Nicolas Rochat : S’habiller sport autrement
Avec l’ambition d’éliminer le plastique des vêtements sportifs, Nicolas Rochat, entrepreneur suisse épris de nature, a lancé Mover, une marque de plus en plus observée par le monde du polyester.
Avec ce projet d’entreprise, dont le double objectif est de lutter contre le plastique et de diminuer son impact environnemental, cet entrepreneur engagé défend ses convictions tout en visant l’alignement des planètes professionnelles et personnelles.
Double héritage familial
Mover s’épanouit dans un open space habillé de vêtements rangés au cordeau ; une petite entreprise en voie de grand développement. Le visiteur est accueilli par un grand néon « Don’t stay home »1. Bouger, tel est le credo de cette société qui, en habillant les sportifs, prône un discours aussi technique que vert. Vêtu de d’un jean upcyclé (en tissu reconditionné pour un nouvel usage) et de baskets écologiques, ce dirigeant applique « un nouveau modèle de capitalisme ». Fort d’un héritage familial qui l’a construit, Nicolas Rochat allie réussite commerciale et éthique industrielle. L’un de ses grands-pères, médecin épris de forêts, lui a donné ce besoin fondamental de nature et d’activité en plein air. L’autre, industriel allemand fondateur des sanitaires Grohe, lui a légué ses gènes d’entrepreneur. Mover est porteuse d’une volonté familiale « d’entreprendre via la qualité ». Nicolas Rochat se fait fort de coller son entreprise à ses convictions personnelles, et d’emmener l’industrie du textile vers de nouvelles pratiques.
1. Ne restez pas à la maison.
CEO engagé de la marque Mover Sportswear, Nicolas Rochat a à coeur de faire évoluer l’industrie textile en faveur de l’écologie.
Les vêtements Mover Sportswear sont imaginés à Lausanne.
À force de recherche, l’équipe Mover a réussi la prouesse de bannir le plastique de ses produits, sans rogner sur leurs performances.
Zéro plastique, c’est fantastique
Rachetée en 2004 à une entreprise suédoise produisant des textiles Gore-Tex, Mover opère en 2017 un virage éthique à 360 degrés. Exit le polyester et les couleurs synthétiques, désormais la marque ne fera que du vêtement de sport en fibres naturelles de haute qualité. Elle habille les sportifs de vêtements en coton et laine d’alpaga, dont la douceur invite à les porter à même le corps. Étiquetées en jaune d’un « Stop plastique », vestes et polaires sont produites avec un impact environnemental minimal. La ouatine en alpaga, mise au point après plusieurs années de recherches, est produite localement et le coton est payé aux producteurs au juste prix. Les textiles répondent parfaitement à tous les critères sportifs de légèreté, de confort, de respiration et de protection. Les coupes unisexes et les couleurs naturelles, contrecarrant les codes de la mode, défient quant à elles la fast fashion. Soucieuse des détails, la marque helvète a même passé de longs mois à chercher du fil ou des fermetures éclair 100 % coton. « C’est chose faite, grâce à un fabriquant turc », se ravit Nicolas. Une glissière vintage dans un monde très tech, voilà une affaire pile dans l’air du temps ! « Mover fait la démonstration que le sportswear sans plastique est possible, performant, davantage confortable, durable et attractif, et rémunérateur », assure son fondateur.
On ne peut pas continuer à se satisfaire de plastique recyclé. Il faut taper dans la fourmilière.
100 % performance
Côté management, l’entreprise se gère à cinq personnes. « Communication, informatique, stylisme, suivi de production, administratif, on fait tout en interne », résume Nicolas Rochat. La façon a été délocalisée de Chine au Portugal en vue de réduire les coûts de transport et d’augmenter le confort de production. Les commandes passées en ligne partent directement du stock centralisé en Espagne, emballées dans un simple carton, par un logisticien textile formé au joli pliage maison. Dans sa quête de qualité, rien n’échappe à cet entrepreneur soucieux du moindre détail.
Habitué à avoir un coup d’avance, Nicolas Rochat a profité du confinement pour penser à la réduction maximale des coûts, nécessaire pour contrebalancer une matière première chère. Le chef de cette entreprise en forte croissance se dit aujourd’hui prêt à embaucher. Contacté par des revendeurs d’équipements sportifs, observé par des spécialistes à l’affût du green washing, il fait la démonstration d’une belle réussite dans l’habillement éthique. Pour Mover, l’avenir est à la recherche et au développement appliqués aux tissus naturels, afin de répondre à l’attente des consommateurs, de plus en plus sensibles aux enjeux environnementaux, tout en étant plus performant techniquement. Avec son développement, l’entreprise peaufine aussi son combat. Nicolas Rochat, qui prônait jusque-là le « zéro plastique », pousse désormais au « zéro recyclage plastique ». « On ne peut pas continuer à se satisfaire de plastique recyclé, s’indigne-t-il, il faut taper dans la fourmilière. » Prêt à renforcer son volet communication, le vêtement suisse veut s’assurer que les messages passent à tous.
Texte
Cécile Cau
Journaliste indépendante spécialisée dans les questions sociétales.
Auteure du blog sofoodsogood.com.