
Les ruches connectées
Les abeilles jouent un rôle essentiel dans notre écosystème puisqu’elles assurent la pollinisation de 75 % des fruits et légumes cultivés et de 85 % des fleurs sauvages1.
Pourtant, aujourd’hui, leur survie, et donc l’équilibre de la chaîne alimentaire sont menacés. En Europe, depuis la fin des années 1990, l’effondrement des colonies, qui provoque une mortalité anormale et récurrente des abeilles domestiques, est en grande partie dû au dérèglement climatique.
Afin de sauver ces gardiennes de la biodiversité, des chercheurs et des entreprises font appel à l’intelligence artificielle. Elle leur permet de collecter, stocker et analyser de la data sur les abeilles et ainsi de comprendre les dangers qui menacent les ruches.
Les initiatives
La start-up picarde Hostabee installe des boîtiers connectés à l’intérieur des ruches pour suivre en direct le cycle de vie des abeilles. Des informations telles que l’humidité et la température sont relevées, comparées puis transmises aux apiculteurs via une application. Ces données leur permettent de connaître l’état de santé de leurs ruches et d’anticiper des troubles au sein des colonies. Dans le modèle de ruche intelligente conçu par l’entreprise israélienne Beewise, l’IA communique avec un robot qui, par exemple en cas de maladie, peut déposer quelques gouttes de médicament pour soigner les abeilles2.
Grâce à l’IA, les ruches connectées deviennent de véritables baromètres de la biodiversité. En effet, les butineuses d’une colonie réalisent chaque jour 15 000 prélèvements sur leur environnement3. La start-up toulousaine BeeGuard récolte les données qu’elles produisent et les met à la disposition des agriculteurs, des entreprises et des territoires. Aidé de l’IA, l’outil est capable de traiter plus de 15 images par seconde. La société belge BeeOdiversity, quant à elle, analyse le pollen récolté par les abeilles afin de déterminer le niveau de pollution du secteur. Ce paramètre intéresse des scientifiques de l’Inrae et de l’université de Mexico. En enregistrant le nombre de vols des abeilles et le temps passé hors de la ruche, ils ont pu déterminer avec une précision de 99 % si elles avaient été exposées aux pesticides. En cas de tests terrain concluants, cette innovation représenterait une avancée majeure en matière de toxicovigilance.
Par Élodie Epaillard, journaliste.
1 et 3. https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/demain-l-eco/beeguard-des-ruches-connectees-comme-barometre-de-biodiversite-5442196
2. https://www.lavie.fr/actualite/ecologie/la-high-tech-israelienne-au-secours-des-avoine-88836.php
4 et 5. https://www.wipo.int/wipo_magazine/fr/2021/04/article_0004.html#:~:text=Saar%20Safra%2C%20PDG%20de%20la,by%20computer%20and%20la%20robotics
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