Weekly Update - Zone euro : les derniers chiffres d’inflation sèment le trouble
Les pressions sur les prix restent très élevées ce mois-ci et continuent de progresser de façon généralisée sur l’ensemble des biens et services – il ne s’agit plus seulement de prix de l’énergie (graphique 1). L’inflation en Zone euro a ainsi affiché 8,1% pour le mois de mai et continue donc de progresser (après 7,4% au mois d’avril), de surprendre à la hausse (le consensus s’attendait à 7,7% d’inflation) et de largement dépasser les projections de la BCE (graphique 2). Bien que la hausse reste principalement alimentée par l’inflation énergétique et alimentaire, l’inflation sous-jacente a également augmenté pour atteindre 3,8%, un niveau de plus en plus inconfortable pour la Banque Centrale européenne. Cette situation contraste avec celle des Etats-Unis où le point haut semble en train d’être passé avec notamment un ralentissement de l’inflation sous-jacente au mois d’avril qui devrait être confirmé à la publication des chiffres de mai.
Des indicateurs d’activité toujours positifs mais des risques de plus en plus élevés sur les perspectives économiques. En effet, si les indices PMI pour le mois de mai sont en baisse, ils demeurent au-dessus du seuil de 50 points, indiquant une activité qui ralentit mais qui reste en croissance. Le secteur des services notamment continue de bénéficier de la normalisation des conditions sanitaires et apparaît particulièrement moteur. Le sous-indice de la création d’emploi reste également très favorable, faisant état d’un marché du travail solide et résilient en Zone euro. Néanmoins, cette situation relativement bonne des entreprises contraste avec une confiance des ménages au plus bas dans un environnement de contraction de leur revenu disponible réel. La question de la capacité de résistance des économies de la Zone euro à cette nouvelle surprise à la hausse sur l’inflation est bien réelle.
Une BCE qui pourrait vouloir aller plus vite dans la normalisation de sa politique monétaire. Au cours des dernières semaines, la BCE a fait évoluer sa communication, poussant les observateurs à anticiper une hausse des taux d’intérêt directeurs de 25 points de base au mois de juillet ainsi qu’au mois de septembre. Les tous derniers chiffres d’inflation alimentent même les spéculations quant à une potentielle hausse de 50 points de base (au lieu de 25 points de base) en juillet prochain. Si une normalisation de la politique monétaire semble tout à fait logique dans le contexte actuel d’inflation, la BCE devra rester très vigilante à ne pas durcir trop vite et trop fort les conditions monétaires, au risque de faire basculer définitivement en récession des économies déjà bien fragilisées.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer la rencontre entre Jerome Powell et Joe Biden et l'entrée de la Croatie dans la Zone euro.