
Notre point de vue - Un "Whatever it takes" version allemande
Incertitudes sur l’économie américaine
Les indicateurs conjoncturels s’infléchissent nettement aux États-Unis, avec une baisse de l’activité et une hausse des tensions sur les prix. À ce stade, ce changement de tonalité s’explique davantage par l’incertitude générée par les annonces de politiques de la nouvelle administration que par les politiques elles-mêmes. Si le Président Trump reporte la mise en place de certains tarifs douaniers, les menaces restent réelles. En parallèle, l’incertitude se renforce du côté politique budgétaire avec la volonté de coupes rapides de dépenses fédérales (DOGE) et les craintes d’un shutdown dans le cadre de discussions budgétaires qui se polarisent.
Nous continuons de penser que les fondamentaux de l’économie américaine restent favorables, avec toujours une bonne situation financière du secteur privé et un marché du travail robuste. Pour autant, les risques de basculer vers un scénario moins favorable augmentent, avec un ralentissement potentiellement marqué de l’activité et plus d’inflation. Dans ce contexte, la Réserve fédérale conserverait une tonalité prudente.
L’Europe se réarme
En réaction au contexte commercial et géopolitique qui se durcit, l’Europe multiplie les annonces d’un soutien budgétaire plus marqué. Tout d’abord, l’Union européenne annonce une hausse marquée des dépenses de défense, mobilisant jusqu’à 800 milliards d’euros (jusqu’à 4,5 % du PIB sur 4 ans). Ensuite, le nouveau Chancelier allemand, Mertz, annonce un « quoiqu’il en coûte » pour l’Allemagne, avec un plan massif de dépenses publiques en défense et infrastructure (qui pourrait représenter jusqu’à 3,5 % du PIB par an). Cette annonce constitue un vrai virage de la politique allemande, avec une référence explicite aux annonces de Mario Draghi à la tête de la BCE en pleine crise des dettes publiques (2012).
Ces soutiens massifs annoncés en Europe et en Allemagne seraient favorables pour l’activité économique, sans pour autant poser de risque pour l’inflation à court terme. Ainsi, si nous continuons de tabler sur une trajectoire de baisse des taux courts de la BCE, les taux longs pourraient rester sous pression du fait d’émissions obligataires plus conséquentes.
Annonces chinoises
L’économie chinoise reste fragile, avec un marché immobilier déprimé et une consommation des ménages en berne. De plus, les exportations, principal moteur de la croissance, sont menacées par la politique commerciale américaine. Dans ce contexte, les autorités chinoises ont annoncé un plan de relance d’environ 1,5 % du PIB, se focalisant sur la consommation et l’immobilier, avec une cible de croissance économique de 5 % en 2025. Les autorités chinoises devraient continuer de détailler leur plan de soutien à la demande interne dans les semaines à venir.
Nous adaptons notre positionnement stratégique
Des marchés financiers turbulents. Le cumul d’événements récents sur le plan économique et politique rend les marchés fébriles depuis le début de l’année. Si les marchés actions européens et chinois affichent de belles performances, le marché américain apparaît en recul, notamment du fait de la correction des valeurs technologiques. Du côté des marchés obligataires, les taux à long terme ont bien diminué aux États-Unis, illustrant le fait que les acteurs de marchés tablent sur un scénario de ralentissement marqué de l’activité. En parallèle, les taux longs européens progressent nettement, revenant à leurs points hauts de 2023.
Nous réduisons tout d’abord la voilure par un certain rééquilibrage de nos expositions. En effet, si nous restons surexposés globalement aux marchés actions, nous réduisons notre exposition au marché américain, avec un positionnement dorénavant plus prudent, orienté vers les grandes capitalisations et équilibré en termes de style. En outre, nous passons à l’équilibre sur les marchés émergents, notamment la Chine, ce qui nous permettra de bénéficier de la dynamique actuelle favorable sur ce marché. Par ailleurs, étant donné les incertitudes spécifiques sur les marchés américains, nous réduisons notre surpondération sur le dollar pour nous mettre à l’équilibre. Enfin, nous augmentons notre exposition à l’or, le contexte géopolitique et la hausse des tensions inflationnistes restant favorables à l’or.
Nous confirmons notre vue positive sur l’Europe. Nous maintenons notre surexposition sur les marchés actions que nous avions déjà bien renforcée. Nous réduisons en revanche notre exposition aux obligations souveraines, dans un scénario de pentification de la courbe des taux.
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