Heïdi Sevestre, la femme qui fait parler les glaciers
Bertrand Cozzarolo
Directeur de Société Générale Private Banking
Une parole inspirante
Heïdi Sevestre est une jeune glaciologue dont la voix porte. Très engagée, enthousiaste et accessible, elle parcourt le monde pour nous parler des glaciers, ces géants aux pieds d’argile, dont la sauvegarde est indispensable à l’équilibre de notre planète. Heïdi Sevestre travaille à l’AMAP (Arctic Monitoring and Assessment Programme), le programme de surveillance et d’évaluation de l’Arctique, rattaché au Conseil de l’Arctique. Elle vit une partie de l’année sur l’archipel norvégien du Svalbard, où elle partage son temps entre les recherches de terrain et la communication scientifique. Son jeune parcours a déjà été récompensé par plusieurs prix : la médaille Shackleton pour la protection des régions polaires en 2022 et le prix du Rayonnement français, dans la catégorie environnement en 2023. En 2024, elle a été désignée European Young Leader par Friends of Europe. J’ai eu le plaisir d’assister à une intervention d’Heïdi Sevestre et j’ai souhaité l’accueillir dans les pages de notre magazine car sa démarche fait écho aux valeurs de notre banque en termes d’engagements responsables. J’espère que son portrait et son témoignage vous inspireront.
Glaciologue accomplie et exploratrice déterminée, Heïdi Sevestre utilise ses connaissances scientifiques et sa notoriété pour expliquer au plus grand nombre les enjeux du réchauffement climatique et de la fonte des glaces. Portrait d’une personnalité hors du commun aussi enthousiaste qu’inspirante.
Passionnée par la nature et les sommets depuis son enfance passée au coeur des montagnes d’Annecy (dans les Alpes françaises), Heïdi Sevestre décide de devenir glaciologue à 17 ans. Depuis, cette docteure en glaciologie mène des expéditions scientifiques dans les régions polaires et de haute montagne. « Je me considère comme un médecin des glaciers, explique-t-elle. Ce sont nos patients et nous essayons de les faire parler à l’aide d’instruments de mesure car ce sont les meilleurs baromètres du climat. Nous sommes des entremetteurs entre les glaciers et la population. »
On nous demandera des comptes dans 10, 20 ou 30 ans par rapport aux décisions que nous prenons aujourd’hui. L'éducation est la clé pour éviter le pire.
La fonte du Groenland représenterait une élévation du niveau des océans de 6 à 7 mètres et celle de l'Antarctique de 58 mètres.
Pour aller plus loin
Heïdi Sevestre est l’auteure de Sentinelle du Climat, aux éditions Harper Collins France, et de Demain c’est nous, aux éditions du Faubourg. Elle présente des documentaires scientifiques pour la télévision et tient une chronique chaque jeudi à 7 h 56 sur France Culture.
... Des géants fragiles
Le verdict d’Heïdi Sevestre est sans appel : l’état de santé des glaciers est très préoccupant. « Avec l’amélioration de nos connaissances scientifiques, nous prenons conscience de l’ampleur de la détérioration des glaciers, des calottes polaires, de la banquise et du permafrost, souligne-t-elle. Nous avons émis tellement de gaz à effet de serre dans l'atmosphère que près de la moitié des glaciers sur terre est déjà condamnée. Et cela va impacter la grande majorité de la population, notamment les plus vulnérables. Le dépassement de certains seuils de température aura des conséquences irréversibles sur les grandes calottes glaciaires. Des signes semblent montrer qu'il est trop tard pour l'Antarctique de l'Ouest, tandis qu’une hausse globale des températures de 1,5 à 2 °C pourrait créer une désintégration irréversible du Groenland. L’avenir de la moitié des glaciers est entre nos mains. » Car les glaciers sont nos meilleurs châteaux d'eau, approvisionnant près de deux milliards de personnes en eau douce pour irriguer les cultures, produire de l'énergie ou refroidir des centrales nucléaires. Ils jouent aussi un rôle de stabilisateur du climat alors que l’éventuelle disparition de la banquise Arctique pourrait entraîner une multiplication des événements météorologiques extrêmes partout dans le monde, jusqu’en France. Ce n’est pas tout : si les calottes polaires du Groenland et de l'Antarctique disparaissent, le niveau des océans augmentera considérablement, avec des conséquences dramatiques comme le déplacement de centaines de millions de personnes ou l’érosion des terres agricoles.
