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Les bonnes résolutions de janvier sont empreintes de biais comportementaux

Le mois de janvier est traditionnellement marqué par l'échange de vœux et, pour certains, par la prise de bonnes résolutions pour la nouvelle année calendaire. Une occasion de s'arrêter sur deux éléments clés pour dresser des parallèles avec la finance comportementale : l'essence même des résolutions et leur rattachement au mois de janvier.

Les résolutions : vous ne les tiendrez pas forcément

Les nombreuses résolutions de début d’année ne sont pas toujours tenues… Si vous plaidez coupable, rassurez-vous, vous n’êtes pas un cas unique ! En effet, les chercheurs de l’université de Scranton ont estimé que 45% des Américains prennent des résolutions mais seulement 46% d’entre eux les tiendront pendant six mois… et 8% jusqu’à la fin de l’année(1). Pour autant, année après année, si la nature des résolutions peut changer, celles-ci restent bien présentes dans les conversations de début d’année. Comment analyser ces souhaits de janvier et que nous apprennent-ils sur la gestion des finances personnelles ? Tout d’abord, ils traduisent davantage que du simple volontarisme : un fort optimisme des individus, quitte parfois à rejoindre une forme de pensée magique (voir notre article sur les biais comportementaux du Vendredi 13) . Que dire d’un non-sportif qui décide de faire une heure de sport par jour, d’un fumeur à la consommation importante qui clame la réduire de moitié... ? Certains chercheurs surnomment « syndrome du faux espoir » ces résolutions irréalistes et incohérentes avec la vue de soi-même.

… mais elles vous aideront à comprendre la gestion de vos finances personnelles !

Une étude de l’Université de Bristol(2) a mis en lumière que si 88% des résolutions de janvier n’étaient pas tenus sur l’année, au début, 52% des individus étaient confiants quant à leur succès. L’amplitude de ces écarts traduit un biais de sur-confiance très commun chez les individus. On retrouve ces biais d’optimisme ou de confiance excessive dans la gestion des finances personnelles. Ainsi on opposera un comportement de déni face à un placement qui aurait mal tourné : « l’information n’est pas si négative », « le titre remontera » … Certaines des résolutions découlent d’un besoin mimétisme face à une forte pression sociale : bien que peu versé dans les intentions de début d’année, un individu sera influencé par son entourage personnel et / ou professionnel qui clamera avoir pris des décisions pour l’année qui s’ouvre. La notion de mimétisme se retrouve dans les différents effets de modes en matière d'investissement : actifs en vogue, secteur d’investissement à la mode, types de fonds prisés des investisseurs... Ce danger guette un investisseur trop influençable. Enfin, une fois actée la décision de changement, l’individu se trouve confronté à un biais d'engagement : la souscription d’un abonnement à un club de gymnastique se traduit par un sentiment d’engagement tel que ne pas s'y rendre est culpabilisant ! Si ce sentiment d’engagement peut être positif, il peut aussi être néfaste pour la gestion des finances personnelles : l'entêtement, parfois par simple orgueil, dans un placement financier peu fructueux rejoint ce biais d'engagement.

Si vous avez raté la date fatidique, il n’est pas trop tard !

Au-delà de la pertinence des résolutions, leur rattachement systématique au mois de janvier est intéressant. Tout d’abord parce que ce point de départ n’a pas forcément beaucoup de sens : le mois de janvier, au creux de l’hiver, n’est pas propice à entamer quelque chose de nouveau. Les journées plus courtes et les conditions météorologiques moins plaisantes amputent le dynamisme … et donc les motivations nécessaires au changement. Une résolution prise en avril aurait donc davantage de sens mais elle se heurte à notre ancrage perpétuel au mois de janvier. Ce fort ancrage rappelle les calculs des performances financières historiques des placements (actions, fonds, etc.) qui sont systématiquement calées sur l’année civile. Pourtant, pour prendre une décision d’investissement au mois de juin, est-il pertinent de s’intéresser à la comparaison des performances - qui, rappelons-le ne saurait constituer un indicateur de performance future - réalisées sur les deux ou trois dernières années calendaires ? Ne vaudrait-il pas mieux s’intéresser aux performances sur quelques mois de fortes baisses ou hausses des marchés financiers ?

Mauvaise nouvelle : avoir raté le 1er janvier ne constitue donc malheureusement pas une excuse valable pour ne pas prendre de bonnes résolutions ; même si les statistiques nous disent que vous ne les tiendrez pas forcément… !

 

 


(1) Etude menée par John C. Norcross en 1989 : https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/0306460389900506?via%3Dihub

(2) Etude de 2007 menée  par Richard Wiseman : https://www.richardwiseman.quirkology/new/USA/Experiment 2 resolution.shtmlg

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Édouard Camblain Conseiller en Investissement