
Marie-Victoire Rozé : Eloge du temps long
Société Générale Private Banking (SGBP) sélectionne des gérants de capital-investissement de renom afin de constituer une offre de qualité. Depuis plusieurs années, SGPB distribue des véhicules investissant dans des fonds gérés par Ardian. Nous avons le plaisir de vous présenter Marie-Victoire Rozé, Deputy co-head de l’équipe Secondaires et Primaires, Senior Managing Director et Membre du ASF (Ardian Secondary Fund) Management Committee au sein d’Ardian. Marie-Victoire Rozé est une femme, inspirante à de multiples égards.
Cette interview s’inscrit dans le cadre de « Women In », une série de portraits de femmes qui, par leurs parcours, leurs personnalités, leurs engagements, investissent avec talent tous les domaines de l’entreprise et de la société. Il nous a semblé important de leur consacrer ces articles pour mettre en lumière la diversité de leurs trajectoires et valoriser la force de leur impact sociétal.

Marie-Victoire Rozé
Marie-Victoire Rozé a rejoint Ardian, un des leaders mondiaux de l’investissement privé, en tant qu'analyste en 2005. Elle a d’abord travaillé pendant 4 ans au bureau de Paris, puis a passé 10 ans à New York et Londres avant de rejoindre Paris en 2020.
Marie-Victoire est aujourd’hui, Deputy co-head de l’équipe Secondaires et Primaires, Senior Managing Director et Membre du ASF (Ardian Secondary Fund) Management Committee au sein d’Ardian.
L’activité « Secondaries & Primaries » représente actuellement 97 milliards de dollars d’actifs sous gestion (AUM) au sein d’Ardian. À ce titre, elle joue un rôle important dans le développement de cette activité en Europe et en Asie. Elle est très impliquée dans l’origination*, l’analyse et l’exécution des investissements secondaires et primaires ainsi que dans l’origination de co-investissements.
Avant de rejoindre Ardian, elle a effectué plusieurs stages à Paris et à New York : JP Morgan (banque d'investissement M&A), Keolis, Merrill Lynch (banque privée) et Nike Communications. Elle est diplômée de l’Université Paris IX Dauphine et d’un master spécialisé en finance à l’ESCP. Elle a également une maîtrise de droit de l’Université Paris II Assas.
*L’origination de co-investissement consiste à trouver ou encore sourcer des co-investissements.
Pour commencer cet entretien, Marie-Victoire, quels mots, quelles expressions caractérisent votre parcours et votre personnalité ?
Trois mots me semblent caractériser mon parcours et ma personnalité.
Résilience en premier. Le Capital Investissement (Private Equity) est un métier à la fois de long terme et exigeant, qui demande de la résistance pour perdurer. Pour traverser les différentes étapes d’une carrière, il faut de l’endurance, de la combativité et une certaine forme de recul pour progresser constamment, tout en étant capable de rebondir dans des situations plus compliquées.
Je songe ensuite au mot patience, étroitement liée à la résilience. Dans nos métiers de Private Equity, et c’est un luxe d’une certaine façon, nous ne sommes pas dans l’immédiateté mais dans un horizon relativement long. À titre d’exemple, l’origination de nos transactions peut prendre plusieurs années, ce qui requiert nécessairement une forme de patience. De mon point de vue, la patience est également clé dans une carrière. L’ambition est un très bon moteur, sans aucun doute très nécessaire dans notre industrie, mais il est important parfois d’accepter qu’une promotion, par exemple, puisse prendre du temps.
Écoute enfin. Je pense qu’elle est essentielle pour la qualité des relations que l’on peut bâtir dans la sphère personnelle et professionnelle. Le métier du Private Equity est avant tout un métier de contact humain. Il est donc primordial pour moi d’être à l’écoute de nos clients et contreparties, de nos équipes, du management, des gérants avec lesquels nous travaillons.
Pour aller plus loin, « Qu’est-ce » ou « Qui » vous inspire ?
Ce qui m’inspire dans nos métiers, c’est la réussite collective à travers un travail d’équipe, mais aussi de voir grandir nos jeunes talents, qui prennent de plus en plus de responsabilités et réalisent de nombreux accomplissements.
Je suis aussi très sensible au « qui m’inspire ». De nombreuses personnes autour de moi m’inspirent, et il est toujours difficile de dresser une liste exhaustive.
Néanmoins, les membres de ma famille proche, comme mes parents et mon mari, m’influencent beaucoup à travers leurs parcours et expériences.
Dans la vie professionnelle, notre présidente et fondatrice, Dominique Senequier est bien sûr un modèle pour beaucoup, pour son parcours exceptionnel, le groupe qu’elle a bâti à travers le monde, son sens de l’entrepreneuriat, son énergie et son leadership sont des sources s’inspiration.
Quel est le plus gros problème des femmes de votre génération ?
Au risque d’enfoncer des portes ouvertes, un des challenges au quotidien (plus qu’un problème) est de concilier vie professionnelle et vie personnelle. Je pense que ce défi est d’ailleurs aussi important pour les femmes que pour les hommes, qui ont tout autant, ce désir d’équilibre.
Gérer au mieux en parallèle vies professionnelles et personnelles demande beaucoup de travail et de sacrifices, mais surtout une bonne organisation. Cependant, réussir sur tous les fronts au même moment ne me paraît pas réaliste ; il faut accepter que cela puisse être séquencé.
J’observe que ce sujet est très prégnant sur des générations plus jeunes que la mienne, et il me semble important de s’adapter à leurs besoins et à cette tendance de fond.
Pour finir, Marie-Victoire, quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui réfléchissent à leur carrière ?
Je dirais que les métiers du Private Equity offrent des opportunités de carrière extrêmement intéressantes, mais qu’ils sont très exigeants. Ils demandent un bagage académique solide, bien évidemment, mais aussi une très forte capacité de travail. Je crois d’ailleurs beaucoup en cette valeur.
La résilience et l’endurance dans ces métiers sont clés, car nous sommes dans un « temps long ».
L’autre point primordial, valable d’ailleurs dans beaucoup d’autres secteurs, est l’esprit d’équipe, car les succès sont très rarement individuels, mais presque toujours collectifs.
Enfin, le conseil que je donnerais à des jeunes étudiants ou jeunes analystes démarrant leur carrière est de créer et bâtir leur réseau le plus tôt possible. Et bien sûr, pas seulement en ligne sur les réseaux sociaux en multipliant les connections, mais bel et bien à travers des rencontres régulières pour établir un dialogue de long terme et de confiance. C’est clé, pour accéder à l’information, à des opportunités d’investissement ou de collaboration. L’idée étant de grandir avec son propre réseau à travers les années. On n’est jamais trop jeune pour développer ses connections.