Exploration d'une grotte de glace au Svalbard (Norvège).
Lors de l'expedition Arctic Ascent with Alex Honnold au Groenland, ascension de Pool Wall et collecte d'échantillon de roches.
En 2021, l'expédition Climate Sentinelles, regroupait six femmes scientifiques au Svalbard. (Norvège)
Durant cette expédition neutre en carbone de 5 semaines, les scientifiques ont collecté des échantillons de neige pour étudier l'impact de la pollution de l'air sur la neige du Svalbard (Norvège).
Expliquer pour inciter à l’action
Heïdi Sevestre ne se contente pas d’explorer les glaciers. Dès qu’elle rentre d’une expédition, elle va à la rencontre des élus, des entreprises, des écoles et des universités pour parler de son travail et du changement climatique. Très charismatique, la chercheuse sait trouver les mots justes pour convaincre chacun d’agir pour freiner la machine climatique. C’est d’autant plus remarquable qu’elle est déjà bien occupée entre ses recherches, la quête de financement, les tâches administratives. « Nous, chercheurs, avons peu de temps disponible pour la communication scientifique, mais c’est une priorité pour moi, souligne Heïdi. La diffusion de publications scientifiques ne suffit pas pour informer le grand public. Nous devons rendre ces connaissances scientifiques accessibles et concrètes pour répondre au besoin criant d’éducation sur le climat. Il faut aller à la rencontre du grand public, des élus, des entreprises pour diffuser ces informations de la façon la plus concrète possible. J’aime beaucoup cette phrase de Baba Dioum, un ingénieur sénégalais : “ On ne protège que ce que l'on aime, on aime ce que l'on comprend, on comprend ce qui nous a été enseigné.” » Pour Heïdi, l’espoir est encore là, à condition de poursuivre l’effort d’éducation et d’avancer collectivement sur le sujet, dans un dialogue constant et des coopérations entre le secteur privé, les pouvoirs publics, les citoyens, les scientifiques.
La finance au service de la protection de l’environnement
Des initiatives collectives marquent la volonté des acteurs de la finance de coopérer et s’engager via leur politique d’investissement vers une économie décarbonée et plus résiliente.
Société Générale Private Banking et ses sociétés de gestion (SG 29 Haussmann en France et Société Générale Private Wealth Management au Luxembourg) sont ainsi signataires des Net Zero Asset Managers Initiative et du Finance For Biodiversity Pledge.
La Net Zero Asset Managers Initiative réunit 300 sociétés de gestion signataires qui s’engagent, dans le cadre des Accords de Paris, à limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C. Concrètement, cela implique de décarboner à 50 % leurs portefeuilles d’ici 2030. Pour ce faire, ses sociétés de gestion dialoguent avec les entreprises dans lesquelles elles investissent pour appréhender leurs objectifs climatiques et leur plan de transition.
Le Finance for Biodiversity Pledge, signé par 126 acteurs financiers, est fondé sur le respect de l’engagement de la COP15. Pour Société Générale Private Banking, cela implique de publier un plan d’action d’ici 2025, fondé sur l’évaluation de son impact sur la biodiversité, des objectifs accompagnés des moyens mis en oeuvre pour les atteindre.
Consulter le dispositif d’investissement responsable de Société Générale Private Banking Être une banque privée responsable, disponible sur www.privatebanking.societegenerale.com
Texte
Stéphanie Livingstone-Wallace
Conceptrice-rédactrice free-lance depuis plus de 15 ans,
Stéphanie Livingstone-Wallace assure la rédaction de multiples supports de communication,
avec comme domaines de prédilection la transition énergétique,
le transport et la logistique, l’éducation ou encore la finance et la santé.