer un vrai soutien pour l’économie ainsi que pour les marchés d’actions toujours décalés en termes de valorisations.