La crise du Covid et les Océans
De cette période de confinement nous garderons peut-être en mémoire la vision d’animaux sauvages se hasardant dans les rues désertes de nos grandes villes devenues silencieuses. Cette grande respiration forcée offerte à la Terre a également largement profité aux océans : l’arrêt des ferries, des transports maritimes et même de la pêche a fait planer un calme soudain sur et sous les eaux : la lagune de Venise n’a jamais été aussi claire et on a pu y découvrir la nage de bancs de poissons, deux rorquals ont fait une petite promenade dans les calanques de Marseille et quelques dauphins se sont aventurés dans le port de Cagliari en Sardaigne.
Et en même temps … la production de plastique a repris de plus belle : contenants à usage unique, plexiglas utilisé en barrières à postillons… Comment nous comporterons-nous avec les déchets qui en découleront et sont hautement toxiques pour les océans ? On commence à recueillir sous les eaux masques et gants que notre inconséquence précipite dans la mer ! Savons-nous que 80%(1) du plastique produit et consommé à terre se retrouve dans les océans ? Est-ce qu’un répit de quelques semaines va cacher des années de pollution marine ? On estime qu’un masque va mettre de l’ordre de 400 ans pour se décomposer dans la mer.
Cette crise a mis par ailleurs en lumière l’importance de la science et de la recherche fondamentale. C’est bien grâce à elles que nous trouverons la solution à cette pandémie et aux autres qui pourraient se produire. Or il est un espace encore inconnu où la recherche vient tout juste de pénétrer(2). En effet, à ce jour, seulement 240 000 espèces marines ont été décrites alors que les scientifiques estiment leur nombre entre 500 000 et plus de 10 millions (estimations qui n’englobent pas le monde microbien, dont le nombre d’espèces approcherait la dizaine de milliards)(3).
C’est la mission de l’ONG Tara Océan qui développe une science de l’océan de haut niveau, en collaboration avec des laboratoires internationaux d’excellence, pour explorer, comprendre et anticiper les bouleversements liés aux risques climatiques et environnementaux.
Grâce à cette fondation française reconnue d’utilité publique on a par exemple mieux compris comment le plancton était essentiel dans la captation du Co2 de l’atmosphère par les océans(3), ou bien que la dégradation des déchets en micro particules se fait déjà dans les fleuves et que - décidemment - la solution du plastique dans les océans est sur terre, en développant sa collecte et son recyclage(5). Il y a donc bien urgence à davantage développer et soutenir la recherche du milieu marin : on y trouvera certainement des informations susceptibles de préserver l’humanité et sans doute aussi notre planète.
A l’instar de l’ONU et la communauté mondiale qui ont fait de la préservation des océans l’un des 17 objectif de développement durable, faisons des mers une responsabilité commune et transmettons aussi à nos enfants l’envie d’explorer et de protéger cet écosystème vital.
- - - - - - - - - -
1. Réf : Tara Océans
2. On considère l’expédition du HMS Challenger de 1870 comme la 1ère expédition scientifique des océans : elle a permis de découvrir que contrairement à ce qu’on pensait il y avait des formes de vie dans les abysses.
https://wwz.ifremer.fr/Expertise/Eau-Biodiversite/Biodiversite-Marine
4. Pour en savoir plus : https://oceans.taraexpeditions.org/m/science/les-resultats/plankton-networks-driving-carbon-export-in-the-oligotrophic-ocean/
5. Pour en savoir plus : https://oceans.taraexpeditions.org/m/science/les-actualites/cp-retour-missionmicroplastiques2019/