Consultez la météo : À moins d’être un adepte de l’observation des nuages, un plafond bas ou un ciel couvert sont, avec la pollution lumineuse, les ennemis numéro un de l’astronome. Commencez par vous renseigner sur les conditions météorologiques locales ou contactez une association d’astronomie.
Évasions célestes
Se laisser happer par la poésie des astres
« Je n’oublierai jamais ma première aurore boréale, se rappelle Théo Giacometti. Couché sur la banquise du Groenland, avec la mer sous la glace, dans mon dos, le corps un peu engourdi et, au-dessus de moi, un ciel d’une incroyable pureté, habité de la mystérieuse lueur qui ondulait comme une présence vivante. Je me sentais aspiré, happé par le phénomène. » Pour le photographe basé à Marseille, l’observation de la voûte céleste est avant tout une démarche.
« Même en ville, le ciel nous connecte à la nature. Il faut prendre le temps de le contempler dans le silence avant de photographier. Observer le ciel, c’est une poésie, un moment de calme intérieur, comme quand on regarde un feu. »
À l’autre bout de la Terre, Dai Jianfeng (alias Jeff Dai), astronome amateur et photographe astronomique chinois, insiste, lui, sur la poésie des éclipses solaires.
« C’est un moment particulièrement émouvant. Le monde devient soudainement silencieux, le jour se transforme en nuit. Seuls restent dans le ciel l’anneau solaire et les perles de Baily – un phénomène optique qui a lieu durant les éclipses totales – tels les joyaux de la Couronne ! »
Changer d’échelle
« Ma passion a débuté lorsque j’ai compris à quel point il semblait logique d’établir une connexion avec le ciel, commente Paul Zizka, photographe et astrophotographe canadien spécialisé en nature, basé à Banff, au Canada. Vous y observez des objets qui sont si vieux, si grands, si éloignés… C’est une autre échelle. Le cosmos, c’est l’endroit d’où nous venons, notre passé originel. Cela met en perspective notre vie et nos problèmes quotidiens.
L’univers, en nous rappelant à quel point notre existence est éphémère en comparaison avec les objets célestes, nous offre une occasion de relativiser les choses. Ce paysage suggère aussi la possibilité d’autres mondes qui pourraient ressembler au nôtre. On ne voit que de petits points de lumière, et tout le reste est laissé à notre imagination. Regarder le ciel ouvre d’immenses opportunités de rêverie. » Sans oublier une réalité bien physique : « Toutes ces minuscules étoiles sont en fait beaucoup plus grandes que notre petite planète, rappelle Jeff Dai. Le ciel nous démontre à quel point nous sommes réellement petits dans l’univers. »
Goûter la magie de phénomènes rares
Comètes, galaxies, éclipses, pluies de météores, aurores polaires…
Les photographes ont scruté les ciels sous tous les angles sans devenir blasés pour autant. Jeff Dai, passionné par les phénomènes rares, garde des souvenirs émus de pluies de météores et d’un phénomène d’airglow particulièrement sidérant : « C’était en 2014, dans l’Himalaya. Le ciel se colorait d’ondes de vert, de jaune et de rouge stupéfiantes ! » Pour beaucoup, les aurores polaires occupent une place à part. « Assister à l’énergie d’une aurore boréale, à ses ondulations de vert dansant au-dessus des montagnes de Tasermiut, au Groenland, compte parmi mes plus beaux souvenirs, commente Paul Zizka.
Pour Pierre Destribats, originaire du sud-ouest de la France, qui s’est tourné vers la photographie de nature et de paysage après avoir été pilote de drone, la première aurore polaire était australe : « C’était en Tasmanie, et j’étais juste heureux de pouvoir enfin assister à ce phénomène ! Ce qui est fantastique, c’est qu’à chaque fois que je vis ce moment, j’ai toujours l’impression que c’est la première fois ! ».
