Il y a 12 ans, la renaissance du Polaroid
Il y a d’abord un effet « magique ». Ce sont les quelques secondes durant lesquelles la photo se dévoile progressivement sous nos yeux. Puis le support, un peu brillant, quasiment verni, à la chromie unique... C’est l’effet Polaroid, qui connaît une nouvelle jeunesse depuis quelques années. Alors que des millions d’images sont publiées chaque seconde sur Internet, l’aspiration aux images « lentes » est réelle. Polaroid en est l’un des symboles et doit sa renaissance à quelques passionnés, qui ont relancé une technologie qui avait bien failli disparaître.
L’histoire commence au milieu du siècle dernier. Le physicien américain Edwin Herbert Land, spécialiste de la polarisation et à la tête de Polaroid Corporation, lance en 1948 le Polaroid 95, aux tons sépia, suivi d’une version noir et blanc.
Le film en trois couleurs, lui, verra le jour en 1962. Les marchés américains et internationaux sont séduits par cet objet qui capture les instants de vie. Pourtant, dans les années 1980, la société ne résiste pas à l’arrivée de l’Instax de Fuji ni à la concurrence du numérique... La dernière usine de production de films Polaroid ferme ses portes en 2008 à Enschede, aux Pays-Bas.
Florian Kaps, un entrepreneur autrichien, ne peut se résoudre à cette disparition et reprend l’usine avec deux partenaires. Le projet est un peu fou, ils le baptisent donc The Impossible Project. Les premiers films en noir et blanc sont commercialisés en mars 2010 sous la marque Impossible. Mais Florian Kaps et ses associés ne se contentent pas de reproduire la technique originale, ils innovent en proposant des films plus résistants à la lumière et avec un temps de développement légèrement plus rapide. En 2017, la marque est rachetée par l’un de ses actionnaires pour devenir Polaroid Originals. Plus de dix ans plus tard, The Impossible Project est un pari réussi. Et la magie continue d’opérer.