PatrimOne : protéger ses actifs de collection grâce à des produits d'assurances
Comment assurer des oeuvres d’art et objets de collection ? Quels sont les principaux risques ? Quelles solutions existent ? Laurent Issaurat, Responsable du Service Art Banking de SGPB , a rencontré Rémi Béguin, Directeur Général du Groupe PatrimOne, société de courtage d’assurance dédiée à la clientèle privée française et étrangère. Eclairages.
Rémi Béguin, Director of PatrimOne group
Laurent Issaurat : Les particuliers sont-ils généralement bien couverts en matière d'assurances d'œuvres d'art et objets de collection ?
Rémi Béguin : Aussi curieux que cela puisse paraître, et sans vouloir généraliser à l’excès, cela dépend notamment de la zone géographique et de la culture locale en matière de gestion des risques. Les Latins sont beaucoup plus fatalistes et attendent souvent de perdre pour réagir, contrairement aux Anglo-Saxons qui vont davantage chercher à maîtriser les aléas de la vie. La sous-assurance ou non assurance proviennent également du nombre de préjugés que peuvent avoir les collectionneurs. Certains pensent être bien couverts sans avoir analysé les limitations de leurs contrats. D’autres se disent que cela va être compliqué en raison des mesures de prévention et de protection nécessaires, que cela risque d’être onéreux et qu’en plus de donner des informations sur des biens il y a la difficulté d’évaluation. Toutes ces mauvaises raisons expliquent qu’en France beaucoup trop de collections sont très mal protégées et malheureusement c’est le jour du sinistre que les constats sont faits.
LI: Qu'entend-on par "objets de collection" ?
RB : Chacun peut avoir sa propre définition. Pour ma part, ce sont tous les « objets » qui sont valorisables et qui de par ce qu’ils représentent sont assurables en vue de limiter ou d’éviter toute perte en cas de destruction partielle ou totale. Il faut donc avoir une interprétation au sens large, allant bien au-delà des seules œuvres d’art telles que les tableaux et les sculptures, et intégrer l’ensemble des actifs exceptionnels constituant un patrimoine tel que le vin, les voitures anciennes, le mobilier d’époque, les ensembles de joaillerie ou d’horlogerie par exemple. Il peut s’agir d’objets regroupés en véritables « collections » dans certains cas. Dans d’autres, il s’agit simplement d’un ou plusieurs objets de grande valeur individuelle, justifiant une protection financière.
LI : Quels sont les risques couverts ?
RB : L’idée est d’avoir un champ d’application du contrat très vaste. L’idéal est alors une couverture qui protège contre tous les risques et non uniquement des périls dénommés comme l’incendie, la tempête, le dégât des eaux ou encore le vol / vandalisme. Une articulation qui prend en charge tout ce qui n’est pas directement exclu permettra de gérer des événements imprévus, en offrant un champ d’application du contrat beaucoup plus vaste.
LI : Pour des œuvres d'art, on pense spontanément au risque de vol. S'agit-il du risque principal ?
RB : Non le risque le plus important est l’incendie sachant que ce dernier peut parfaitement survenir dans des endroits très bien entretenus. La négligence, le court-circuit dans des habitats toujours plus dimensionnés en installations électriques peuvent en être l’origine, sans oublier la propagation venue d’un voisin. Avant de penser au vol, le dégât des eaux en particulier lorsque l’on habite un appartement est un risque important. Le vol concernera davantage certaines typologies d’œuvres mais comme il est associé au vandalisme, il ne peut raisonnablement être écarté. La casse peut-être le principal risque pour des sculptures selon la matière utilisée.
LI : Tous les assureurs proposent-ils des solutions similaires / y a-t-il des leaders dans le secteur ?
RB : Non, tous les assureurs ne s’intéressent pas à ce marché de niche. Certaines compagnies comme AXA/XL, HISCOX, CHUBB sont présentes depuis de nombreuses années, avec des positionnements très clairs, une ambition forte conjuguée à une identité bien marquée. D’autres comme LIBERTY ou GENERALI veulent se renforcer au-delà de leur pays d’origine.
LI : Quels sont vos conseils pour bien protéger ses actifs ?
RB : Mon conseil est de s’adresser à un courtier spécialiste qui sera présent durant chaque étape pour accompagner le collectionneur ou la collectionneuse, définir les niveaux de couverture recherchés et mettre en place une solution adaptée en valeur déclarée ou agréée qui prenne en compte l’ensemble des particularités de la collection. C’est lui qui identifie les risques liés à la collection, les analyse pour ensuite les gérer à l’aide d’un contrat d’assurance sur-mesure. C’est aussi lui qui, en cas de dommages, saura obtenir l’indemnisation adéquate et apporter les conseils judicieux à l’aide d’experts pour sauvegarder, restaurer les œuvres, ou encore étudier les solutions adéquates en matière de prévention et protection.
LI : Il arrive que les biens soient répartis sur plusieurs propriétés, voire voyagent dans le contexte de prêts d'œuvres à des musées. Comment prendre en compte la dispersion et la mobilité des œuvres dans ce contexte ?
RB : Une couverture peut s’appliquer dans le monde entier en tenant compte de toutes les situations pour qu’il n’y ait pas de rupture de garanties. Les garanties joueront pendant les phases de transport, de stockage, de prêt pour une exposition, ou encore de restauration. Il est notamment essentiel de penser à assurer efficacement tout objet de valeur amené à être transporté d’un lieu à un autre, car un déplacement entraîne des risques de dommages liés à la manipulation physique, et ce dès le décrochage de son emplacement initial, jusqu’à son installation et accrochage dans le lieu de destination, en passant, bien entendu, par le voyage en tant que tel. Les œuvres pourront bien évidemment être garanties aux différentes adresses dès lors que les niveaux de protections sont homogènes. D’où une fois encore la nécessité de bénéficier d’un contrat spécifique qui prenne en compte l’ensemble des besoins.
LI : Une collection évolue dans le temps, comment en tenir compte ?
RB : Les nouvelles acquisitions pourront automatiquement être intégrées à la couverture avec un délai pour régulariser la situation. Les valorisations des objets assurés devront être régulièrement mises à jour pour intégrer l’évolution du marché -à la hausse comme à la baisse- en faisant appel à des experts reconnus. Ces actualisations sont importantes au plan de l’administration générale d’une collection, mais aussi -et surtout, du point de vue des assurances- afin de permettre la meilleure indemnisation en cas de sinistre.