Plonger à tout moment dans l’infini
« Le ciel, c’est souvent la moitié de ce qui nous entoure, depuis l’horizon jusqu’au-dessus de notre tête », rappelle, comme une évidence, Pierre Destribats. Les photographes sont unanimes : le spectacle des astres s’offre à nous partout, à condition d’avoir un ciel dégagé et de s’éloigner des sources de pollution lumineuse. Bien sûr, les hauts plateaux du Chili, d’Argentine et de l’Himalaya sont des lieux privilégiés pour l’observation des étoiles, et les aurores polaires se laissent avant tout admirer au-delà des 65° de latitude.
Mais on peut tomber sous le charme aux portes de chez soi. « Je suis originaire de la ville de Chongqing, surnommée “la capitale du brouillard”, explique Jeff Dai. J’ai découvert les astres durant un voyage d’observation au mont Fanjing… dans la province voisine. » Théo Giacometti, qui se plaît aussi à photographier de « simples » nuages, affirme avoir « rarement retrouvé des ciels aussi beaux que ceux de certaines vallées des Alpes », et qu’observer la voûte étoilée « depuis un bateau, lorsque les astres se reflètent sur la mer, donne le sentiment de flotter dans l’univers ».
Observation : Où et quand?
Deux conditions de base sont nécessaires : un ciel clair et l’absence de pollution lumineuse. On recherchera donc en priorité les zones éloignées des régions habitées.
Les aurores boréales peuvent être observées d’octobre à mars, en Norvège (à Tromsø et à Lofoten), en Islande, en Laponie finlandaise et suédoise, des îles Féroé, dans le Shetland et les Hébrides (Écosse), ainsi que dans le nord du Canada. Pour les aurores australes, vous devrez mettre le cap vers le Nouvelle-Zélande et les environs du cap Horn.
Phénomène : Aurores polaires
Les aurores polaires – aurores boréales dans l’hémisphère Nord, et australes au Sud – sont le Graal de beaucoup d’observateurs des phénomènes célestes. Elles se produisent lorsque des particules chargées électriquement du vent solaire (le flux de plasma qui émane du soleil) entrent en interaction avec le champ magnétique terrestre.
Le résultat ? Des draperies lumineuses et mouvantes, colorant le ciel d’un ballet incandescent prenant des teintes de vert, de bleu, voire de rouge ou de violet. Le phénomène est visible dans les deux régions polaires, mais plus facilement observable au nord, notamment en Scandinavie, en Islande et au Groenland. Exceptionnellement, en cas d’intense activité magnétique solaire, elles sont visibles dans des régions plus proches de l’équateur.
5 conseils pour immortaliser le ciel
Prenez des vêtements chauds : Observer le ciel la nuit, souvent dans des régions proches ou au-delà des 65° de latitude, est synonyme de passer de longs moments dans le froid. Couvrez-vous en conséquence, en intégrant une contrainte supplémentaire : si vous êtes photographe, munissez-vous de gants permettant de manipuler votre équipement.
Armez-vous de patience : Si regarder les étoiles est aisé, observer des phénomènes célestes comme les aurores boréales peut parfois prendre du temps et s’accompagne d’une part de chance. Armez vous de patience… Et n’oubliez pas d’observer avec vos yeux avant de les plonger dans le viseur de l’appareil photo.
Prévoyez un bon trépied : C’est l’un des outils primordiaux pour les adeptes de la photographie de ciel. La faible luminosité impose en effet des temps de pause longs. Prévoyez un modèle stable afin qu’il ne soit pas trop influencé par le vent. À défaut, il est toujours possible, mais moins pratique et efficace, de « caler » l’appareil sur le sol ou sur un sac.
Utilisez le retardateur : C’est l’autre outil de base du photographe de ciels. Cette fonction des appareils photo diffère un peu le déclenchement afin d’éviter les mouvements (donc le flou) nés de la manipulation. Une lampe frontale se révélera également utile pour vérifier ses réglages dans l’obscurité.