Weekly Update - Réserve fédérale : une pause en attendant un climat d’inflation plus favorable
La Réserve fédérale (Fed) a décidé de garder sa politique de taux d’intérêt inchangée tout en modérant son rythme de réduction du bilan. Cette prudence de la Fed répond aux surprises haussières de l’inflation au cours du premier trimestre de l’année, dont la convergence vers 2% est plus lente qu’anticipé. Nous continuons cependant de tabler sur le fait que la Fed va commencer au troisième trimestre un cycle baissier très progressif, avec une inflation et une activité qui devraient se modérer progressivement.
La Fed garde la pause. Comme anticipé par les marchés, la Fed a gardé sa fourchette de politique monétaire à 5,25%-5,50%, conservant ainsi ses taux stables depuis août 2023. La petite surprise de la réunion est venue de la politique du bilan, où la Fed a décidé de ralentir le rythme de réduction des Treasuries de 65 mds USD par mois à 25 mds. Si les marchés s’attendaient à un changement de ton de la Fed compte tenu l’accélération de l’inflation au premier trimestre et à une potentielle évocation d’un scénario de reprise de la hausse des taux d’intérêt, M. Powell a maintenu une tonalité équilibrée voire légèrement accommodante. En, effet, s’il a reconnu que les derniers chiffres d’inflation montrent « qu’il va falloir plus de temps pour avoir la confiance » que l’inflation converge vers la cible de 2%, M. Powell a précisé que ses trois scénarios sont ceux i) d’une baisse de taux en raison d’une baisse de l’inflation, ii) d’une baisse de taux dû à une détérioration de l’emploi et iii) d’un maintien des taux aux niveaux actuels. Il a insisté à nouveau que les conditions financières restent restrictives.
Des surprises d’inflation liées aux prix du logement et des facteurs micro. Alors que les marchés s'attendaient à un cycle de baisses marqué en janvier dernier, l'accélération de l'inflation sous-jacente au premier trimestre à 3,7% T/T a effectivement repoussé le calendrier de baisses de taux et a mis en question la possibilité de telles baisses. Or, nous estimons que ce chiffre ne remet pas en question la dynamique désinflationniste. En effet, d’une part, l’accélération de l’inflation correspond à la forte hausse du mois de janvier, résultat notamment d’un fort ajustement saisonnier. Les chiffres d’inflation de février et mars ont montré une lente normalisation. D’autre part, les prix du logement continuent à contribuer à maintenir l’inflation élevée. Ce marché reste tendu du fait des tensions démographiques et de la faible pression pour vendre dans un environnement de taux fixes. Néanmoins, nous ne nous attendons pas à une nouvelle accélération des prix dans ce secteur.
Un rééquilibrage du marché du travail et un ralentissement de l’activité qui soutiennent le scénario de baisses de taux. Compte tenu de la conférence de presse de M. Powell et de notre scénario de ralentissement progressif de l’inflation et de l’activité, nous maintenons notre scénario de début de baisses de taux au T3-24. En premier lieu, le marché du travail continue son rééquilibrage, avec le nombre de postes non pourvus et le nombre de démissions qui diminuent et sont dorénavant proches de leurs niveaux de 2019. Par ailleurs, la progression des salaires continuent de se modérer, y compris dans le secteur des services, laissant prévoir une poursuite de la modération de l’inflation et de la consommation. Finalement, dans un contexte de taux réel à 2,8% et du double mandat emploi-inflation de la Fed, un début de cycle de baisse de taux modérée apparaît justifié.
Dans les événements marquants de la semaine, nous avons choisi d'évoquer la croissance ainsi que l'inflation dans la zone euro :
L’activité en zone euro a surpris le consensus à la hausse au T1, le PIB augmentant de 0,4% sur l’année et de 0,3% sur le trimestre, contre 0,2% et 0,1% attendu. Cette légère amélioration se retrouve dans les principales économies de la zone qui ont toutes battues les attentes, les PIB français, allemand, italien et espagnol progressant sur le trimestre de 0,2%, 0,2%, 0,3% et 0,7% respectivement – même si le détail des composantes de la croissance est plus mitigé. Dans l’ensemble, ces données d’activités confirment la lente reprise de l’activité en zone euro.
Dans le même temps, les données d’inflation en zone euro confirment la détente et un retour progressif à la cible de 2%. L’inflation totale s’est affichée à 2,4% sur l’année en avril, inchangée par rapport à mars, la baisse des prix de l’énergie ayant ralenti. L’inflation sous-jacente s’est repliée à 2,7% sur l’année (contre 2,6% attendu), après 2,9% en mars, grâce à la poursuite de la baisse de l’inflation des biens non-énergétiques (0,9% sur l’année) et le premier recul en cinq mois de l’inflation des services (à 3,7% contre 4% précédemment). La baisse de l’inflation ne se fait pas au même rythme dans toutes les économies européennes, la hausse des prix atteignant 2,2% en France et en Allemagne contre 0,9% en Italie et 3,3% en Espagne. Ces données mettent la BCE dans une position confortable pour envisager baisser ses taux en juin.
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