Weekly Update - La question du yuan chinois comme monnaie de réserve internationale
La question de la place de la monnaie chinoise (le RMB) dans l’architecture financière mondiale fait aujourd’hui débat. Plus spécifiquement, des interrogations émergent sur la possibilité, pour cette monnaie, de jouer le rôle de devise de référence, en parallèle ou même en remplacement du dollar américain (USD). Plusieurs raisons peuvent être évoquées. D’une part le poids grandissant de la Chine dans le PIB mondial (18% du PIB mondial mesuré en parité de pouvoir d’achat, contre 15% pour les Etats-Unis) ainsi que dans le commerce international (14% du commerce mondial, contre 10% pour les Etats-Unis) pourraient amener le RMB vers un rôle plus conséquent. A ce titre, le RMB est inclus depuis 2016 dans le panier des devises du DTS (droit de tirage spécial) du FMI. Par ailleurs, les sanctions mises en place contre la Banque Centrale de Russie et, plus globalement, le recours important aux sanctions financières de la part des Etats-Unis ont incité certains pays à augmenter la part des réserves de change en RMB ainsi qu’à passer des accords d’échanges commerciaux réglés en RMB.
Néanmoins nous considérons que le RMB, dans sa forme actuelle ou digitale, ne deviendra pas, dans les années à venir, la nouvelle devise de référence capable de remplacer le USD. En effet, malgré la « weaponisation » du dollar (gels des avoirs en dollar, exclusion du réseau SWIFT, extra-territorialité USD), il n’existe, pour le moment, pas d’alternatives au dollar dans son statut de principale monnaie de réserve internationale. Le premier élément qui explique ceci est qu’un pays qui dispose d’une monnaie de réserve doit enregistrer des déficits courants récurrents pour répondre aux besoins en devises du reste du monde (un pays qui a des déficits courants est dit un pays qui exporte sa devise). Actuellement, seuls les États-Unis peuvent jouer ce rôle (graphique 1). La Chine continue d’avoir des excédents courants et nous ne voyons pas le pays enregistrer des déficits courants récurrents à moyen terme.
Une seconde raison pour laquelle le USD devrait rester la monnaie de référence dans les années à venir est que cette monnaie bénéficie de puissants « effets de réseau », notamment des marchés de capitaux profonds et ouverts, des facilités essentielles de prêteur en dernier ressort (la Réserve fédérale) et la fourniture de services financiers au reste du monde. Ces « effets de réseau » expliquent le fait que le USD reste de loin la principale devise pour les transactions commerciales et financières (graphique 2) même lorsque les contreparties ne sont pas américaines. En raison du compte de capital fermé de la Chine, les investisseurs étrangers n’ont pas facilement accès aux actifs libellées en RMB à une échelle nécessaire. Tant que la Chine maintiendra des contrôles de capitaux importants, les investisseurs externes et les banques centrales continueront de privilégier de potentielles menaces de sanctions liées au dollar à une incertitude politique importante liée à la Chine. L’exemple de la restructuration de la dette du groupe Evergrande illustre bien ce point avec la possibilité que les créanciers étrangers aient une offre de restructuration impliquant une perte plus importante que celle des créanciers nationaux.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer le projet d'embargo européen sur le pétrole russe et la récente chute des marchés actions aux Etats-Unis.