Géopolitique du monde de l'art - Chapitre 3 : L’Europe et le grand réveil de la France
Durant la seconde moitié du 20ème siècle, la France a perdu une part importante de son influence, une réalité dont nous n’avons pas pleinement pris conscience au départ. Nos élites culturelles, au sein des institutions (écoles de beaux-arts, musées et centres d’art), en partie pour des raisons idéologiques (une forme d’anticapitalisme) étaient dans une position d’opposition à l’art en provenance des États-Unis. Ceci explique qu’on a probablement vu moins d’art américain en France que dans d’autres pays européens.
Galeriste spécialisée en art contemporain, présente à Paris et Bruxelles. Auteure de l’ouvrage de référence « Géopolitique de l’Art Contemporain », elle enseigne également à Sciences-Po Paris.
© Luc Castel
La montée en régime de l’écosystème artistique allemand après la guerre
Ainsi, dans le prolongement du Plan Marshall, l’Allemagne s’est affirmée comme tête de pont américaine en Europe, avec de grands collectionneurs (notamment des capitaines d’industrie) allemands qui se sont mis à acheter les œuvres d’artistes nord-américains, en bénéficiant de surcroît de facilités fiscales en faveur du mécénat d’entreprise. Ces collectionneurs privés, par la même occasion, ont commencé à acheter des artistes allemands, qui sont devenus des figures majeures de la scène internationale, tels que Georg Baselitz, Anselm Kiefer, Josef Beuys ou Gerhard Richter. Ceci s’est inscrit dans un contexte où l’Allemagne a utilisé les arts pour montrer que la page du nazisme avait été définitivement tournée, avec la création de Documenta (qui va devenir la plus importante quinquennale d’art contemporain au monde) à Cassel, en 1955. La foire d’art contemporain de Cologne va être également lancée dès 1967, et s’affirmer comme un événement majeur dans le marché européen.
Dynamisme du Royaume Uni et de « Cool Britannia » des années 80 au début des années 2000
En parallèle, à partir du début des années 1970, la Grande Bretagne affiche un nouveau dynamisme, soutenu à l’international par le British Council, dont la vocation est de promouvoir la langue anglaise, mais aussi la culture britannique, notamment à travers les arts plastiques Quelques collectionneurs majeurs participent et amplifient ce mouvement, comme Charles Saatchi, qui soutient la montée en puissance des « Young British Artists », tels que Damien Hirst, Sarah Lucas, Tracey Emin ou Fiona Rae. Cette ébullition va atteindre son niveau le plus élevé dans les années 90 et au début des années 2000. À partir de cette période, on retrouve des artistes britanniques dans les collections américaines, qui comptaient déjà un certain nombre de créateurs allemands, mais encore très peu de français.
Depuis les années 2010 : le grand réveil de la France
La France, petit à petit, a fini par réaliser que sa stratégie, très centrée sur la sphère publique, avait laissé de côté le marché. Nous sommes au début des années 2000, et ce moment coïncide avec l’arrivée d’une génération de très grands collectionneurs français d’avant-garde. Parmi ceux-ci, François Pinault, qui figure de pionnier, rachète Christie’s en 1998, avant d’installer ses deux musées à Venise. Bernard Arnault lui emboîte le pas, combinant sa passion pour les arts et une stratégie marketing où plusieurs marques du groupe LVMH collaborent activement avec des artistes contemporains majeurs (Louis Vuitton et Takashi Murakami ou Yahoi Kusama par exemple). La France, championne du luxe, va donc jouer à fond la synergie entre ces industries de l’habillement, de la gastronomie et de l’hôtellerie et de l’art contemporain. D’autres collectionneurs de premier plan mériteraient d’être mentionnés, tels des, Daniel et Florence Guerlain, Edouard Carmignac ou Laurent Dumas aux côtés aussi de nombreux anonymes. La France compte aujourd’hui des centaines de très solides collectionneurs, des milliers d’autres collectionneurs passionnés, qui participent ensemble à un effet d’entraînement et alimentent un réseau de galeries profond et varié. Les grandes galeries étrangères sont à présent toutes installées en France, poussant les galeries françaises à se professionnaliser encore davantage, souvent à se positionner à l’international, notamment à travers les foires, d’un côté pour promouvoir des artistes français à l’étranger et, à l’inverse, pour représenter des artistes internationaux en France.
Actuellement, Paris est devenue le principal « hub » d’art contemporain en Europe. La ville abrite les grandes galeries, les grandes fondations, musées et centres d’art contemporain, avec des programmations très ambitieuses, au rayonnement mondial. Les institutions en principe réservées aux artistes classiques contribuent à ce mouvement, à travers des collaborations avec des artistes contemporains : le Louvre et Luc Tuymans, le Musée d’Orsay et Peter Doig, ou l’Orangerie et Robert Ryman. Cette énergie se déploie, bien au-delà de Paris, à travers l’ensemble du territoire, grâce à un riche tissu d’institutions et de foires. Ceci rend la France attractive pour les collectionneurs bien entendu, mais aussi pour les artistes eux-mêmes, qui voient tout l’intérêt de s’installer dans une région du monde offrant tant de possibilités pour exposer leur travail. Les artistes de la scène française sont devenus plus ambitieux, ouverts à l’international, et inversement, des artistes internationaux se sont installés en France à la manière de Ugo Rondinone, Anselm Kiefer, Miquel Barcelo, Sean Scully ou Jim Dine. Sans compter tous les programmes de résidences et ateliers d’artistes, dont le nombre a explosé ces dernières années. On peut donc parler, sans prendre le risque d’exagérer, d’une véritable renaissance.
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